Le Ravier de la crèche
Pendant que Marine Le Pen va faire la manche pour quelque improbable soutien dans la tour Trump sur la cinquième avenue, il s’en passe de drôles sur le front… national. Une fois de plus l’inimitable Stéphane Ravier s’est fendu d’une imitation lors de la cérémonie de vœux qu’il avait organisée pour ses ouailles des XIII et XIV. Il a donc assassiné en règle « Je te promets » de Jean-Jacques Goldman, interprété par Johnny Halliday. Bon en regardant les paroles de près, on se dit que Ravier était peut-être dans l’introspection : « J’te promets une histoire différente des autres, si tu m’aides à y croire encore. Et même si c’est pas vrai, si on te l’a trop fait. Si les mots sont usés, comme écrits à la craie, on fait bien des grands feux en frottant des cailloux. Peut-être avec le temps à la force d’y croire. On peut juste essayer pour voir… ». Aux électeurs de ces quartiers, sinistrés politiquement et socialement, de saisir le message. Par ailleurs, on a enfin la vraie raison du départ de Goldman pour Londres.
Le shérif de Ventabren
Le maire de Ventabren, Claude Filippi est en train de confondre garrigue provençale et maquis. Il vient de déclarer, avec une armée de quatre gardes-champêtres et un policier municipal, la guerre aux cambrioleurs. Il a acheté pour ce faire un fusil semi-automatique et promet l’enfer à ceux qui approchent de trop près les villas de ses administrés. Le préfet de police s’est ému de cette initiative un peu tartarinesque et a demandé des comptes à l’édile. L’opposition locale, elle, souhaite voir disparaître des panneaux qui affichent des menaces pour les délinquants tentés de venir chasser sur ces terres paisibles. On savait l’élu des Républicains sanguin mais on ignorait qu’il avait une passion pour le Western. En cette jolie cité réside un poète, Julien Blaine. Lui sait depuis des lustres qu’il ne faut jamais essayer de poéter plus haut que son luth.
Après Elie Kakou, Bosso, Bennahmias
Combien de fois n’a-t-on pas entendu l’expression désolée dans les rues de Marseille : « On est maudit ». Pourtant la ville n’a pas été encore détruite par quelque Vésuve, même si elle peut être secouée par les rires… des autres. Beaucoup ici se seraient bien passé des moqueries visant Jean-Luc Benhamias sur les réseaux sociaux. Sa prestation au premier débat télévisé de la primaire de la gauche a été pathétique. La faute dit-il à son site internet mal mis à jour et où il préconisait, comme mesure anti-terroriste, la création d’un corps de vigiles. On n’est jamais assez vigilant. Mais au-delà de cette malheureuse soirée qui en fait désormais l’un des personnages de Cantelou (« Revue de presque » d’Europe 1) trouvant à Bennahamias un petit air de Bourvil, n’est-on pas légitimement en droit de s’interroger sur le sérieux de sa candidature à la présidence de la République ? Quelques observateurs estiment qu’il va y chercher pour son micro parti (Le Front démocrate) quelques voix négociables pour un futur marchandage en vue des législatives. Autour du Vieux-Port, beaucoup espèrent que ce natif de Paris ne revendiquera pas outre mesure ses attaches phocéennes. Cet ancien journaliste se dit d’ailleurs supporter de Nantes. C’est déjà ça. Comme on dit à l’OM, les Canaris sont cuits-cuits.
L’audace du nord au sud
La ressemblance avec Danton nous avait échappé. Quoique quelques rondeurs sont cousines. Mais désormais l’évidence s’affiche sur les bus et autres supports publicitaires. Le révolutionnaire, en 1792, demandait à ses compagnons « de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ». Jean-Claude Gaudin président de la Métropole Aix Marseille Provence revendique pour son territoire à travers la campagne qu’il a commandée à l’agence drômoise 2CM comm « de l’audace par nature ». Pour appuyer cette affirmation, mâtinée d’incantation, les créatifs ont livré en prime une jolie déclinaison pictograhique où l’on retrouvera le ciel, les espaces de nature, les reliefs, la mer, et le soleil. Autant d’atouts dont peut se vanter légitimement la métropole, même si les Cassandre pondèrent régulièrement ce bel enthousiasme. Ces choses étant dites et puissamment communiquées, il reste à démontrer que cette entité née de la volonté politique s’appuie sur des réalités tangibles. L’audace ne suffit pas toujours – Danton ne nous démentirait pas – à sauver sa tête.
Les voix de Fillon
Après sa brillante victoire aux primaires, François Fillon marque le pas dans les sondages. Pire il perd des points. Comme le disent désormais les observateurs « il n’imprime plus ». Gérard Darmanin, le maire de Tourcoing qui fait partie de l’équipe stratégique de l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, estime que son champion manque d’émetteurs. Un peu comme pour la télé. Pour être reçu par le plus grand nombre, il faut des relais. Du coup l’élu du nord préconise à Fillon de s’appuyer sur des ténors qui, à défaut de faire consensus, ne font pas repoussoir. Il pense à Xavier Bertrand, président de la Région des Hauts-de-France et à Gérard Larcher président du Sénat. En creux, on peut en déduire par contre que certains émetteurs brouillent le message du candidat des républicains à la présidentielle. On songe dans le sud, à Thierry Mariani et Valérie Boyer, qui ont réussi l’exploit d’obtenir pour François Fillon le soutien empoisonné de Bachar El Assad. Darmanin dit lui (Challenges du 12 janvier) que Larcher est le genre de bonhomme avec qui on a envie d’aller boire un coup au café du coin. Partager un thé au Grand-Café du Dr Zhivago à Moscou avec Valérie, en attendant d’être reçu par Poutine, ça aurait aussi de la gueule. Non ?
Une année musclée
C’est parti. L’année européenne du sport (photo) va faire de Marseille, une fois de plus, une capitale incontournable. On ne peut que s’en réjouir d’autant que la ville a été boostée à plusieurs reprises par les grands événements (L’Euro ou l’année de la Culture). Que reste-t-il de ces rendez-vous ? Un stade unique dans le grand sud et un Mucem qui attire autant les foules que les regards. C’est peu diront ceux qui sont engagés au quotidien dans ces domaines. C’est beaucoup aussi et l’on sait, depuis que les jeux olympiques sont devenus un spectacle universel, qu’aux cérémonies d’ouverture, il faut pour chaque nation, un porte-drapeau. Faut-il pour autant négliger l’intendance au profit de la seule communication. Ce serait une erreur. Marseille a besoin de piscines, de dojos, de pistes, d’espaces verts. Gageons que 2017 sera le début d’une politique entreprenante dans ce domaine. L’élu aux événements Maurice Di Nocera a posté sur les réseaux sociaux, pour célébrer l’avènement de cette fête, une photo d’un immeuble très couru du Vieux-Port. On peut lire sur la façade 51 et Ricard. Cela me fait penser à ce Narbonnais qui me dit un jour à propos du rugby irlandais : « C’est comme sa bière, son jeu est trouble ». Bon on ne va pas en faire tout un pastis.