La direction d’Alteo a vu sa demande de placement en redressement judiciaire acceptée par le tribunal de commerce de Marseille au matin du jeudi 12 décembre. L’usine d’alumine de Gardanne a déposé sa requête de se placer sous la protection du tribunal mardi 10 décembre. Dans sa décision, le tribunal de commerce a désigné Maître Frédéric Avazeri et Maître Philippe Jeannerot en qualités d’administrateurs judiciaires. La prochaine audience aura lieu le 23 janvier 2020 pour faire le point.Un comité social et économique de l’entreprise aura lieu dans les prochains jours en présence des administrateurs judiciaires.
Près de 500 emplois menacés
Cette annonce est une véritable surprise pour les 480 collaborateurs de l’entreprise. Devant le tribunal de commerce de Marseille, plusieurs dizaines de salariés se sont réunis arborant pour certains des banderoles syndicales comme celles de la fédération chimie de Force ouvrière ou encore de la CGT. Ils craignent pour la pérennité de leurs emplois et pour cause, le discours de la direction n’est pas des plus rassurant : « La demande d’alumine de spécialité a brusquement chuté depuis l’été (…) La situation s’est encore dégradée ces dernières semaines, entraînant une baisse des ventes en novembre de 30% par rapport à celles du premier semestre. Cette baisse a des conséquences significatives sur la trésorerie de la société dont les recettes diminuent et les stocks augmentent », explique les patrons du groupe industriel.
Une période d’observation de six mois pour sauver Alteo
En plus de cette chute inattendue de l’activité, Alteo doit investir lourdement pour mettre son usine en conformité avec les norme environnementales pour réduire le rejet des fameuses « boues rouges » qui ont défrayé l’actualité depuis deux ans. Grâce à la période d’observation acceptée par le tribunal, Alteo espère « définir, en collaboration avec les salariés et les administrateurs judiciaires, les mesures nécessaires pour assurer la pérennité de notre activité et la préservation des emplois. Pendant cette période, l’activité se poursuit, avec l’aide de l’ensemble des salariés, dans l’optique de servir au mieux les clients », a déclaré Frédéric Ramé, le président d’Alteo après l’annonce du tribunal. La période d’observation est prévue pour durer six mois, jusqu’au 12 juin 2020.
La prudence de Renaud Muselier
Interrogé sur la situation délicate d’Alteo lors d’un déjeuner avec la presse, le président de la Région Sud, Renaud Muselier a affiché sa prudence. « Je suis à disposition mais je suis prudent. Si la filière est viable à terme, dans le cadre d’une aide potentielle, je suis là. Mais si c’est un puits sans fond, je n’abonderai jamais. » Quand à l’Etat (le député François-Michel Lambert a appelé à une prise de contrôle de l’entreprise), « il s’en mêle tout le temps » regrette Renaud Muselier. « Je ne suis pas derrière l’Etat, je peux être avec ou sans lui. »
Quant aux enjeux de territoire le président de la Région dit faire confiance à son « ami » le maire de Gardanne Roger Meï, et à son successeur désigné, le docteur Jean-Marc La Piana, actuellement en campagne pour les municipales 2020 à Gardanne.
Gomet’