Ils ne s’interdisent vraiment rien
« Il perd celui qui sait ce qu’il va faire, s’il gagne. Il gagne, celui qui sait ce qu’il va faire, s’il perd ». Ainsi parlait Nicolas Machiavel prince de son état et politologue avant l’heure. Martine Vassal (LR), présidente de la Métropole et du Département, est plus prosaïque lorsqu’elle annonce à propos d’une future bataille qu’elle « ne s’interdit rien ». A la suivre depuis quelques années, on peut penser que ne figure pas dans ses hypothèses la perspective d’une défaite aux municipales. Elle a quelques outils en main qui vont lui permettre de monter son mécano, avant d’annoncer urbi et orbi qu’elle ne s’interdit surtout pas de succéder à Jean-Claude Gaudin. Et puis elle lâche déjà quelques petits indices, pour donner la béquée à ceux qui ne manqueront pas de rejoindre son nid douillet. Comme par exemple, le fait de réexaminer la manière dont le maire actuel a ficelé un partenariat public-privé (PPP) pour venir au secours des écoles publiques, en si piteux état, dans la deuxième ville de France. Elle semble avisée, ou pour le moins bien informée, puisque le jeune Benoît Payan, socialiste, est en passe de réussir un pari référendaire. Réunir plus de 10 000 signatures pour contraindre la municipalité à organiser un référendum sur ce fameux PPP. En politique chevronnée, Mme Vassal qui est Marseillaise de souche et qui a fait ses études dans la cité, sait qu’il ne faut jamais insulter l’avenir. Pas plus qu’il ne faut pas percuter d’autres ambitions. Elle compte bien, à l’écouter, faire du sénateur Bruno Gilles, un allié plutôt qu’un adversaire. Ce dernier appelle, avec un opportunisme remarqué, les Marseillais à venir nourrir le programme qui mijote dans sa marmite à idées. Il devra compter sur le grain de sel de son « amie » Martine. On l’aura compris, si on n’en est pas encore aux déclarations d’intention, les intentions sont désormais de plus en plus cernables. L’après-Gaudin a largement commencé.
Le degré zéro de l’humanité
Après les petits déjeuners, ce sont les titres de transports qui ont été supprimés aux sinistrés de la rue d’Aubagne. Alors que chaque jour dresse une carte agrandie des conséquences de la tragédie, la municipalité n’en finit pas de heurter l’opinion publique, troublée, voire bouleversée, par cette catastrophe. Il serait peut-être temps que les politiques responsables de ces événements sortent des constats administratifs, pour revenir à cette pâte humaine où ils sont allés pendant si longtemps chercher les suffrages qui les ont faits rois. On ne peut pas se contenter de quelques adjectifs, pour gérer un tel dossier : « paupérisé, indigne, insalubre … ». Il faut user de son stéthoscope sociologique et culturel, pour découvrir qui sont ces centaines de Marseillais touchés par l’effondrement des immeubles. Il y avait là des titulaires du RSA, mais aussi des petits commerçants ou artisans, des artistes, des retraités pauvres, des doctorants étrangers… une mosaïque extraordinaire, qui faisait la richesse de ce petit peuple abandonné, méprisé, insulté. La ville leur doit le respect et la solidarité. L’oublier serait une faute.
Mélenchon entre Molotov et Jeanne d’Arc
Jean-Luc Mélenchon a choisi le « Molotov », bar branché marseillais pour sa rentrée phocéenne. Viatcheslav Molotov, pour les férus d’histoire, fut le bras droit de Staline et participa, de près, aux purges qui emportèrent plusieurs milliers d’opposants, en Union Soviétique. Ce nom est connu aussi pour son côté détonant, c’est-à-dire cet engin incendiaire que les Finlandais opposaient aux chars soviétiques qui voulaient les envahir. Par dérision, ils l’avaient baptisé « Molotov » qui était alors ministre des affaires étrangères des soviets. Mélenchon qui est amoureux de l’Histoire ne peut ignorer la double charge symbolique que porte le nom de Molotov. A vrai dire, il s’en fiche car il appelle de ses vœux l’explosion d’un système qu’il abhorre, d’autant qu’il le fait vivre confortablement depuis quarante ans. On sait aussi depuis une visite domiciliaire de la justice à son encontre, que son corps est sacré. Peut-être même saint puisque toute opposition à son égard est désignée à la vindicte populaire. Lors de cette réunion, le député de Marseille a dit tout son mépris pour ceux qui apportent ainsi de nouvelles « bûches au bûcher », sur lequel il se voit en martyr républicain. Et que cette image qui peut évoquer Jeanne d’Arc, ne soit pas l’occasion de dénicher un rapprochement de plus avec la famille Le Pen qui a privatisé la pucelle de Domrémy. Qu’on se le dise, dans cette imagerie que le leader des Insoumis est en train de dessiner il n’y a, en dehors de lui, de place pour qui que ce soit. Et d’annoncer pour bien se faire comprendre « la décomposition » de l’union à gauche. Il ne souhaite qu’une chose dit-il, que 2019 soit avec les Gilets jaunes, une réplique de 1936, 1968, ou 1981. Blum, Mendes ou Mitterrand… la barre est haute.
