Une grande interview de rentrée dans La Provence. Voilà le maire de Marseille de nouveau sur le pont. Et les dossiers ne manquent pas. La réforme des rythmes scolaires : la ville sera prête « au retour des vacances de la Toussaint ». La hausse des impôts : il sera « difficile de ne pas [les] augmenter », déclare Jean-Claude Gaudin. Et enfin un soupçon de détournement de fonds au Sénat révélé par Médiapart, dans lequel la justice le soupçonne d’avoir encaissé 24 000 euros de chèques sur son compte personnel.
Tout juste réélu sénateur – et vice-président de la Haute assemblée – Jean-Claude Gaudin se replonge également dans le marasme de la métropole, dont le développement est largement secoué par les dernières échéances électorales, municipales et sénatoriales. Son alliance de circonstance avec le président du Conseil général Jean-Noël Guérini pour conserver la mairie des 2e et 3e arrondissements (c’est Lisette Narducci, du PRG, qui a remporté ce secteur) lui a sûrement coûté quelques voix aux dernières élections sénatoriales. Il espérait cinq sièges, il n’en a obtenu que trois. Ce qui lui fit dire sur Twitter, le soir de l’élection : « La métropole aurait pu être une grande idée, les socialistes l’ont tuée ». Avec des guérinistes à tous les étages, le dossier sera certainement plus compliqué à gérer, quand on sait à quel point l’opposition à cette métropole fut l’un des grands arguments de Jean-Noël Guérini, qui est parvenu à hisser trois noms jusqu’au Palais du Luxembourg.
« Trop vite, trop loin, trop fort »
Jean-Claude Gaudin, lui, paie également son soutien à la métropole. Dans l’interview, il réaffirme son attachement à l’idée : « Cette métropole, Marseille en a besoin ». Tout en prenant soin de nuancer sa position dans la phrase suivante : « Même si j’ai dit au gouvernement que 93 communes, comme dans le projet du gouvernement, c’est aller trop vite, trop loin, trop fort. La métropole doit respecter les équilibres, l’équité et la justice entre les communes ».
Les maires des communes alentours de Marseille, justement, siègent au sein d’un conseil paritaire de projet qui permet de modifier à la marge la loi, qui donnera naissance à la métropole en 2016, et qui doit repasser à l’Assemblée nationale à l’automne. Parmi les arguments avancés par les maires, le nombre de compétences trop élevé de la métropole. Le maire de Marseille, lui, entend se battre pour que les maires conservent « le plan local d’urbanisme ». Aujourd’hui, Jean-Claude Gaudin est sceptique et doute de la volonté politique du gouvernement socialiste :
« Les métropoles nous ont été imposées manu militari pour que Claude Bartolone soit un jour le président de celle de Paris et parce que le gouvernement croyait que mon concurrent pourrait gagner à Marseille. Nous étions à un an des primaires socialistes et cela semblait aller de soi. Mais les municipales ont changé la donne et je ne suis pas certain que le gouvernement soit aussi volontaire aujourd’hui. Malgré la défaite de mon concurrent socialiste, l’État doit aller au bout du projet, sans le dénaturer ni le détourner de son objectif. La métropole n’a de sens que si elle se substitue aux six intercommunalités existantes et dispose d’une fiscalité unique et de moyens financiers pérennes ».
Enfin alors qu’il fête ses 75 ans mercredi 8 octobre, Jean-Claude Gaudin réaffirme qu’il ne sera pas candidat à la présidence de la métropole d’Aix-Marseille-Provence. Après une année électorale très intense, il compte d’abord « savourer ». Pas sur que tout le monde apprécie…
(photo de Une : wikimedia commons)