Mêler l’urbain et art, mettre de l’art dans l’urbain. Il s’agissait du thème de la rencontre organisée par la Cité des entrepreneurs d’Euroméditerranée le 17 juin au Centre information Euroméditerranée (2e) à Marseille. Avec comme lieux culturels le Frac (Fonds régional d’art contemporain), le Mucem ou la Fondation Regards de Provence et la Friche Belle de Mai, le quartier d’Euroméditerranée a su construire sa réputation culturelle autour de lieux bien définis.
Les acteurs du projet ainsi que la Ville de Marseille souhaitent maintenant s’attaquer au développement culturel de la seconde partie du projet d’aménagement : Euromed 2 qui englobe Bougainville, les Crottes et Capitaine Gèze. « On peut aller plus loin sur Euromed 2 où nous avons tout à inventer et 160 hectares à aménager », déclare Hugues Parant, directeur général d’Euroméditerranée. « La culture ça peut d’abord être un signal clair et fort d’un quartier en création, c’est le cas d’Euromed 1. Ça peut aussi être un activateur de transformation urbaine ». En première ligne, la rénovation du quartier Bougainville – Les Crottes. « Il faut penser ce lieu comme étant l’activation d’une mutation urbaine sur un site que nous ne changeons et ne réaménageons pas », explique Hugues Parant. Le but de cette rénovation est de « donner envie à des acteurs d’inventer un quartier d’innovation, de création, d’art et de culture », selon Sébastien Cavalier, directeur des affaires culturelles à la ville de Marseille.
Manifesta, un levier pour se réapproprier les quartiers ?
Le secteur culturel est très important pour la Ville et représente environ 115 millions d’euros de dépenses par an, soit le deuxième ou troisième poste de dépense selon l’année. Le « Berlin avec le soleil » de Sébastien Cavalier compte sur ses nombreux acteurs culturels mais aussi sur Manifesta, la biennale européenne d’art contemporain qui passe pour la première fois en France – et donc Marseille – en 2020, pour développer culturellement les Crottes. « On peut prendre l’exemple de Palerme – organisatrice de l’édition 2018 – qui se sert de Manifesta comme d’une lutte contre la mafia, pour se réapproprier des quartiers, le bord de mer et son patrimoine », argumente Sébastien Cavalier.
Le directeur des affaires culturelles à la Ville annonce par ailleurs son souhait d’implanter une bibliothèque au nord d’Euromed 2. « C’est vraiment un lieu de vie, l’agora du 21e siècle, l’endroit où l’on peut aussi bien se retrouver et prendre un café, qu’assister à une conférence, regarder des films, écouter de la musique, réviser son bac, son code… », décrit Sébastien Cavalier. « On a une intuition que la population a besoin de ces lieux nouveaux et transdisciplinaires ».
L’exemple du street art sur la Rocade L2
L’intégration de l’art, Planète Emergences connaît bien. L’association de mise en œuvre de projets territoriaux associant création artistique et cohésion sociale a participé à l’embellissement de la Rocade L2. « On a réfléchi à un projet qui pourrait s’inclure sur ces murs. Il s’agissait à la fois de relier la ville et de décloisonner des quartiers. On sait que des murs c’est quelque chose qui sépare donc il s’agissait de faire quelque chose qui pourrait permettre de se relier et de se faire rencontrer à partir d’un projet artistique », développe Caroline Séguier, directrice de Planète Emergences.
L’association, soutenue par la ville de Marseille, la région Sud, le département des Bouches-du-Rhône et le ministère de la Culture, a entrepris dès 2014 des travaux monstres. Depuis cette date, 36 000m2 de murs ont été recouverts par 20 fresques. Les acteurs ont mis l’accent sur les échangeurs, des points de repères sur la route. Yz à l’échangeur des Caillols, Jace au demi-échangeur de Saint-Julien, Seth à l’échangeur de Frais Vallon… 48 artistes, Marseillais, nationaux et internationaux, ont joué de leurs bombes sur la Rocade L2, où le projet se poursuit toujours.
L’artiste Seth a investi les murs de l’échangeur de Frais Vallon, dans le cadre de la commande publique Street Art en 2016 et du projet de Planète Emergences.
Après avoir aussi réalisé le projet du premier Quartier des arts sur la Canebière (1er) avec des œuvres peintes sur les rideaux des commerçants, Planète Emergences réfléchit à un nouveau projet sur Euromed 2, à la station Bougainville (2e).