Infiltrez mais discrètement SVP
Selon quelques réseaux sociaux, des militants marseillais de la CGT auraient reçu la discrète consigne d’infiltrer les Gilets jaunes. On a envie de dire bienvenue au club, tant ce mouvement a démontré depuis son émergence son côté disparate, protéiforme, contradictoire… la liste est aussi infinie que les définitions précaires. Ce samedi, sur France Info, le sociologue Jean Viard y allait de la sienne, en tentant d’expliquer qu’il y voyait surtout cette France à mi-chemin entre les mondes urbain et rural. Les débats entamés par le président de la République démontrent, a contrario, que la ruralité fournit si ce n’est des contingents de gilets jaunes, au moins des listes de doléances assez proches de celles qui ont surgi au mois de novembre dernier. Il faudra attendre sans doute un peu pour faire le portrait-robot de ce contestataire nouveau. La seule certitude qu’on peut avancer, et la CGT le prouve aujourd’hui, c’est que ce mouvement est perméable, y compris aux extrêmes, quoiqu’en disent ses plus fringants représentants. Il est avéré aujourd’hui que les anarchistes, l’ultra gauche, les royalistes, les néo-nazis, les militaristes, les tenants de l’ultra violence, les homophobes, les islamophobes, se sont, samedi après samedi, invités plus ou moins discrètement dans ce bal mortifère. Parallèlement et pour alimenter le procès en dictature fait au pouvoir, une comptabilité sordide des mutilés de la rue s’installe. Quelques universitaires empressés ont même commencé à théoriser, sur le maintien de l’ordre, en se lançant dans des études comparées sans grande rigueur scientifique. On comprend, dans ce vent de déraison, qu’une des cibles des manifestants soient les journalistes. L’académicien Pierre Nora s’amusait ainsi : « Le vrai journaliste est celui qui vend la mèche, en se brûlant les doigts ». C’est toujours mieux que de vouloir dynamiter le monde.
Lecture, nuit et jour
Comme beaucoup de petites, moyennes et grandes villes, Aix voit un certain nombre de ses commerces traditionnels disparaitre. La faute à qui ? A la municipalité et à sa politique disent avec une mauvaise foi express ses opposants. Au pouvoir d’achat en berne assurent mordicus quelques occupants de ronds-points. Aux changements des habitudes des consommateurs affirment des sources bien informées… Est-ce audacieux de dire que la vérité est sans doute plus complexe. La cause de ces changements est multipolaire, même s’il est plus facile de désigner un responsable ou des responsables. Oui, à Aix, comme ailleurs, un certain nombre d’enseignes familiales ont disparu, à l’instar de ces petites propriétés agricoles qui ont fini par péricliter, s’éteindre ou être absorbée par plus grosse qu’elles. Mais c’est vrai que voir rideau baissé une librairie comme La Provence, qui fit si longtemps le bonheur des étudiants, des littéraires ou des curieux, sur le cours Mirabeau, est un crève-cœur. On y avait ses habitudes, on aimait feuilleter un livre, avant de le reposer ou de l’emporter, on savourait le silence et les murmures qui habitaient les rayons, on était là entre gens qui ne se connaissaient pas, mais se comprenaient et s’appréhendaient, en bonne intelligence. Cette complicité existe-t-elle sur nos tablettes où l’on peut engranger des millions de pages ? C’est une bonne question. La douceur amère de la nostalgie n’entravera pas la marche du temps. D’aucuns parleront même de progrès. Un groupe a organisé ce samedi, devant l’ancienne librairie une nuit de la lecture. Quelques heures pour venir se réchauffer au bon feu des mots. D’autres formulent l’idée que les élus qui gouvernent Aix se mobilisent, pour sauver ce périmètre où le parfum du papier imposait son entêtante présence. « La lecture est une amitié » écrivait Marcel Proust. Le bar des amis a fermé à Aix.
Les trottinettes arrivent
On ne peut que se réjouir. Les trottinettes que la société Lime a déjà mises en service dans plusieurs grandes villes, dont Paris, vont débarquer à Marseille. Autre bonne nouvelle, la Corniche Kennedy malgré les travaux qui vont courir pour sa rénovation jusqu’en 2022, va proposer à la fin du printemps une piste cyclable d’1,7 kilomètre. Euréka. Il faudra néanmoins que les autorités soient vigilantes, pour éviter ce à quoi on assiste sur les artères ou les trottoirs parisiens. D’abord la dangerosité des engins qui filent à plus de 20 km/h parfois et, vide juridique oblige, ne contraignent pas leurs utilisateurs à porter casque et protections des articulations. Les urgences parisiennes ont vu déferler depuis l’arrivée sur le marché de ces deux roues, une foule de « nouveaux » accidentés, les piétons n’étant pas épargnés. Sans compter sur l’incivisme de ceux qui louent ces outils de locomotion. Dans la capitale, ils les abandonnent ça et là au petit bonheur la chance. Lorsqu’on connait la discipline des Marseillais en matière de comportement routier, le pire est à venir. Mais on imagine que tout cela – comme toujours – a été pensé. En attendant d’être pansé. Il perd, celui qui sait ce qu’il va faire s’il gagne. Il gagne, celui qui sait ce Les qu’il va faire s’il perd.