Si on lui demande à partir de combien de personnes, la manifestation du 26 mai sera considérée comme une réussite, il répond : « deux », avec le sourire et en montrant le chiffre avec ses doigts. Une boutade de Jean-Luc Mélenchon qui rêve d’une « marée populaire » à l’occasion de cette nouvelle journée pour l’égalité, la justice sociale et la solidarité. Une initiative lancée le 3 mai par l’association Attac et la Fondation Copernic, d’ores et déjà marquée par un fait inédit. La CGT et la France insoumise battront le pavé ensemble aux côtés de plus d’une soixantaine d’autres organisations syndicales, politiques et citoyennes (NPA ou Europe écologie les verts, ainsi qu’Act’up, la Confédération paysanne, Les Effronté.es!, le Syndicat de la magistrature, FSU…). La CGT a longtemps été hostile à l’idée d’organiser une grande marche commune, craignant d’être reléguée au second plan. Elle avait d’ailleurs refusé de participer à la « fête à Macron » avec les Insoumis, le 5 mai dernier, avant d’annoncer le 16 mai sa participation à la « marée populaire » au nom de l’urgence sociale.
Si le patron de la CGT, Philippe Martinez défilera à Paris, comme le 14 avril dernier, c’est à Marseille que leader de la France insoumise prendra la tête du cortège, car c’est de la cité phocéenne que « beaucoup de choses se sont nouées », confie Jean-Luc Mélenchon, à la veille de la mobilisation du 26 mai, dans un restaurant du Vieux-Port lors d’un déjeuner de presse auquel participait Gomet’. « Jusqu’à ce 14 mai, personne ne croyait que c’était possible, tellement le paysage était bloqué. A ce moment-là, la CGT s’est impliquée et a pris la tête des opérations et nous avons démontré qu’elle n’a pas fait tout le boulot pour que des partis politiques comme le nôtre en tirent profit. » Même si l’exemple marseillais n’a pas pu être reproduit à Lille ou Toulouse, «car il y avait trop de frilosité. »
Décloisonnement entre syndicats et partis
Le député des Bouches-du-Rhône n’hésite pas à parler de « méthode marseillaise. » « Le prototype, on l’a fabriqué à Marseille, cela a eu un impact sur le reste du champ politique. C’est positif car cela a permis le décloisonnement entre syndicats, partis et associations. » Cette convergence entre front politique et syndicats n’est pourtant pas vue d’un très bon œil, au regard d’un sondage Odoxa, publié le 24 mai. Si 97% des insoumis plébiscitent ce rapprochement, 64% des Français interrogés estiment que c’est une erreur. « Je pense que les gens n’aiment pas qu’on mélange le syndicat et le parti, mais il y a peut-être un malentendu sur la nature de ce que nous faisons, analyse Jean-Luc Mélenchon. Une manifestation commune, ce n’est pas une fusion. De même, quand je parle de front populaire, je n’ai jamais imaginé que les syndicats allaient signer un programme commun avec les partis politiques. »
Pour LFI, le fait que toutes les autres formations de gauche finissent par adopter sa stratégie prouve que l’ancienne forme de l’unité de la gauche a fait son temps. « C’est toujours la reproduction des mêmes méthodes. Le PS pense que son échec est une erreur provisoire. Nous, nous ne sommes peut-être pas très haut dans les sondages, mais eux, ils sont vraiment très bas ». La France insoumise s’impose comme le pivot de la gauche et apparaît comme la force principale de l’opposition à Emmanuel Macron : « On construit, on avance, on reconstruit une alternative, mais les choses se font dans la durée», reprend le député, qui dit « assumer cette responsabilité de reconstruire l’espace de l’alternance. Il faut s’y faire, le pays est en ébullition partout. Les gens ont la tête en miettes aujourd’hui. On est au début d’une époque, celle du mouvement et c’est la première fois que je participe à quelque chose d’aussi grand. Il faut prendre les bonnes bases depuis le début ». Des bases solides sur lesquelles le leader de la France insoumise veut s’appuyer, certain que la « vague de dégagisme n’est pas finie ». Et d’ajouter : « Je suis persuadé qu’on finira par y arriver au pouvoir ».
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