Un peu plus de trois mois après l’explosion survenue sur le site de LyondellBasell, au bord de l’étang de Berre, Gomet’ est en mesure de vous révéler que la piste d’un acte de malveillance est privilégiée, devant celle de l’acte terroriste. Une cellule d’enquête de 20 gendarmes a été constituée. Elle travaille à plein temps pour trouver les clefs d’une affaire surveillée de très près, depuis les plus hauts sommets de l’Etat. Révélations.
14 juillet 2015. Un bruit sourd vient déclencher une alerte en pleine nuit. Une explosion s’est produite sur le site pétrochimique de LyondellBasell, près de l’étang de Berre. Bernard Cazeneuve ministre de l’Intérieur prend la parole quelques heures plus tard et indique que « les premier éléments qui sont communiqués montrent qu’il s’agit effectivement d’un acte criminel dont la motivation n’est pas établie ». Les enquêteurs travaillent alors sur deux hypothèses majeures, celle d’un acte terroriste ou d’un acte de malveillance. Aujourd’hui, Gomet’ est en mesure de vous révéler que la seconde option a surclassée la première.
La piste terroriste pratiquement écartée aujourd’hui
Il y a le climat ambiant, à peine plus de 6 mois après les attentats de Charlie Hebdo. La France est en alerte au cœur de la période estivale. La date, ensuite, le 14 juillet au petit matin jour de rassemblement national. Voilà pourquoi les enquêteurs, qui privilégient avec le parquet l’acte criminel (ce qui est toujours le cas aujourd’hui), travaillent en premier sur cette piste terroriste. Travailler une piste ne veut pas dire la privilégier et d’ailleurs, depuis quelques semaines, les gendarmes de la section de recherche de Marseille ont trouvé une série d’indices qui n’accrédite plus forcément la thèse terroriste. Explications : l’explosif qui a été utilisé serait une « bombinette de fabrication artisanale » pour reprendre un terme de l’une de nos sources. « Ce n’est pas l’œuvre, à première vue, d’un terroriste. Si des terroristes avaient fait exploser le site, c’est toute l’usine qui serait partie en fumée. Là, on a voulu donner un avertissement. L’explosion n’avait pas pour but de tout détruire ».
Voilà pourquoi, la piste de l’acte de malveillance (de la part d’une personne en conflit avec l’entreprise ? d’un concurrent ?) est celle qui nécessite le plus de travail de la part des gendarmes depuis quelques semaines. Un travail de fourmi a été entamé, car la principale option de départ se résume à des fragments retrouvés au sol. Des morceaux de différentes matières dont les plus exploitables seraient en plastique et pourraient servir de composant pour un explosif. La notion de « travail de fourmi » prend alors tout son sens. « Du plastique, oui, mais de quelle pièce ? Quelle pièce de quel objet ? » Actuellement cette analyse de fragments est donc la seule porte encore ouverte pour conduire ensuite à ratisser les magasins susceptibles de la vendre. De quoi ensuite analyser les achats de ce type avec la crainte d’un obstacle majeur, le paiement en liquide. Une enquête particulièrement délicate donc, qui a été marquée par la visite du ministre de l’intérieur, effectuée, en toute discrétion.
Visite surprise de Bernard Cazeneuve
Le 10 septembre 2015, le ministre de l’Intérieur est en visite à Marseille. En fin de matinée, après avoir prononcé un discours, sur l’esplanade du J4, dans le quartier de la Joliette, le ministre décide de rajouter une étape à son programme. Là, les journalistes ne sont pas conviés. Direction la cellule d’enquête des hommes de la section de recherche chargés de travailler exclusivement sur le dossier. L’explosion sur le site pétrochimique de LyondellBasell a fait l’actualité au cours de l’été mais au moment de faire sa rentrée, le gouvernement aimerait annoncer des avancées dans les investigations, quand chaque opération visant à mettre à mal des préparations d’acte terroriste sur le sol français est largement relayée. « Un sacré coup de pression » raconte un témoin.
Les enquêteurs de la section de recherche de la gendarmerie nationale à Marseille sont certains d’une chose, l’enquête sera longue, sans aucune indication pour l’instant sur le délai encore nécessaire pour tenter de savoir qui, comment et pour quelles raisons cette explosion a eu lieu, peu après 4 heures du matin, le 14 juillet dernier sur le site pétrochimique de LyondellBasell.