Média métropolitain depuis son lancement en septembre dernier, GoMet’ veut vous informer au mieux de l’évolution de la construction de la métropole Aix-Marseille-Provence. Alors que les contours de l’institution et de ses compétences ne sont toujours pas définitvement connus, les élus (pro ou anti-métropole) se mobilisent désormais pour garder une influence au sein de la nouvelle entité. Dans cette perspective, l’élection du ou de la futur(e) président(e) aura une portée symbolique importante. Nous vous proposons de suivre semaine après semaine dans “Le présidomètre” les chances des uns et des autres. Ce classement évoluera bien sûr en fonction des déclarations des uns et des autres, des alliances ou ruptures, des tractations pus ou moins ouvertes.
Confidence du maire de Carry-le-Rouet, le Républicain Jean Montagnac, vice-président à MPP et partisan de Guy Teissier : « Le problème c’est que cette élection va devenir très politicienne dans le mauvais sens du terme. » Comprendre : le vote pourrait être motivé non par des idées mais de simples calculs personnels… Et dans ce cas, les surprises ne sont pas exclure. Bienvenue dans notre “film” de l’été : Le Présidomètre. Aujourd’hui, le premier volet avec quatre favoris.
Les favoris
Le président de Marseille Provence Métropole reste le favori de l’élection, présidant la plus importante communauté de communes qui se fondra dans la future métropole. C’est lui qui disposera en théorie du plus grand réservoir de voix compte tenu de sa majorité confortable à MPM. Mais il demeure un personnage politique gênant pour le maire Jean-Claude Gaudin, pourtant du même parti. Et on voit mal le vice-président du Sénat, au sommet de sa carrière, laisser si facilement la voie libre à son éternel rival. D’autant que son éloignement envisagé au Conseil constitutionnel l’invite à placer des proches aux postes-clés pour garder la main…
La maire d’Aix-en-Provence s’est battue bec et ongles durant des mois contre la « monstropole qui va ruiner les communes de Provence pour combler la dette marseillaise. » Mais Maryse Joissains s’est résolue, contrainte et forcée à accepter la future structure. Pour ne pas subir cette dernière, autant en prendre le contrôle pour en atténuer les potentiels effets négatifs. Discrètement mais sûrement, elle envoie des messages aux autres et élus de l’agglomération qu’elle a appris à bien connaître lors des réunions de combat au sein de l’Union des maires des Bouches-du-Rhône. Mais cela, ainsi que son “programme” de baisse de la fiscalité peuvent-il suffir à effacer les traces des outrances formulées contre les Marseillais ?
Officiellement, il n’est pas candidat car il a « bien trop à faire.» nous dit-il. Jean-Claude Gaudin considère d’ailleurs qu’il a rempli sa mission dans ce dossier compliqué en apportant son soutien au gouvernement d’abord, puis en faisant passer quelques amendements favorables aux maires. Mais le maire de Marseille et sénateur reste l’homme fort de la Provence pour quelque temps encore. Il pourrait finalement se dévouer “une fois de plus” pour ce grand Marseille comme il l’avait fait lors de la création de Marseille Provence Métropole. Et puis il n’est pas du genre à laisser un ou une potentiel(le) concurrent(te) lui faire de l’ombre. Il fait donc partie pour nous des favoris dans Le Présidomètre métropolitain.
Comme son mentor en politique Jean-Claude Gaudin, Martine Vassal n’est pas candidate à ce qui peut ressembler pour beaucoup à une mission impossible. Mais la toute récente et désormais puissante présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, parle trop souvent de la métropole Aix Marseille Provence pour ne pas éveiller les soupçons. Et ce d’autant plus qu’elle propose désormais de réunir le Conseil départemental et la future métropole dans une seule et même collectivité, à l’instar du Grand Lyon fusionné avec l’ancien conseil général du Rhône. Le scénario impossible à envisager sous l’ère Guérini, devient aujourd’hui crédible…
Les outsiders
Nicolas Isnard. Le maire de Salon-de-Provence, et président de la communauté de communes Agglopole a longtemps dénoncé, avec force de banderoles et slogans la métropole. Mais la réal politique reprend ses droits à quelques mois de la constitution de la nouvelle structure. Nicolas Isnard, 44 ans, se pose en recours moderne et garant de l’intérêt des communes. Dans La Provence il n’exclut rien mais « Il faut d’abord savoir à quoi servira cette métropole et avec quels moyens elle pourra fonctionner ». Il reste que la position géographique de sa ville (limite nord de la métropole) ne joue pas en sa faveur.
