La candidature de Sandra Dalbin (Les Républicains), sur la 8 ème circonscription des Bouches-du-Rhône (Salon, Pélissanne, Berrel’Etang, détenue actuellement par le divers gauche Jean-Pierre Maggi) en a étonné plus d’un. Des ténors locaux, sur les réseaux sociaux, et dans la presse, s’en prennent à l’impétrante, considérant qu’elle est une « parachutée », à l’instar de Maryse Joissains qui soutient contre elle Claude Filippi, le maire de Ventabren. Celui-ci s’est fait très virulent, n’hésitant pas à tenter d’interpeller, sans grand effet à ce stade, le puissant Nicolas Isnard, maire de Salon-de-Provence. Dans cette même ville s’élève d’ailleurs une autre voix, celle d’un autre ténor local, vice-président de la Métropole, Michel Roux (UDI). Un imbroglio difficile à comprendre. La parole est à la principale intéressée qui a répondu à nos questions.
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots pour que nos lecteurs vous connaissent mieux ?
Sandra Dalbin : J’ai 33 ans, je suis mariée et maman d’une petite fille de deux ans. Je travaille dans les assurances en bâtiment, actuellement en congés parental. Je suis fortement impliquée dans la vie politique locale en tant que vice-présidente du Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône.
Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?
S. D. Je me suis engagée en politique il y a environ 10 ans. J’ai commencé chez les jeunes populaires (UMP) dont je suis devenue responsable des jeunes de la 6 ème circonscription des Bouches-du-Rhône auprès du député Guy Teissier. Par la suite, il m’a proposé de le rejoindre pour les élections municipales sur les 9 ème et 10 ème arrondissements de Marseille. Je suis devenue à 24 ans la benjamine du conseil d’arrondissement. Deux ans plus tard je créais mon entreprise d’hôtesses d’accueil dans l’événementiel tout en travaillant à mi-temps dans le secteur privé. Didier Garnier m’a proposé d’être sa suppléante pour les élections cantonales de 2011, que nous avons remporté sur le canton de Sainte-Marguerite face au Front National. Didier Garnier nous a malheureusement quitté en 2012. Il était porteur d’un handicap et m’a fait prendre conscience de l’énorme travail qui reste encore à faire envers les personnes en situation de handicap. Alors âgée de 28 ans et en tant que suppléante j’ai poursuivi son mandat de conseiller général. Suite à la réforme territoriale et au redécoupage des cantons, j’ai eu la possibilité d’unir mon dynamisme et ma jeunesse à l’expérience et la sagesse de Richard Mallié, le maire de Bouc Bel Air, pour porter les couleurs de l’UMP [devenu depuis Les Républicains] aux élections départementales sur le canton de Vitrolles.
[pullquote]J’ai accepté ce nouveau défi et je suis très motivée pour le gagner. [/pullquote] Nous avons gagné le canton à la gauche. Martine Vassal, devenue présidente du Conseil départemental m’a confié une vice-présidence et la délégation au handicap. Mon attachement à ces questions trop souvent délaissées m’a valu d’être nommée Présidente de la MDPH (Maison Départementales des Personnes Handicapées). Récemment, on m’a proposé un nouveau challenge : être candidate pour les élections législatives dans la 8ème circonscription des Bouches-du-Rhône. J’ai accepté ce nouveau défi et je suis très motivée pour le gagner.
Pourquoi vous présenter dans la huitième circonscription ?
S. D. La proximité géographique immédiate avec le canton de Vitrolles et le fait que nombre de communes partagent les mêmes problématiques et les mêmes enjeux m’ont naturellement amené à m’intéresser rapidement à ce territoire et à travailler sur ma compétence départementale, à savoir le Handicap, à travers la lutte contre les inégalités et l’accessibilité, ainsi que les secours aux personnes et la lutte contre les incendies avec le SDIS13. Pour l’instant, nous sommes en pleine élaboration d’un programme, en concertation avec nos relais locaux. J’ai d’ailleurs déjà commencé la tournée des maires. Il ne s’agit pas, pour moi, d’imposer un programme, mais de faire remonter les besoins et attentes des territoires concernés, qui ont chacun leurs problématiques. J’ai toutefois de grandes priorités, qui seront détaillées lorsque le moment sera venu : rebooster l’emploi sur la circonscription, revaloriser l’agriculture, aider à la création d’un hôpital à Salon, reprendre la question des transports et du réseau routier à améliorer et surtout tout mettre en œuvre pour une meilleure sécurité.
Que répondez-vous à ceux qui considèrent que c’est un parachutage ?
