Ceux qui l’aiment prennent le train
Ils étaient moins nombreux cette semaine qu’au temps de sa gloire. A Marseille particulièrement. Nicolas Sarkozy par son expérience sait qu’en politique l’amitié et la fidélité sont des valeurs à géométrie variable. On dira donc, si tant est qu’il s’en soit soucié, que dans cette ville où ses meetings ont si souvent fait le plein, ses soutiens se sont repliés dans un silence assourdissant. Deux exceptions cependant. La députée Valéry Boyer qui est un peu au sud ce que Nadine Morano est au nord, a pris sans barguigner fait et cause pour celui qu’elle combattait pourtant dans la primaire de 2016 en soutenant son meilleur ennemi François Fillon. Devant les caméras l’élue marseillaise s’est offusquée qu’on exhume les faits reprochés à l’ancien président de la République : « Cette histoire date de 11 ans. C’est difficile de ne pas voir un caractère humiliant dans cette garde à vue ». Si on n’a pas tout compris à cette logique-là elle avait le mérite de témoigner d’un soutien inconditionnel à l’ancien patron de l’UMP. Renaud Muselier président de la Région a été plus nuancé privilégiant la forme au fond. « Mettre en garde à vue un président de la République sachant qu’il ne va pas partir à l’étranger, a-t-il affirmé sur la Chaîne parlementaire, est un désastre politique ». Pour Fillon et le « Pénélope gate » il avait eu la dent plus dure parlant de « naufrage politique, humain, idéologique ». Quant aux autres républicains ils se sont prudemment repliés sur une des deux rives du Vieux-Port attendant de voir passer comme Mao le cadavre de leur ennemi.
Ça s’en va et ça revient
Christian Kert député honoraire est sans aucun doute un fan de Claude François et, en ces temps d’anniversaire de la mort du chanteur, sa prose en atteste. Ce spécialiste de Mirabeau a trouvé de quoi s’enthousiasmer en ces temps difficiles pour les Républicains. Et c’est un tribun qui l’a rasséréné. Ils étaient 250, dit-il, à être venus applaudir Jean Léonetti, député de la 7e circonscription des Alpes-Maritimes, sur le plateau de Puyricard. Kert y voit un signe de renouveau fort pour la droite et le centre qui recherchaient, dit-il dans une belle envolée métaphorique, une « aiguille à leur boussole ». C’était donc ça. On pensait un peu rapidement que ceux qui avaient si longtemps gouverné avaient perdu la tête et particulièrement celle de leur mouvement mais c’était pire : ils n’avaient plus le sens de l’orientation. Bon, la bouffée d’enthousiasme passée, il faudra voir quelle chanson veulent entonner les militants dépités. « Si j’avais un marteau » derrière le fringant Laurent Wauquiez, ou « Marche tout droit » avec le nostalgique Alain Juppé. A priori le premier a pris l’avantage.
Arrêtons de dérailler
Une étude en atteste. Marseille se classe 40e sur 40 pour la place faite en ses murs à la bicyclette. Un chiffre qui fait penser immanquablement à une autre triste réalité : c’est une des villes les plus polluées d’Europe et la réussite des croisières ne fait qu’aggraver le phénomène comme peuvent en témoigner les habitants du Panier. A regarder l’enquête de près, on apprend également que la cité phocéenne a pris un retard considérable en matière de place faite au vélo et particulièrement avec ses ridicules 70 kilomètres de pistes cyclables quand des villes deux fois moins grande en proposent 300. On arrêtera là l’humiliation, mais on notera la belle expression utilisée ailleurs pour décrire ces rues où le cycliste est chez lui : zone pacifiée. On rêve donc tout haut, pour cette métropole qui bénéficie d’un des plus spectaculaires ensoleillement à l’année de France, d’un slogan : faites du vélo pas la guerre. Si nos élus veulent appuyer un peu plus sur les pédales, ils peuvent rapidement prendre des décisions symboliques. Pourquoi ne pas neutraliser pour la dédier aux seuls cyclistes une des quatre voies de la corniche Kennedy. A chaque marathon ou autre course pédestre on prend conscience que le paradis ne tient qu’à une décision politique. Quant aux râleurs, qu’ils goûtent un jour le plaisir, à 40 km/h, de savourer un coucher de soleil. Ils arrêteront peut-être de dérailler.
Une aide hautement symbolique
Il fallait un petit-fils de marin pour sauver… le marégraphe. C’est fait. Renaud Muselier a décidé d’apporter les 50 000 euros qu’il manquait aux défenseurs de ce monument historique et scientifique pour rénover ce petit bâtiment du XIXème siècle, accroché aux rochers de l’anse de la fausse monnaie. Le président de la Région fait preuve là d’une grande habileté, doublée d’une prudence de bon aloi. Sauvegarder un instrument qui permet de mesurer les marées, les vagues, les tempêtes est une bonne chose pour un politique qui en a affronté quelques-unes et qui s’apprête à se lancer dans la course au grand large : les municipales de 2020. Ses ennemis diront, sous cape, que le marégraphe n’a jamais empêché les naufrages. Des jaloux.
Les signes faibles et forts
L’actualité vient nous rappeler avec brutalité l’éminence des dangers. En octobre, sur le parvis de la gare Saint-Charles deux jeunes femmes avaient été sacrifiées par un fanatique sur l’autel de la barbarie. Et puis la vie a continué. Avant que de nouveau sonne le glas dans l’Aude. Les observateurs font remarquer, en boucle sur les chaînes d’information continue, que quelques paramètres permettent d’anticiper ces actes que le président de la République Emmanuel Macron a qualifié d’endogène. En d’autres mots, la tumeur meurtrière est à l’intérieur de notre société. Quelques experts expliquent encore qu’elle se développe à partir d’un terreau. On y trouve dans ce mauvais humus la délinquance, l’inculture, le communautarisme. Le grand Marseille, qui est moins atteint que d’autres villes, abriterait 500 individus susceptibles de se radicaliser. L’Islam des caves et les imans fanatisés y prospèrent depuis plusieurs décennies. Il serait criminel de se cacher la face comme il est impérieux d’allumer des contre-feux. Près de Carcassonne un gendarme s’est sacrifié pour sauver un otage. Tous les cours devraient commencer cette semaine par une révision du vocabulaire. Les mots « sacrifice », « courage », « honneur » devraient utilement compléter le bagage lexicologique de tous les petits Marseillais.
Un dimanche au pas de course
C’était un dimanche où l’on aimerait être endimanché comme on le faisait naguère avant que Mai 68 ne dégrafe chemises et pantalons. On mettrait une belle cravate et on saluerait chapeau bas les belles qui se rendraient à l’office ou à la chasse aux rayons de Phébus. Marseille était belle. Sur le Vieux-Port une barcasse faisait sa toilette de printemps (photo HN). On aurait dit un tableau naïf. Plus loin se mirant dans l’ombrière un quatuor livrait aux passants tranquilles quelques rythmes échevelés. Un beau noir aux foulées grandioses doublait la foule des piétons venue encourager des centaines de participants à un dix kilomètres et à un semi-marathon. La paix régnait sur cette terre phocéenne et il y avait comme une jubilation tranquille dans l’air. La belle et unique Barbara chantait « Marseille, tais-toi Marseille, cries pas si fort, que j’entende claquer les voiles dans le port ». Ce dimanche-là, elle aurait aimé le tintamarre joyeux de la ville.