Maryse et Charles
La maire d’Aix est une femme moderne. Plutôt que de dilapider l’argent public, elle a souhaité tout le bonheur du monde à ses concitoyens, en leur envoyant un bouquet de muguet… virtuel, via les réseaux sociaux. Mais à quelle fête se référait-elle. Vues ses différentes prises de position récentes ou passées, on imagine mal qu’elle célébrait ainsi le premier mai ouvrier, qui rendait hommage aux anarchistes de Chicago sévèrement réprimés par les forces de l’ordre le 3 mai 1886. On pense plutôt qu’elle pensait à Charles VII, qui remerciait ainsi en 1560, les horticulteurs nantais pour leurs offrandes. Maryse n’a pas pensé par contre à commémorer Jeanne D’arc, comme Marine et Jean-Marie. Elle aurait été légitime à le faire, puisqu’un certain Duc d’Anjou – le roi René – assista au sacre de Charles VI et côtoya ainsi la Pucelle d’Orléans. Maryse n’aura été que la fée clochette cette année !
Lapix ou la pique
Il ne fait pas bon être invité chez Anne-Sophie Lapix (C’est à vous, la 5, photo Une XDR). Le « debrief » de Mathieu Noël, moment clé de l’émission fait d’autodérision et de moqueries en règle des invités, a été redoutable pour le Marseillais et professeur en microbiologie, Didier Raoult. Non seulement la prestation du chercheur a été jugée totalement inaudible par l’animatrice de l’émission et son comparse, mais sa coiffure (années hippies) a eu droit à une friction pour le moins sévère. Avait-on prévenu l’auteur de « Tous les mensonges qu’on vous raconte » qu’il aurait droit à une telle volée de bois vert ? Si tel n’a pas été le cas, c’est qu’on lui a menti.
Mystère de la programmation
Après LCI et TF1, c’est France 2 qui est allé de son reportage sur Marseille. Nous ne pouvons que nous réjouir de cet élan à la veille d’un week-end prolongé, qui a dû voir un certain nombre de téléspectateurs rallier le Vieux-Port après tant de promesses télévisuelles. Tant mieux, car pendant ce temps, sur des chaînes certes plus confidentielles, c’est la voyoucratie et ceux qui la traquent qui passent en boucle. Avec les mêmes images d’insultes, de violences, de misères. Enfin, pour ceux qui n’ont pas encore abonnés à Netflix, pour suivre la série « Marseille », la critique parisienne, qui a pu découvrir le couple Depardieu-Magimel en avant-première, semble affligée par un tel navet. A lire les réactions des élus de la majorité marseillaise, ils n’ont regardé que les images.
Les chèvres à lait
On est content pour la chevrière vauclusienne qui a reçu un chèque de près de 4 000 euros, de la part des supporters artistes peintres. Les chèvres qu’ils avaient tendues comme un miroir aux joueurs de l’OM, lors d’un énième match nul au Vélodrome, ont eu un joli succès lors d’une vente aux enchères. Mais à lire le Canard Enchaîné qui publie les comptes et mécomptes de l’OM (plus de 60 millions se sont volatilisés entre intermédiaires, joueurs et agents) on se dit que l’imagerie animale qui convient le mieux à ce club perturbé, c’est celle de la vache. Une vache à lait qui nourrit, semble-t-il, tout un petit monde où beaucoup ne savent pas encore lire, mais maîtrisent parfaitement bien les chiffres. Comme on ne le dit pas dans les virages : c’est insupportable.
Patrimoine historique
Mathieu Fraureau est un jeune homme plein de ressources. Historiques notamment. Même s’il a fait le choix de raconter Marseille avec un seul angle. Celui des rues sombres, peu sûres, peuplées de plus de morts que de vivants comme le dirait Auguste Comte. Notre Marseillais propose de marcher sur les traces (de sang) du grand banditisme. Il en connait toutes les figures – Guérini, Zampa, le Belge – et les pages les plus noires, du massacre du bar du Téléphone, à la French Connection, en passant par l’assassinat du juge Michel. Bon, évidemment les visiteurs, qui font groupe autour de lui, ignorent souvent qu’ils croisent dans nos bonnes rues, un repenti, un ancien tolard ou encore un actif multirécidiviste. Les enfants de la balle sont finalement assez discrets.
Marie-France et son vrai roman
Après Philippe Pujol c’est notre consoeur Marie-France Etchegoin qui nous livre son Roman vrai de Marseille (Marseille, le roman vrai. 371 pages. Chez Stock, 20,99€). Un style alerte, un fond d’enquête impeccable, une affection évidente, Marie-France propose de découvrir l’organisation circulaire d’une ville à nulle autre comparable. Cercle des nageurs, cercle des cités, cercle des élus, le vertueux et le vicieux entremêlés, sans qu’on ne distingue jamais vraiment l’un de l’autre. Encore un réquisitoire, se plaindront ceux qui radotent à longueur de temps, « on ne nous aime pas ! » Non, l’autopsie plutôt d’un corps encore en vie, avec, chaque fois que l’auteur fouille la plaie, cette parole qui coule dans les veines de Marseille irriguant sa mémoire et nourrissant son présent. Son bouquin se dévore en quelques heures, mais attention à la digestion. Pour ceux qui s’entêtent à vivre ici, elle peut être un peu lourde.
Jeanne au secours
Est-ce la proximité des célébrations dédiées à Jeanne d’Arc ? Toujours est-il que ce vendredi, sur I-télé, Gilbert Collard s’en est pris « aux puceaux de la presse », après avoir rappelé la figure républicaine que représentait, à ses yeux, Jeanne d’Arc. Les historiens psychanalyseront. Notre ex-Marseillais avait l’air il est vrai un peu fatigué, puisque dans la même phrase, il tançait le malheureux journaliste qui l’interrogeait, en le sommant de prendre position, tout en rappelant la presse à l’objectivité. Passons. Enfin il stigmatisa les jeunes hommes qui se réfugiaient en Europe : « Fuir la guerre, c’est pas très courageux » estima l’avocat. Parole de quelqu’un qui a fui le socialisme, le chevènementisme, le pasquisme avant de rejoindre les troupes de Marine !