[pullquote]Je laisse parler ceux qui me critiquent sans me connaître. Je souhaite garder mon énergie pour la campagne[/pullquote] S. D. J’ai déjà eu l’expérience à Vitrolles où j’avais les mêmes oppositions. Au final, la population a été très réceptive et je me suis toujours adaptée. Je suis une femme de terrain. Sur le canton de Vitrolles je n’hésitais pas à aller leur parler, discuter avec ma poussette et mon bébé, en toute simplicité durant la campagne électorale. Pour moi, la politique c’est avant tout le terrain. Je laisse parler ceux qui me critiquent sans me connaître. Je souhaite garder mon énergie pour la campagne car il y a tant de choses à faire dans notre pays et sur ce territoire.
Est-ce aussi parce que vous êtes une femme ?
S. D. Il y a des moments où l’acharnement est très important et les attaques sexistes sont courantes. Ces combats m’aident à être plus forte. Personnellement je ne m’abaisse pas à insulter les gens, je pense que le respect doit primer y compris dans les combats politiques.
Maryse Joissains a soutenu Claude Filippi (maire de Ventabren) auprès de Nicolas Sarkozy en dénonçant elle aussi un parachutage. Est-ce à dire que votre candidature ne fait pas l’unanimité au sein de votre famille politique ?
S. D. J’ai beaucoup de respect pour Maryse Joissains. Elle nous a d’ailleurs soutenu Richard Mallié et moi aux Départementales (où j’étais déjà une « parachutée »). Cependant, elle ne siège pas à la Commission nationale d’investiture du parti, et Aix ne fait pas partie de la 8 ème circonscription. Concernant ma candidature, j’ai eu le soutien de Jean-Claude Gaudin, Bruno Gilles, Martine Vassal, Christian Estrosi et tous les députés du Département, lors de la séance de la Commission, personne n’a contesté ma candidature ; je pense donc que celle-ci est tout à fait légitime.
Est-ce que votre candidature est liée à la parité ? C’est ce que disent certains de vos « adversaires » locaux.
[pullquote]Est-ce si grave de défendre l’égalité des hommes et des femmes ?[/pullquote] S. D.Je pourrai répondre que s’ils estiment qu’il s’agissait d’une question de parité, ils auraient pu aussi présenter leur propre candidate. A quoi s’ajoute que la parité est un choix politique important : est-ce si grave de défendre l’égalité des hommes et des femmes ?
Quels sont vos modèles chez les Républicains ?
[pullquote]J’admire Simone Veil qui a été l’une des rares femmes politiques à avoir changé radicalement la vie des femmes[/pullquote] S. D. Guy Teissier : c’est à ses côtés que je suis entrée en politique. Je suis fidèle et loyale. Mais aussi Jean-Claude Gaudin qui a une belle carrière politique. Nous avons fréquenté le même établissement scolaire (mais à une époque différente [rire]). Pour moi, c’est important car nous avons une éducation et des valeurs communes, c’est indispensable en politique pour rester cohérent. Également, bien sûr, Martine Vassal. J’ai suivi son évolution, elle a un réel talent. J’aime bien Xavier Bertrand, il nous a soutenu à Vitrolles lors des départementales, c’est un homme accessible et très clairvoyant. Mais également Bruno Le Maire car il incarne le renouveau. Enfin, en dehors des Républicains, j’ai une préférence pour Simone Veil qui a été l’une des rares femmes politiques à avoir changé radicalement la vie des femmes et avoir tenu ses engagements. Je l’admire.
Ne craignez vous pas que votre candidature fasse monter le FN ?
S. D. Il serait préférable de ne pas présenter trop de candidats à droite, certes… Cependant à chaque fois que je me suis présentée sur mon nom à une élection, le FN a été battu. Je reste à l’écoute de la population et j’apporte des solutions sur le terrain, ainsi je pense au contraire faire barrage au FN. Mais tout dépendra évidemment des Présidentielles.
Quels rapports entretenez-vous avec les maires de la circonscription ?
[pullquote]Le risque est de dégoûter les électeurs avec ces guerres internes inutiles, et de faire ainsi la part belle au Front National[/pullquote]S. D. Nicolas Isnard, maire de Salon, la ville centre de la circonscription, et ancien candidat, me soutient totalement. La majorité des maires de droite également. Pour l’instant deux maires sont ouvertement opposés à ma candidature [Claude Filippi et son binôme de candidature Stéphane Le Rudulier, maire de Rognac, NDLR], mais je souhaite un rassemblement et j’appelle à l’unité . Le risque est de dégoûter les électeurs avec ces guerres internes inutiles, et de faire ainsi la part belle au Front National. Même si les coups bas ne me sont pas épargnés, je ne suis pas inquiète : car je suis plus que jamais motivée et déterminée à mener cette campagne pour ce territoire et mon pays que j’aime profondément.
Propos recueillis par
Nicolas Madelénat di Florio