Le PS en désordre de bataille
Si les socialistes nationaux partagent la même approche des primaires que leurs camarades du 13, on peut annoncer une catastrophe industrielle pour le parti de gouvernement. A l’exception notable de Jean David Ciot, premier secrétaire fédéral qui soutiendra sans état d’âme Manuel Valls, et de Patrick Mennucci, qui penche pour Vincent Peillon, les autres parlementaires estiment qu’il est urgent d’attendre. Et voilà comment un exercice démocratique se joue autour d’un tapis vert, où certains joueurs – Vauzelle, Carlotti, Jibrayel, Ghali – attendent la donne, pour voir comment ils vont manœuvrer et sauver les plumes qui restent à leur chapeau. Pendant ce temps-là, les sept compétiteurs prient tous les cieux, pour que la participation à ce premier round de la présidentielle, ne soit pas ridiculement basse, après le score record du même exercice à droite. Partant du principe que le PS n’a plus beaucoup de militants, on peut imaginer qu’il compte sur les sympathisants pour se diriger, dans quelques jours, vers les isoloirs. Les convictions prudentes des anciens ministres, sénateurs ou députés PS font grimper l’hypothèse d’un peuple de gauche qui les enverra… sur les roses.
Retour de volant
« Etre ancien ministre c’est s’asseoir à l’arrière d’une voiture et s’apercevoir qu’elle ne démarre pas. » La formule – excellente – est de François Goulard qui fut secrétaire d’Etat aux transports (Evidemment) sous la présidence de Jacques Chirac. A Aix, c’est Maryse Joissains qui n’a pas vu arriver que la présence de son chauffeur dans la plus haute catégorie des territoriaux (A) posait un léger problème. La justice a tranché et n’a pas retenu l’argument de la défense qui avançait que l’as du volant était aussi un atout maître pour le premier magistrat de la ville. Une sorte de chef de cabinet motorisé à la disposition exclusive de celle qui se démène pour diriger cette commune de 150 000 habitants. L’opposition applaudit à grands cris et attend que le chauffeur, remis à sa place, rembourse le trop perçu. On pense du coup à tous ceux qui dans le département ont acquis des galons à la seule force des poignées de main et en ont fait profiter à leur progéniture ou au moindre des proches. On ne compte plus les femmes, filles, fils, cousins, cousines, beaufs et autres qui ont occupé ou occupent encore des emplois fictifs ou ont obtenu des promotions spectaculaires. Et jusqu’à l’extrême droite qui revendique pourtant en permanence un brevet de probité. On ne parlera pas évidemment des appartements sociaux pour lesquels certains maires se battent bec et ongles pour éviter qu’ils passent sous le contrôle de la Métropole. On se demande bien pourquoi.
Silence on tourne
Les policiers municipaux marseillais sont désormais appareillés de caméras, qu’ils peuvent déclencher en cas de litige et après sommation. Des expériences similaires ont démontré que le procédé était efficace, notamment lorsque des contrevenants veulent contester les faits qui leurs sont reprochés. Va falloir tout de même vérifier les optiques de ces machines à produire de l’image et du son. Imaginons qu’un grand angle embrasse trop large et filme, là, un ramassage d’ordures style formule 1, là-bas l’entrée d’un salon de massage ou, le pire des pires, l’élu d’une majorité faisant ami-ami avec un de ses adversaires présumés. Le drame. Attendons de voir comment tous ces documents vont être exploités et gageons que cet outil préventif apporte d’abord un peu de paix dans nos rues ou sur nos places, où le Mistral souffle parfois très fort dans les têtes. Allez souriez, vous êtes filmés.