Le maire de La Ciotat, vice-président du conseil départemental en charge des affaires internationales et vice-président au développement économique à Marseille Provence Métropole dispose aujourd’hui d’une jolie carte de visite. Elle peut lui laisser prétendre à un rôle plus important encore. Reste à connaître sa réelle envie d’en découdre au-delà de sa commune qu’il tient d’une main de fer. Au demeurant, quels sont ses réseaux « pour faire levier » en dehors de sa proximité apparente avec Martine Vassal et Guy Teissier ?
Le maire d’Aubagne bénéficie d’une bonne dynamique depuis son élection à la mairie d’Aubagne. Il pourrait être un homme de consensus entre les pro et les anti-marseillais, les pro et les anti-aixois, les pro-métropolitains et les opposants. Sa ligne modérée, son poste de vice-président au développement économique acquis au conseil départemental lui ouvre certainement des portes. Mais encore faut-il saisir sa chance et affirmer ses ambitions. Hors le caractère de cet homme qui a fait une bonne partie de sa carrière dans le secteur privé ne l’incite pas trop à se mettre en avant.
Une femme à la présidence de la métropole ? Cela donnerait une touche de modernité à la nouvelle entité. Sylvia Barthélémy a d’autres arguments : elle dispose d’un bon relationnel tant au Conseil départemental, où elle est vice-présidente en charge de la politique de la ville, qu’au sein de la communauté Pays d’Aubagne et de l’Etoile qu’elle a conquise par surprise à la gauche l’année dernière. Enfin, son parti l’UDI, malgré sa discrétion, reste influent à Aix comme à Marseille…
Les réservistes.
La maire de Cassis a la cote à droite comme à gauche. On se souvient de son élection pour un court mandat (invalidation) à la tête du parc des calanques grâce, en partie, au soutien de gauche. Incontestée dans son fief, elle rayonne désormais bien au-delà avec ses mandats stratégiques au conseil départemental (vice-présidente déléguée au tourisme) et à MPM (vice-présidente en charge du tourisme et du rayonnement du territoire). Elle a la haute main sur la marque Provence en matière touristique en étant aussi devenue présidente de Bouches-du-Rhône Tourisme. Un gros CV qui peut crédibiliser une démarche présidentielle.
Laure-Agnès Caradec dispose elle aussi d’une sacrée carte de visite. Elue à MPM en charge des dossiers sensibles de l’Urbanisme, du PLUI et de l’Aménagement communautaire, elle siège aussi au Conseil départemental déléguée à Euroméditerranée (l’établissement public où elle siège pour MPM). Urbaniste de métier, elle préside l’Agam et le CAUE13. Enfin, au conseil municipal de Marseille, c’est l’adjointe en charge de la métropole. Proche du cercle Gaudin, disposant d’un bon relationnel dans la galaxie Teissier, elle sait aussi jeter des ponts au-delà de Marseille. Tout pour plaire ?
C’est lui aussi l’un des plus gros cumulards de la métropole. Maire des 9 et 10ème arrondissements, celui qui a été longtemps le plus proche collaborateur de Guy Teissier, le président de MPM, est sorti de l’ombre l’année dernière pour être élu maire de secteur. Dans la foulée, il est arrivé dans le sillage de son mentor à MPM avec une délégation sensible : commande publique – commission d’appel d’offres – communication – presse. Le voilà aussi au conseil départemental sur les dossiers logements en tant que délégué à 13 Habitat. Devenu président de cet organisme, il dispose ainsi d’un outil d’influence métropolitaine. Beaucoup pour un seul homme même si celui-ci ne compte pas s’arrêter là.
C’est finalement l’un des plus discrets chez Les Républicains (LR), tapi dans l’ombre de Jean-Claude Gaudin et « retiré » dans sa mairie du 4-5. Mais le sénateur des Bouches-du-Rhône, Bruno Gilles, responsable de la fédération LR du département sait attendre son heure. Il demeure en « réserve de la République gaudiniste. » Ainsi, La Provence spéculait récemment sur un ticket Gilles-Joissains pour diriger la future métropole. « Je peux jouer ce rôle d’amortisseur avec la maire d’Aix si Jean-Claude Gaudin n’y va pas » déclarait l’intéressé. Il sortirait ainsi sur le tard dans un dossier métropolitain où il a rarement pris la parole.
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