Le groupe Intersport International Corporation est l’un des leaders mondiaux de la distribution d’articles de sport avec plus de 13,6 milliards d’euros de ventes dans plus de 40 pays, au premier rang desquels la France, où l’enseigne existe depuis 100 ans et réalise 3,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023, en hausse de 11 %, avec 938 magasins et 19 000 collaborateurs.
Sa présidente Corinne Gensollen, ancienne cadre de l’OM puis dirigeante du Domaine de la Brillane , attachée à notre région où elle réside, a accordé une interview à Gomet’ et a répondu à nos questions sur son parcours, ses missions dans le groupe Intersport aux niveaux national et international et les transformations et acquisitions stratégiques menées.
Corinne Gensollen, quel est votre parcours ?
Corinne Gensollen : Avec une formation en école de commerce, et après avoir passé près de dix ans chez Procter & Gamble, j’ai été directrice marketing et commerciale de l’Olympique de Marseille pendant plus de 13 années sous cinq présidences. En 2016, je suis devenue directeur général d’Intersport France. J’y suis restée pendant six ans avant de devenir la présidente du conseil d’administration d’Intersport International Corporation (IIC) en septembre 2022.
En parallèle de mes activités, mon mari et moi-même avons acheté et développé un domaine viticole en agriculture biologique à Aix-en-Provence pendant plus de huit ans. Nous avons revendu le Domaine de la Brillane il y a quelques années, ne pouvant le gérer depuis Paris.
Quelle a été votre mission à la direction d’Intersport France ?
Corinne Gensollen : Mon poste de directrice générale d’Intersport France a été à la fois stratégique mais aussi très opérationnel, avec la responsabilité du chiffre d’affaires, du développement de la part de marché et du résultat, mais également avec une transformation du modèle économique à mener. Cette passionnante mission s’est articulée en trois volets :
– animer les 250 adhérents de la centrale Intersport France, qui est une coopérative d’indépendants, sur le modèle existant en grande distribution chez E. Leclerc ou Intermarché, mais aussi dans le secteur bancaire, chez les caisses et mutualistes comme BPCE, Crédit Mutuel, ou Crédit Agricole par exemple, avec un réseau d’acteurs locaux en charge des territoires et actionnaires de leur fédération centrale ;
– créer une nouvelle plateforme de marque pour rajeunir la marque Intersport, mais aussi relancer et mettre en avant nos marques propres (Mc Kinley, Energetics et Pro Touch). En effet, Intersport offre aux consommateurs français un large choix de marques et de produits sport et lifestyle, dans toutes les gammes de prix. Ceci correspond à une vraie volonté de rendre accessible le sport pour tous, et d’encourager la pratique sportive pour mieux vivre individuellement et collectivement. C’est la raison pour laquelle, Intersport a une offre totalement inversée par rapport à celle de Decathlon : 80% de nos ventes sont réalisées avec des marques internationales comme Nike, Adidas ou Puma et 20% avec nos marques propres, quand notre concurrent réalise 90% de ses ventes avec ses marques propres.
– enfin, réaliser la transformation omnicanale de l’enseigne, aujourd’hui indispensable pour faire coexister de façon synergique réseau de magasins et vente en ligne. Nous avons ainsi été l’une des premières enseignes en 2019 à avoir mis en place le « ship from store » (SFS), littéralement la livraison des produits commandés en ligne depuis les magasins. Ce choix nous a permis d’embarquer l’ensemble de nos adhérents Intersport dans le développement omnicanal car ils ont été, dès le démarrage, les bénéficiaires des ventes additionnelles sur l’e-commerce. Cela nous a aussi permis d’optimiser nos stocks puisque l’ensemble des ventes omnicanales sont faites à partir des 400 M€ de stocks présents en magasins. Nous avons mis en place un algorithme qui nous permet d’identifier pour chaque commande quel est le magasin le plus pertinent pour livrer : celui qui a le produit en stock, qui est le plus proche du consommateur et qui est performant dans la préparation et la livraison des commandes à domicile. Le digital représentent un peu plus de 5% du CA des magasins en France, et devrait doubler dans les années à venir.
Pour des raisons familiales, en 2022, j’ai souhaité quitter Paris et revenir en région provençale pour y résider de nouveau. J’ai transmis la direction générale d’Intersport France à Sylvain Darracq, qui travaillait en binôme avec moi en tant que DGA, après avoir gravi les échelons au sein du groupe. À mon départ de la direction générale d’Intersport France, le groupe m’a proposé de devenir administrateur de la structure internationale. D’une élection à l’autre, je suis finalement devenue présidente d’Intersport International.
Quelle est à ce jour votre rôle à la présidence d’Intersport International ?