La Canebière se fait mousser
La maire des premier et septième arrondissements lance un beau défi. Redonner vie à la Canebière. Cela fait au moins deux décennies que l’on voit poindre quelques espoirs pour cette artère. Souvent déçus. Elle est sans doute la première en terme de notoriété nationale voire internationale mais reste la dernière à être fréquentée par une grande partie des Marseillais. On l’aura compris les Champs-Elysées marseillais ont encore du chemin à faire pour convaincre. Il y a des signes encourageants. Une fois de plus, c’est le milieu culturel qui donne le « La », comme Dominique Bluzet qui tente de créer une dynamique autour du théâtre du Gymnase ou le nouveau patron des Variétés, Jean Misrahi, qui annonce un renouveau du cinéma d’art et d’essai. Il y a eu d’autres espérances déçues. La faculté de Droit ou l’ancien IUFM qui n’ont pas fixé la jeunesse, comme on l’avait cru un peu vite. Ou encore l’Institut International de la Mode qui n’était pas à proprement dit un vecteur populaire. La faute à qui ou à quoi ? Sécurité, hygiène, paupérisation commerciale, « kebbabisation », avancent certains. On oublie vite aussi ce paradoxe : une ville multi-communautaire où les communautés s’ignorent et surtout ne se mélangent pas. Sabine Bernasconi, qui a la lourde tâche en tant qu’élue de trouver des solutions, propose, en hors d’œuvre, une fête mensuelle chaque dernier dimanche du mois. Il y aura des attractions, des artistes, des artisans… la vie quoi, comme jadis, sur la Canebière.
La Coste dans les étoiles
La rumeur a longtemps perduré, selon laquelle Bono de U2 avait quelques intérêts dans le domaine La Coste. Cela tient au fait qu’un de ses compatriotes Irlandais, Patrick McKillen, collectionneur d’art, a effectivement investi dans ce trou de verdure fiché sur les collines du Puy Sainte-Réparade. Toujours est-il que le lieu est magique et qu’entre deux chemins serpentant entre les vignes, on peut admirer des œuvres d’art contemporaines – le sculpteur américain Alexander Calder, l’architecte Frank Owen Gehry, le peintre japonais Miyajima Tatsuo, les français Paul Matisse, Jean-Michel Othoniel, Jean Prouvé, Louise Bourgeois – ce qui est réjouissant pour les poumons comme pour le cerveau. Le petit hameau au cœur du domaine qui abrite le nectar de Bacchus, est par ailleurs une délicieuse halte pour celui qui veut marier une robe rouge ou dorée à un fromage de chèvre ou toute autre plaisir de la bouche. Il manquait un plus et Gérald Passédat après le Petit-Nice et le Mucem va relever ce défi. C’est une bonne chose pour le Pays d’Aix qui confirme la qualité rare de ses rendez-vous culturel après la Roque d’Anthéron, Fuveau, l’hôtel de Caumont et désormais La Coste. Personne ne viendra nous contredire si nous affirmons que depuis Rabelais au moins l’art est un carrefour pour les sens. A La Coste il faut du nez pour choisir les bons crus et Passédat nous propose des mises en bouche dont il a le secret. Il y a encore de bons moments à venir dans ce petit val qui mousse de rayons.
Juppé homme de l’année ?
Cela aurait pu être la défaite de 2016. Pas pour la revue du vin de France dont la rédaction a élu à l’unanimité Alain Juppé homme de l’année. On se dit qu’être maire de Bordeaux a dû compter dans le choix de nos confrères. On sait que dans l’histoire de la politique française cette ville a souvent compté et on ne s’étonnera pas d’apprendre que l’hôtel de Lassay résidence parisienne du président de l’Assemblée nationale possède une des meilleurs caves de Paris. La faute à Jacques Chaban-Delmas qui régna un temps suffisant sur le perchoir pour faire venir quelques millésimes que beaucoup apprécient encore aujourd’hui. On l’aura compris les élus bordelais ont quelques avantages pour la revue du vin de France. Mais on se dit que le directeur de cette prestigieuse publication, Denis Savérot, qui a fait ses études à l’école de journalisme du Pharo et a été marié avec notre consoeur Raphaëlle Bacquet par Jean-Claude Gaudin en sa bonne mairie, corrigera un jour cet oubli. Certes Marseille n’a pas de vigne mais lorsqu’on voit les deux maires côte à côte comme pendant les primaires de la droite on se dit qu’il y en a au moins un qui sait se tenir à table.