Puisque l’on s’aime
Mauvaise semaine pour les fillonistes marseillais. Elle avait commencé par la grogne des sarkozistes qui, malgré leur rancœur, étaient bien décidés à aider leur champion pour la présidentielle, malgré lui. Ils étaient ainsi une cinquantaine, dont le sénateur Bruno Gilles autour de Brice Hortefeux à Paris, pour faire savoir qu’ils étaient maltraités, sous-estimés, pas pris en compte dans cette campagne. C’était avant le Canard Enchaîné et les révélations du palmipède sur l’assistanat parlementaire de Pénélope. On dira du coup pour faire charitable qu’il y a eu autour de l’ancien Premier ministre une certaine cacophonie. Mais là encore c’était avant que Valérie Boyer, porte-parole de Fillon, monte au créneau chez Anne-Sophie Lapix pour défendre son leader. Dire que la députée de la 1ère circonscription et maire de secteur a brillé par sa plaidoirie serait exact à condition que l’on considère qu’elle était à charge. Son sourire et ses arguments ont laissé perplexes les journalistes de « C’est à vous ». Pour tout dire elle a été moins convaincante que lorsqu’elle a eu à justifier sa visite au dictateur syrien à Damas. De Bernard Reynès, député maire de Châteaurenard à Renaud Muselier député européen et 1er vice-président de la Région, on entend désormais le même reproche : Fillon est décidément mal assisté.
Maryse et la réalité alternative
La mairesse d’Aix (photo) a dû suivre les péripéties médiatico-politiques récentes de Donald Trump et ses communicants. Ils opposent systématiquement aux faits apportés par les journalistes les leurs, c’est-à-dire, disent-ils, une « réalité alternative ». Maryse Joissains va plus loin elle, avec ce qu’on pourrait appeler une réalité augmentée. Elle s’en est pris lors de ses vœux au Conseil Constitutionnel qui nous la citons « a livré le territoire d’Aix à la cupidité, aux impôts, à la faillite programmée d’une gestion incompétente, mais aussi à une certaine pègre bien organisée ! » Le préfet n’a pas attendu le cessez-le-feu pour s’éclipser et Jean-Claude Gaudin a levé une fois de plus les yeux vers Notre Dame de La Garde en entendant « la dame d’Aix », comme il surnomme sa collègue et néanmoins voisine. Mme Joissains en dehors d’un champ lexicologique pétaradant, avance des arguments qui peuvent être entendus. Sa ville et son territoire additionnaient jusqu’ici les performances. Ses équipements étaient enviés. Son territoire était cohérent. Elle mesure à présent dans ce mariage forcé le poids de Marseille avec ses problématiques sociales, sécuritaires, économiques. Elle feint dans le même temps de ne pas voir les avantages de la métropole ; débouché maritime, domaine de santé de dimension internationale, université à la hauteur des classements mondiaux. Cela fait penser au FN qui vilipende l’Europe tout en dépendant des ressources administratives qu’elle lui procure, pour faire de la politique franco-française.
Tu tousses, moi non plus
On est soulagé. Un temps nous avions cru que nous allions subir, comme d’autres, les conséquences de la pollution aux particules fines. Et puis les experts nous ont expliqué cette semaine que pour nous Marseillais c’était plutôt moins pire qu’à Paris, Lyon où la vallée du Mont Blanc. Bref tout va bien. Les nuages polluants ont été dissuadés par le péage de Lançon et sont restés chez eux. Dans le même temps on nous apprend qu’au nord de l’étang de Berre une étude épidémiologique démontre que les choses ne s’arrangent pas pour la population avec les rejets de la pétrochimie. On nous dit aussi que les bateaux de croisière, de plus en plus nombreux, à accoster à Marseille sont aussi des périmètres polluants. Les responsables portuaires ont aussitôt accusé le magazine Thalassa d’avoir noirci, si ce n’est le ciel, au moins le tableau. Une étude nationale nous révèle encore qu’en moyenne le Marseillais passe 42 minutes par jour dans les bouchons. Oui mais nous, même avec tout ça, on a les vents. On a d’ailleurs sur l’A 55 qui domine l’Estaque un « tunnel des treize vents ». Autant dire comme on le dit encore en notre bonne ville « qu’on craint dégun ! » Et puis cette semaine on a eu comme l’écrivait un internaute « de la grêle fondue ». Partout on appelle ça du grésil… mais ici c’est pas pareil !
Les jeux sont faits…
On ne sait pas encore si la Villa de la Méditerranée aura un avenir néolithique ou géopolitique. Les supputations restent entières entre le souhait de l’ancien président de la Région Michel Vauzelle de faire de cet encombrant et coûteux bâtiment un siège pour le parlement de la Méditerranée et celui de son successeur Christian Estrosi qui verrait bien là installer une réplique de la grotte Cosquer. Un grand écart à franchir entre un avenir à inventer et un passé englouti sous 22 000 ans d’histoire et 200 mètres d’eau. La municipalité plus réaliste a pour sa part rappelé, par la bouche de Gérard Chenoz, qu’elle allait précipiter la création d’un Casino. Vraisemblablement avant la fin de 2017 sur le périmètre d’Euroméditerranée. Longtemps cette perspective a été repoussée par le sénateur-maire Jean-Claude Gaudin qui n’y voyait que facteur d’insécurité, atteinte à la morale publique et autres arguments plus ou moins recevables. On sait par contre avec quelques projections comptables que cet établissement rapporterait en net 7 à 8 millions d’euros par an à la ville. Comme quoi, en dehors d’une figure du grand banditisme encore en vie et qui a perdu un bras dans une rixe, tous les bandits ne sont pas manchots.
L’hôpital aux urgences
Les syndicats toutes tendances confondues sont venus troubler les vœux de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille. Ici comme ailleurs on ne pourra durablement faire l’économie d’un scanner pour identifier la réalité de l’état de santé de ce grand corps malade. On entend que les horaires des internes ont largement dépassé le plafond généralement admis au plan européen. On a cru comprendre que certains services manquaient des moyens les plus élémentaires. On a un taux d’absentéisme très élevé dans le personnel… En même temps, on sait que les services les plus performants ont fait de nos hôpitaux des pôles de santé et d’études de réputation nationale et internationale. On forme chaque année des spécialistes dans les domaines les plus pointus. On est doté de technologies de pointe et de recherche remarquables. Les injonctions ministérielles ne suffisent plus. Il est grand temps d’organiser des états généraux de la santé des hôpitaux marseillais.
Vivement demain…
C’est ce que l’on appelle un effet pervers. Marseille a sans doute le plus beau stade de province depuis que les errances architecturales ont été corrigées. Thomas Pesquet, notre cosmonaute actuellement en mission autour de la terre, a même commenté une photo sur laquelle on distinguait, malgré la distance, la voile blanche du Vélodrome s’imposant entre massif et collines. Le problème c’est que faute d’un OM à la hauteur de son prestigieux passé, ce qui naguère était une arène redoutée sonne creux aujourd’hui. C’est presqu’injuste car ce qui est une excellente affluence ailleurs – 28 000 pour OM-Montpellier – sonne terriblement vide dans une enceinte prévue pour plus de 60 000. En dehors des recrutements du mercato d’hiver il va falloir d’urgence que les dirigeants de l’OM se penchent sur des solutions à apporter, animations entre autres. La future galerie marchande et les Galeries Lafayette seront un atout, mais elles ne combleront pas les vides et le relatif silence des tribunes. Seule pourra y parvenir Céline Dion qui se produira devant 40 000 spectateurs en juillet prochain. Du boulot en perspective pour les otorhinos marseillais.