Corinne Gensollen : Intersport International Corporation (IIC), basé à Berne en Suisse réunit depuis 1968 les 13 organisations nationales, actionnaires du groupe Intersport. Chaque pays est indépendant avec sa propre organisation, son propre modèle économique et sa propre gouvernance. IIC est en quelque sorte une organisation supra-nationale qui agit comme super-centrale, mais aussi développe les marques propres, des services centraux et des centres d’expertise pour partager les bonnes pratiques.
En termes de chiffre d’affaires, la France est le premier pays du groupe, suivi par l’Allemagne. Le groupe réalise 87% de son chiffre d’affaires en Europe (Italie, Finlande, Suède, Norvège, Pays Bas, Suisse, Irlande, Espagne, Danemark) mais aussi au Canada, en Australie et en Asie. Intersport est présent dans 42 pays avec 5300 magasins et emploie 70 000 personnes.
J’ai été élue à la présidence d’Intersport International parce que j’avais dirigé Intersport France avec ambition et en transformant le groupe, mais aussi et surtout car je connais bien l’enseigne, ses enjeux et les défis à relever dans un marché en pleine consolidation. Mon rôle, comme celui d’IIC, est de satisfaire nos actionnaires et de favoriser les synergies transverses, en contribuant à transformer le réseau, quel que soit le niveau de maturité de chaque pays, vers la performance et l’omnicanalité. J’apporte mon expertise et mon mode de gestion des adhérents, en passant juste d’un management local à un management global.
Que se passe-t-il actuellement entre Intersport et Go Sport ?
Corinne Gensollen : La digitalisation de la distribution peut être vitale ou fatale à une enseigne, selon comment et quand elle est développée, on l’a vu ces dernières années avec d’importantes enseignes balayées faute d’avoir bien négocié ce virage omnicanal. Comme vous savez, l’enseigne Go Sport a été placée en redressement judiciaire dans le cadre de la faillite du groupe Ohayon en 2022 (Ndlr : groupe également composé des Galeries Lafayette, des marques d’habillement Camaieu et Gap France, de Campus Academy notamment fermé à Aix, et d’immobilier comme le programme Bao à Marseille).
En 2023, Intersport France a repris 70 magasins Go Sport et ses salariés. Cette reprise a permis à l’enseigne de compléter son maillage territorial en enrichissant ses implantations géographiques, quantitativement en passant la barre des 900 magasins et qualitativement, en s’implantant dans les grandes agglomérations françaises (Paris, Lyon, Marseille), mais aussi dans les centres commerciaux. En effet, historiquement Intersport était plutôt implanté dans les villes de province, avec une sur-représentation dans le nord et l’ouest de la France, tandis que Go Sport était davantage présent dans les grandes villes et notamment à Paris. Plus de 50 magasins Go Sport ont déjà été transformés en Intersport. Nous avons notamment inauguré deux « flagships » (magasins amiraux) place de la République et aux Halles ce printemps à Paris.
Dans notre région provençale, Intersport a aujourd’hui 17 magasins : Plan de Campagne, Grand Littoral Marseille, Jas de Bouffan Aix-en-Provence, Salon de Provence, Pertuis, Istres, Toulon La Valette, Toulon Mayol (ex Go Sport), Le Luc, Brignoles, Draguignan, Sainte Maxime, Puget-sur-Argens, Le Lavandou, Manosque, Avignon Mistral 7 et Avignon Le Pontet (ex Go Sport). Dans la région, après Toulon et Avignon, et désormais Fréjus (déjà transformé), les magasins Go Sport Nice Cap 3000 et Marseille La Valentine vont passer Intersport en 2024/2025.
Enfin, voulez-vous nous parler de la place du vélo dans votre groupe, car cette discipline est chère à Gomet, organisateur notamment des Rencontres du vélo et des mobilités douces ?
Corinne Gensollen : En 2013, suite à un redressement judiciaire, Intersport France a racheté la Manufacture Française du Cycle à Machecoul près de Nantes. En 10 ans, nous avons considérablement développé l’usine qui est passé de 100 emplois menacés à plus de 600 personnes aujourd’hui. Intersport est devenu le premier assembleur de cycles en France, avec sa marque propre Nakamura. Le cycle est une catégorie importante pour Intersport France, représentant plus de 10% de son chiffre d’affaires. Nous avons la chance d’avoir de grands magasins (surface moyenne 1700 m2), ce qui nous permet de développer cette catégorie sportive et de pouvoir nous adresser à trois clientèles distinctes : la famille, les sportifs pour le vélo musculaire, et les citadins et amateurs pour les vélos à assistance électrique.
Liens utiles :
> Les 3e Rencontres du vélo et des mobilités douces à Aubagne le 9 octobre
> Le site des 3e Rencontres du vélo et des mobilités douces