Ménardise
Robert Ménard a été, pour notre grande honte rétrospective, secrétaire général de Reporters sans Frontière. Cela ne l’autorise pas pour autant à être un imbécile sans limite. Et pourtant sa dernière trouvaille – des statistiques ethniques interdites formellement par la loi – rappelle les pires époques. Pour se justifier il nous explique que lorsqu’on s’appelle Mohamed, on est forcément musulman. Donc, intégriste et fauteur de trouble en puissance. Rapporté à Marseille son raisonnement de maire de Bézier ferait de la ville, un village français avec sa milice, son armée d’occupation, ses délateurs, ses déportés. On pourrait aller très loin ici avec l’incroyable mosaïque qui fait de cette ville le plus improbable et évident carrefour. En chaque Celte sommeille un dangereux druide avec sa serpe en or. Le Grec peut réveiller les mythologies les plus violentes. Le Corse n’a qu’une obsession, la vendetta. L’Olympien, si l’on décrypte ses slogans favoris, a des fantasmes anaux récurrents… Passons. Il y a le Petit Robert. Il n’y a jamais eu de grand Ménard.
Baignade interdite
Elle est sympa l’idée du Mucem et de l’association Yes We Camp. Quelques grincheux diront que Paris plage est passé avant eux. Au diable la critique. Cette idée de transformer l’esplanade du J4, du 25 juillet au 21 août prochains, en plage avec ambiance musicale, barbe-cul, et autre brumisateur, a de quoi séduire. Où le bât blesse, c’est que pour être au bord de l’eau, le périmètre ne permettra pas pour autant la baignade. Raisons avancées : la sécurité, des problèmes techniques, la propreté. C’est ce qu’on appelle mettre l’eau à la bouche. L’opération sera relativement salée, ce qui est normal avec la mer à quelques mètres. Il faudra donc attendre le bilan de la première édition. En espérant qu’il ne fasse pas de vagues.
Solange passe
Mme Solange Biaggi adjointe au maire chargée du Commerce est optimiste. D’abord parce qu’elle vit dans un pays « démocratique et libéral ». Ensuite parce qu’elle est convaincue que trop de grandes surfaces ne tue pas forcément les petits commerces. Voire. Est-ce que la multiplication de trompe l’œil comme ceux qui recouvrent la rue de la République ou, pour l’heure encore, entre le J4 et les Docks, fausse à ce point le regard ? L’économie de Marseille continue sa mue. On doit s’en réjouir. Pour autant, peut-on se cacher les réalités palpables et audibles ? La Canebière n’a jamais retrouvé son attrait. Le boulevard Lieutaud et la rue de Rome périclitent. La rue St Fé est à la peine. On nous annonce monts et merveilles à la Capelette, autour du Vélodrome, au Centre Bourse, au pied de la Major. On veut y croire, mais on entend aussi dans le même temps que les restaurateurs du Vieux-Port réclament le retour des voitures, que des enseignes historiques disparaissent, que la clientèle de luxe repérée par Mme Biaggi, continue à dépenser ailleurs. Dans la trilogie de Pagnol César se moquait d’un de ses amis qui prétendait avoir vu à Paris, cinquante Canebières. Mais Marseille peut-elle avoir aujourd’hui autant de centres d’attraction ?
Saleté prolongée
Au mois de mai, on fait ce qui nous plait. C’est pour cela sans doute que l’on a inventé les ponts. Parfois des viaducs. En plus c’est épatant parce qu’un tas de gens viennent profiter de notre accueil, de nos plages, de nos terrasses et que la ville est desservie par des réseaux aériens, ferroviaires, maritimes, autoroutiers sans égal. Et puis allez trouver ailleurs une ville où l’on peut s’adonner aux plaisirs de la plage et à ceux du ski. Enfin pour le ski il ne faut pas compter sur la neige, mais on peut faire du slalom. Entre les immondices lors des week-ends prolongés où dans de nombreux quartiers arpentés par les visiteurs, les services de la voierie jouent l’Arlésienne. Poubelle la vie. Le feuilleton continue.