Isolement, quand tu nous tiens
L’anthropologue Michel Péraldi, fait un constat sans concession, après la publication des derniers chiffres sur la démographie de Marseille. 855 000 habitants, selon le dernier recensement de l’Insee (plus 4000 habitants en cinq ans) soit une progression faible par rapport à d’autres villes, comme Lyon (plus 25 000) ou Montpellier (plus 20 000). Le chercheur du CNRS parle, à propos de la cité et de son développement, d’une « petite ville de province ». La capitale de Provence souffre d’un retard considérable et le bel isolement dans lequel l’a cantonné Gaston Defferre, en refusant quand il était temps, soit au début des années soixante, une logique métropolitaine, se paie cash aujourd’hui. On constate aussi que les quartiers qui stagnent démographiquement, sont les plus nantis, alors que la population augmente au nord et à l’est dans des quartiers plus pauvres. Il faudra plus que de l’audace pour infléchir la courbe.
Drôle d’unité
Jean-Claude Gaudin aura réussi, bien malgré, lui à réunir trois républicains – les maires de Pertuis, Eguilles et Cabriès – deux communistes – Martigues et Gardanne – et un FN, Stéphane Ravier maire de secteur à Marseille. Ses plaignants ont demandé, entre autre, à la justice d’annuler son élection récente à la métropole naissante. Ce qui a été fait. La Métropole Aix-Marseille-Provence a subi un sérieux coup d’arrêt et son envol sera retardé d’autant. Dire pour autant que ses opposants ont la même conception de la démocratie, serait s’aventurer à l’aveugle. En revanche, ils ont un sens inné du sacrifice, puisque, contrairement aux employés territoriaux concernés par cette fusion, ils ne toucheront pas, comme l’ensemble de leurs collègues élus, d’indemnités pendant que la métropole est suspendue. Des cœurs purs on vous dit.
Progressons pas à pas
Deux établissements sont voués à la destruction sur la plage des Catalans au nom de la reconquête du littoral, le Calypso qui dominait la plage et la pizzéria qui l’occupait en partie. On ne peut que se réjouir de cette perspective même si ces restaurants étaient de qualité. Mais la municipalité, qui se montre implacable en faisant ainsi respecter la loi, devrait oser aller plus loin. A Paris, l’équipe d’Anne Hidalgo vient de décider que les Champs Elysées seront réservés aux piétons une fois par mois alors que les berges de La Seine, dont une partie a déjà été aménagée, seront bientôt totalement interdites à la circulation automobile. On se prend à rêver ici d’une corniche Kennedy dédiée, au moins le dimanche, aux seuls piétons et bicyclettes et, en semaine, à une circulation non violente réellement limitée à 40 ou 30 km/h… on rêve non ?
Le joli chant de la Solange
On aime beaucoup le chant de la mésange. Celui de la Solange (Biaggi) nous parait moins mélodieux. Dans un entretien à La Provence, l’adjointe au commerce nous assure que tout va pour le mieux au centre-ville et que la prospérité attend les professionnels des rues de Rome, St Fé, Paradis. Elle ne parle pas de République, et pour cause. Nous avons récemment comptabilisé soixante-dix boutiques fermées ou en attente d’un bailleur. La circulation – compliquée – et les tarifs des parkings – prohibitifs – seraient une des raisons de la bouderie des consommateurs pour l’hyper-centre. On pourrait ajouter, sans risque d’être démenti, une voierie cabossée de manière chronique et des trottoirs résolument sales ou mal entretenus. En revanche la présence des sentinelles de l’état d’urgence a eu un effet dissuasif sur quelques délinquants. Comme dans de nombreuses grandes villes, le salut viendra d’une piétonisation résolue et d’un embellissement de l’environnement urbain, comme c’est le cas sur le Vieux-Port. En avant marche.
Marions-les
On aurait pu écrire pour eux, il y a quelques décennies, « Nous ne vieillirons pas ensemble » le film de Maurice Pialat où Marlène Jaubert affronte sans fin Jean Yanne, dans un duo brutal. Mais les années ont passé et tous les deux ont franchi le cap des 70 ans. Ils nous jouent donc plutôt Le chat, ce huis-clos où se percutent Simone Signoret et Jean Gabin, réalisé avec maestria par Pierre Granier-Deferre. Par contre, étant donnée leur vélocité forcément amoindrie, on ne peut imaginer les voir engagés dans un VIIIème épisode de Star Wars, même si leur guerre s’éternise autant que le scénario à rallonge de Georges Lucas. Bon ils ont en commun d’être libres comme l’air et ça aurait quand même de la gueule un mariage entre Jean-Claude Gaudin et Maryse Joissains. Maintenant que la métropole numéro 1 a été tuée, ça pourrait s’appeler : un mariage et un enterrement.
Affronter la réalité.
Patrick Peloux, dans la dernière livraison de Charlie – un numéro spécial de 32 pages – évoque la difficulté d’exercer la médecine lorsqu’on est confronté à des pratiques religieuses sectaires. L’urgentiste cite l’hôpital d’Avignon où des musulmans intégristes refusent que la consultation de leur femme soit effectuée par du personnel masculin. Dans le même temps on sait, comme nous le confiait un praticien marseillais, qu’ils sont nombreux ceux qui franchissent la Méditerranée pour venir dans les hôpitaux marseillais recevoir des soins que leur pays d’origine ne peut leur prodiguer. Les toubibs continuent à faire leur boulot. C’est le serment d’Hippocrate contre les errements des hypocrites.