Y-a-t-il une vie après la mort ?
C’est la question que l’on peut se poser au parti socialiste des Bouches-du-Rhône. Miné par les scandales, métastasé par ses divisions, ridiculisé par des apostrophes pathétiques à l’adresse des gouvernants, roulé dans la farine par Christian Estrosi, tourneboulé par le tandem Gaudin-Guérini, il ne peut que se tourner vers son histoire dont les derniers dinosaures – Charles-Emile Loo et Edmonde Charles-Roux – ont nourri en disparaissant cette année quelques derniers paragraphes éloquents. Et dans le tintamarre de ses chamailleries, il n’y a plus une voix pour se faire entendre et faire sonner le tocsin à quelques mois de la scène finale. La rue Montgrand où siège depuis des décennies la fédération socialiste devra sans doute être rebaptisée car le géant est devenu un nain.
Les voix du Sénat sont impénétrables
Où l’on apprend que des guérinistes et néanmoins sénateurs – Michel Amiel et Mireille Jouve du Rassemblement démocratique, social et européen, proche de la majorité gouvernementale – ont donné leur voix à Nathalie Kosciusko-Morizet pour lui permettre de participer à la primaire de la droite. Nicolas Sarkozy aurait aidé à la manœuvre. En clair les proches du maire de Marseille auraient suggéré à « Nono » de pousser son clan à aider la belle parisienne pour piquer des suffrages à Juppé. Jean-Claude et Jean-Noël, dont on connait la foi, n’ignorent sans doute pas la formule ironique de Thomas d’Acquin : « Tous les imbéciles, et ceux qui ne se servent pas de leur discernement, ont toutes les audaces.” Mais sont-ils de cette catégorie ? En tout cas le tour de passe-passe est audacieux.
Retour aux années 50
Les anciens de Force Ouvrière commençaient à avoir des boutons. Une manifestation de plus avec la CGT et leur cœur aurait lâché. Franck Bergamini, le jeune secrétaire général de l’Union départementale des Bouches-du-Rhône a rappelé à son patron national FO qu’il y avait des fondamentaux auxquels on ne touchait pas « loi du travail » ou pas. A propos du mouvement contre la loi El Khomry et des actions qui la contestent il a affirmé « Très rapidement, on va arrêter tout ça. La CGT, c’est notre ennemie, comme les autres. Notre indépendance en dépend.» On attend qu’il précise qui sont « les autres » mais nous voilà revenus à un moment de l’histoire sociale que les défilés récents tendaient à masquer. FO a émergé après la seconde guerre mondiale pour contrer sur le port, à la mairie ou dans les journaux la CGT. Le langage musclé de Bergamini vient de le rappeler à ceux qui rêvaient d’union syndicale.
A la gloire de Zemmour
La conférence programmée d’Eric Zemmour au château de la Buzine le 22 septembre fait des vagues. Ce serait faire insulte, selon les détracteurs du polémiste, à ce lieu dédié à Marcel Pagnol et à partie de la culture méditerranéenne et rénové avec l’argent des Marseillais. Le FN se félicite lui de la venue de celui qui relaie si bien ses idées. La droite est un peu gênée. La gauche réagit dans le désordre. Mais revenons à ce lieu emblématique. Ce château qui faisait peur à la mère du futur cinéaste lorsque son père instituteur bravait l’interdit en traversant la propriété. Zemmour n’a sans doute pas goûté cette phrase de Pagnol dans «Le château de ma mère» : « Tel est le peuple. Ses défauts ne sont vraiment que dans son ignorance. Mais son cœur est bon comme du bon pain et il a la générosité des enfants ». Le chroniqueur préfère sans doute le Pagnol qui produit en 1941 à la demande du secrétariat à la propagande de Vichy, un documentaire anti-bolchévique : « Français vous avez la mémoire courte ».
L’enfer c’est les autres
On va nous réhabiliter la rue Paradis d’Estrangin à la Chambre de Commerce. Elle en a bien besoin et il ne faut pas être un fin observateur pour remarquer qu’elle a perdu de sa superbe. La majorité municipale jure même que les boutiques de luxe vont faire grâce au travaux engagés – dont des trottoirs dignes de ce nom – leur retour. Il y a loin malheureusement de la coupe aux lèvres. N’attendait-on pas des jours meilleurs pour la rue de Rome avec le Tramway et la rue St Fé avec l’arrivée de puissantes enseignes ? Sans jouer les Cassandre et avec l’émergence de pôles très attractifs comme les Terrasses du port, les Docks, le centre bourse rénové et bientôt l’espace commercial autour du vélodrome on voit mal comment inverser le courant avec un hypercentre qui décline et une tendance lourde aux commerces “cheap” qui se marient mal avec le luxe et ses clients.
L’audace des éditions Landogne
Elles n’ont qu’un an à peine et depuis Aix, si belle et si peu endormie, comptent bien secouer le cocotier du monde éditorial. Les éditions Landogne ne s’interdisent aucun thème de la philosophie à la géopolitique, de la poésie au conte pour enfants. Elles s’appuient sur Internet et ses possibles 30 000 référencements pour faire connaître les auteurs qui lui confient leur manuscrit. Stéphane Salord leur hyperactif directeur y voit un espace de liberté qui peut faciliter l’émergence de talents souvent rebutés par le fonctionnement des grosses cylindrées de l’édition. La région est déjà riche de quelques belles entreprises avec notamment Actes Sud comme prestigieux porte drapeau mais il est salutaire que de nouvelles audaces s’installent. Les éditions Landogne se donnent pour objectif une dizaine de publications par an. Six ont d’ores et déjà été imprimées. Un concours de nouvelles a été lancé. Avec Jules Verne comme maître et modèle à, sinon égaler, au moins approcher. (Editions Landogne 5, boulevard de la République 13100 Aix-en-Provence www.editeur-landogne.com). Sur notre photo, quelques-uns des auteurs des Editions Landogne.