La dernière pierre du chantier de rénovation de l’aqueduc de Roquefavour a été posée vendredi 17 mai. Situé entre Ventabren et Aix-en-Provence, ce monument immanquable de 83 mètres de haut et 375 mètres de long et classé au patrimoine historique depuis 2005 a fait l’objet de travaux exceptionnels pendant près de 44 mois pour stopper sa dégradation naturelle et sécuriser son édifice.
Le projet a nécessité un budget total de 16,8 millions d’euros hors taxes. Il a été financé par une subvention de 2,9 millions d’euros de l’État (Direction régionale des affaires culturelles) pour les monuments historiques, une contribution de 3,5 millions d’euros de l’Agence de l’eau, et le reste, soit 10,4 millions d’euros, a été couvert par le budget annexe de l’eau de la Métropole Aix-Marseille-Provence.
44 mois pour assurer la pérennité de l’aqueduc
Selon la Métropole, les travaux étaient indispensables pour arrêter la dégradation naturelle de l’aqueduc et assurer sa sécurité. Les désordres observés menaçaient initialement son fonctionnement et la mission de transport d’eau brute vers Marseille. À long terme, la structure des ouvrages situés sur les tabliers supérieurs était également compromise. Les chutes de pierres représentaient un danger pour la route départementale et la voie ferrée qu’il surplombe. Les travaux ont inclus le remplacement de blocs de pierre endommagés, le traitement des blocs encore en bon état, et l’étanchéité des tabliers pour prévenir les infiltrations d’eau. De plus, le sommet de l’aqueduc, où passe le conduit d’eau, a été rénové et rendu étanche.
Le dossier spécial eau de Gomet’ Planète
Les entreprises impliquées dans la rénovation de l’aqueduc sont la société Girard (Aix-en-Provence), la société Vivian & Cie (Marseille), Les Compagnons de Castellane et COMI Service (Aix-en-Provence), qui ont apporté leur expertise dans l’installation du chantier, la maçonnerie, la taille de pierre, ainsi que la mise en place des échafaudages et des élévateurs. La société NGE Génie Civil Provence Alpes Côte d’Azur (Aix-en-Provence) et EGC Galopin (Aix-en-Provence) ont été chargées de l’étanchéité, de la métallerie et de la serrurerie, tandis que la société Bourgeois a pris en charge la zinguerie.
Pour ce chantier particulier à 83 mètres d’altitude, les pierres de substitution proviennent des carrières de Massangis dans l’Yonne et d’Ampilly-le-Sec en Côte-d’Or. Elles ont été sélectionnées pour leur durabilité face aux cycles de gel et dégel et peuvent supporter jusqu’à 48 cycles avant leur altération. Après leur débitage à Alès dans le Gard, les pierres ont été livrées sur site et taillées à la main par les tailleurs de pierre de la société Girard. Un échafaudage de 1 800 tonnes a du être installé, symbole du chantier colossal. Il est le deuxième plus important après celui posé pour la restauration de Notre-Dame de Paris suite à l’incendie de 2019.
Un aqueduc témoin et acteur de la vie des populations locales
En 1834, une sécheresse extrême assèche les sources et puits de Marseille, provoquant une crise sanitaire et une épidémie de choléra. Sous l’impulsion du maire marseillais de l’époque Maximin Consolat, le conseil municipal acte la construction d’un canal pour amener l’eau de la Durance jusqu’à Marseille. Le jeune ingénieur polytechnicien suisse Franz Mayor de Montricher est chargé de ce projet colossal, qui mobilise 5 000 ouvriers pendant près de dix ans. Aujourd’hui, l’aqueduc de Roquefavour est le plus haut aqueduc en pierre de taille au monde, classé monument historique depuis 2005. Toujours en service après 177 ans d’activité, il mesure 375 mètres de long et 83 mètres de haut, soit près de deux fois la hauteur du pont du Gard. L’aqueduc est constitué de 160 000 pierres pesant chacune entre 6 et 15 tonnes. La construction de l’aqueduc de Roquefavour a permis la réalisation du canal de Marseille, qui dessert 36 communes. Chaque année, plus de 180 millions de mètres cubes d’eau de la Durance transitent par ce canal. Après traitement dans les centres d’eau potable, cette eau est acheminée jusqu’aux robinets des consommateurs des canaux d’irrigation et des industries.
Lien utile :
> Entreprises du patrimoine vivant : encore plus d’exigence pour l’excellence