compatriote du fondateur du lieu, le Hongrois Schöffer assemble tiges et tringles métalliques, plateaux tournant et miroirs circulaires mobiles.. Chacun pivote et se renverse, reflétant la luminosité ambiante, tel un kaléidoscope géant, au rythme d’un petit moteur électrique piloté par un cerveau électronique caché. En surgit un jet aléatoire d’éclairs en tous sens, puis quelques minutes d’inertie silencieuse.. Parvenu à introduire une dimension temporelle dans cette sculpture dynamique, l’auteur l’a baptisé «Chronos». Sur le même plateau, et daté du même milieu des années soixante, l’italo-argentin Vardanega ajoute du son et des variations colorées à cette effervescence jaillissant de hauts cylindres d’aluminium ajourés . Sans crainte de l’oxymore, l’œuvre est nommée «Couleurs sonores».
Avec une douzaine d’autres créations spectaculaires, dont un tableau liquide aux flux variant selon la position, et une immense peinture murale de 18 mètres (inspirée par un décor de Kubrick dans Shining), le Centre d’art moderne Pompidou confie pour l’été à la fondation aixoise Vasarely quelques jalons d’un quasi siècle d’art cinétique. Cet hommage aux formes qui bougent s’appréhende comme une véritable allégorie du vivant, parallèlement à ce qu’ont pu rechercher, à la même époque, le futurisme et le cinéma abstrait. La vie n’est-elle pas, elle aussi, agitation et déplacement perpétuel ?
Chapelle sixtine, futur «Musée de France»
Venus de Suisse ou du Venezuela, de Pologne et de Belgique, tout au long du siècle dernier, les plasticiens ici présentés tentent de capter ondes vibratoires , flous aléatoires , illusions optiques et mouvements hydrauliques. Déjà l’art grec de la statuaire ne se demandait-il pas si les colosses pouvaient remuer ?
Devenue «chapelle sixtine de l’art optico-cinétique», le temple Vasarely des hauteurs d’Aix livre la preuve que l’invention esthétique humaine ne s’impose aucune borne, et puise son vocabulaire dans tous les registres de la modernité . Aussi le descendant du créateur de l’op’art de se réjouir que le monument classé reçoive bientôt le label «Musée de France».
Le parcours «révolutionnaire» proposé jusqu’au 20 octobre se déroule en de vastes salles paisibles et riches en éclairage naturel. Quelques alvéoles plus loin, toujours en rez-de-chaussée -ou plutôt en rez-de-pelouse- l’école supérieure d’art d’Aix en Provence accompagne cette «révolution permanente» d’une «exposition satellite». Cinq étudiants proposent leurs créations de l’an dix neuf du troisième millénaire . Parmi celles-ci, Inés et Manon ont imaginé une œuvre participative : des broches personnelles offrant aux visiteurs l’opportunité de rencontres sonores improvistes. Pas farouches, ces jeunes femmes ont choisi ce slogan pour leur installation électronique : « Si l’amour te tourne le dos, touche lui les fesses»!
Malheureusement, quand l’envoyé spécial de Gomet a tenté d’expérimenter le dispositif, le circuit miniature a flambé… Coup de foudre instantané ?!