C’est votre première rentrée universitaire en tant que Doyen de la faculté de droit (12 000 étudiants sur les 75 000 d’Aix Marseille Université). A quoi consiste votre travail ?
Jean-Philippe Agresti : Il s’agit de tout mettre en oeuvre pour les étudiants. J’ai basé toute ma candidature et mon projet sur l’étudiant. C’est ce qui doit déterminer toutes nos décisions, qu’elles soient pédagogiques, scientifiques, en matière de ressources humaines, de patrimoine, de finances. C’est l’étudiant qui doit guider nos actions, sa réussite et son insertion professionnelle. En tant que Doyen, je veux être le garant de cette préoccupation. Chaque décision doit être mesurée et pesée à l’aune de ce qui est bon pour un étudiant, pour sa formation, l’acquisition de connaissances et de compétences, et au bout du chemin son insertion professionnelle. Au-delà, le Doyen représente l’institution. Je veux m’inscrire entre tradition et modernité. Cette maison est une vieille maison avec plus de six siècles d’existence. La faculté d’Aix Marseille est l’une des très grandes facultés de droit en Europe. Il faut maintenir son prestige avec des spécialités fortes mais aussi se projeter dans la modernité. Concrètement en cette rentrée comme tout au long de l’année, le Doyen est chargé d’organiser tous les enseignements, tous les travaux, d’être la pour accueillir les étudiants. Pour celà, je m’appuie sur les services administratifs et une équipe de direction que j’ai nommé à mon arrivée.
Quelles sont les spécificités de cette rentrée ?
J-P. A. C’est une rentée particulière. L’université fonctionne par contrat avec le ministère. Nous pouvons délivrer les diplômes après avoir reçu une accréditation ministérielle. Celle-ci vaut pour un certain nombre d’années. Nous arrivons à la fin du contrat actuel. J’ai donc la charge de préparer avec le ministère le contrat pour les cinq années à venir. Nous allons au cours des prochains mois dresser le bilan du précédent contrat et éventuellement , modifier l’offre de formation pour les cinq ans à venir, à partir de la rentrée 2018.
Dans quelles directions souhaitez-vous orienter le prochain contrat ?
J-P. A. : Attention, ce ne sera pas le grand soir. Mais j’ai engagé la faculté de droit dans une réforme de son offre de formation pour une plus grande adaptation, d’abord aux étudiants, ensuite aux besoins du monde socio-économique. Mon souci est de faire évoluer cette offre en ayant toujours en tête l’étudiant. Qui sont-ils ? Qu’attendent-ils ? Que devons nous leur apprendre ? Et ensuite, demain quelle sera leur insertion professionnelle ? Il y a deux types de diplômes : les nationaux (licence, master et doctorats pour faire simple). Eux nécessitent une accréditation ministérielle. Et puis il y a les diplômes d’établissements (DU, Desu, Cesu). Ils sont associés à la fac de droit et viennent compléter l’offre de formation des diplômes nationaux. Notre projet est de rendre plus lisible l’offre de formation. Il faut que l’étudiant comprenne mieux l’offre pour tracer son projet. Ca veut dire parfois réduire le nombre, rassembler plusieurs enseignements ou encore changer le nom. Ensuite, nous voulons être attentifs au retour à une vraie progressivité des études endroit avec une montée en puissance. La première année doit permettre la découverte du droit, la deuxième année doit entrer plus avant dans les matières fondamentales et la licence doit donner à l’étudiant un socle solide. Puis le master est une étape de spécialisation, la aussi progressive, sur deux ans, qui ouvre sur un métier, une série de métiers ou un secteur.
Comment allez vous y prendre ?
J-P. A. Pour les fondamentaux en licence, nous allons renforcer les TD et revoir les modes d’évaluation des connaissances. Dans le sens d’un plus grand nombre de travaux dirigés mais aussi plus d’oraux et plus d’épreuves qui permettent de vérifier les compétences acquises, et pas seulement les connaissances. C’est une méthode que l’on enseigne. On a souvent l’impression que le droit c’est « beaucoup apprendre. » C’est faux, il faut beaucoup travailler mais pas beaucoup apprendre. Par contre, il faut maitriser une méthode,. Nous avons à former un esprit de juriste. Et c’est là que nous allons mettre l’accent. Car au bout du compte, il faut un juriste qui soit en capacité d’appliquer une méthode. Il faut aussi donner plus de compétences transversales. On s’aperçoit q’il y a une perméabilité encore plus grande qu’autrefois des disciplines. Le droit sans l’économie, cela n’a pas trop de sens, le droit sans le management idem. Le droit et la santé vont de pair dans certains domaines…
Sélection à l’entrée, égalité des chances, partenariat avec le monde socio-économique, recherche, international…
Demain la suite de notre entretien avec Jean-Philippe Agresti.