La Chambre algérienne de commerce et d’industrie en Algérie, la Caci, organisait jeudi
10 octobre en coopération avec la CCI Marseille Provence sa traditionnelle conférence annuelle sur l’état de la réglementation et du climat des affaires.
Nazim Sini consultant, délégué adjoint région Sud de la Caci Algérie, Wassila Mouzaï, expert-comptable commissaire aux comptes à Alger, Rafik Belhadj Amara, directeur général en charge du développement pour l’Afrique du Nord chez Bolloré Logistics ont apporté leurs témoignages, leurs analyses et leur expérience.
L’Algérie travaille et ses entreprises tournent
Chacun pense au hirak, aux manifestations du vendredi depuis le 16 février 2019 qui ont entraîné la chute du président Bouteflika et l’instabilité des institutions. La Caci, sans entrer dans une analyse politique avait un message fort : l’Algérie travaille et ses entreprises tournent. Nazim Sini a rappelé les fondamentaux de l’Algérie : sa proximité, le coût très bas de l’énergie, la modération du prix de la main-d’œuvre le développement de la classe moyenne qui créée un vrai marché B2C.
Tous concèdent le ralentissement de la commande publique avec moins de projets d’infrastructures depuis la baisse des revenus pétroliers. Georges Sapet, PDG de LDFS Groupe, membre du réseau Africalink, met en garde sur les difficultés actuelles de recouvrement auprès de certains clients publics.
Mais, soulignent les experts de la Caci « les entreprises travaillent ». Rafik Belhadj Amara le confirme avec l’implantation qu’il pilote du Groupe Bolloré et des services logistiques en Algérie. « Nous avons commencé en 2015 dans un bureau avec quatre salariés. Nous sommes une équipe de 26 et nous traitons des opérations en Algérie, mais aussi en Afrique avec des collaborateurs algériens compétents et engagés. Nous nous développons avec une croissance à deux chiffres. »
Bientôt l’abrogation de la loi du 49/51 ?
L’obligation d’avoir un partenaire algérien majoritaire (loi du 49/51 : « Les investissements étrangers ne peuvent être réalisés que dans le cadre d’un partenariat dont l’actionnariat national résident représente au moins 51 % du capital social. ») pour s’implanter qui semblait intouchable devrait être abrogée. Pragmatique Wassila Mouzaï précise : « Mettons prudemment un point d’interrogation. L’Algérie veut alléger cette contrainte d’implantation, nous dit à ce jour, un communiqué du premier ministre. Attendons de lire la loi de finance. Cette règle ne serait maintenue que pour les secteurs dits « stratégiques » comme l’oil & gas. Mais il est clair que l’Algérie va vers un allégement des règles d’installation dans le commerce, l’industrie et les services pour PME et PMI. »
Les trois conseils des experts de la Caci Algérie
- RAFIK BELHADJ AMARA : « IL FAUT Y ALLER MAINTENANT ! »
Face aux interrogations sur la conjoncture, l’entrepreneur de logistique déclare : « C’est le moment d’y aller, de prendre position. Quand on déroulera le tapis rouge, il y aura foule et ce sera plus difficile pour vous. » - NAZIM SINI : « FAITES ATTENTION AUX INTERMÉDIAIRES DES INTERMÉDIAIRES »
« Informez-vous sur la solvabilité de vos clients. Faites attention aux intermédiaires des intermédiaires : je connais quelqu’un qui connaît quelqu’un. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs. » Il existe des “experts confiance” identifiés qui permettent de sécuriser la démarche de la PME. - WASSILA MOUZAÏ « RESPECTEZ LA PROCÉDURE ET CONSERVEZ VOS ARCHIVES ! »
« L’Algérie a ses procédures, incontournables, assez lourdes, il y a une bureaucratie. Il y a un mécanisme de transfert qui fonctionne. Nous sommes là pour vous accompagner. » Trop souvent les entreprises n’ont pas, à la création, gardé en archive l’original de la création du capital et l’attestation de transfert par voie bancaire des fonds. À défaut de ces papiers, ils ne pourront rapatrier les bénéfices !