Le chiffre d’affaires de Bourbon, basé à Marseille, s’inscrit en baisse de 19,9 % en 2018, à 689,5 millions d’euros, annonce le groupe dans le cadre de la présentation de ses performances financières annuelles. Il subit, en partie, les effets d’un taux de change défavorable puisque le repli de son CA n’est « que » de 13 % à taux de change constant. « Notre CA reste le plus important de toute l’industrie », se défend Gaël Bodénès, directeur général de Bourbon. Il met en avant la stabilité du taux de navires en exploitation du groupe à 82,3 % (+0,1 point par rapport à 2017). Bourbon annonce 317,1 navires opérationnels sur l’année, en équivalent temps plein, ce qui représente toutefois une baisse annuelle de 5 %.
« Gestion prudente de la trésorerie » pour Bourbon en 2018
C’est principalement la diminution de 9% des tarifs journaliers moyens, tirés vers le bas par le marasme pétrolier, à 7 942 dollars US (6 996 euros), qui contribue au recul du chiffre du groupe en 2018. Selon Gaël Bodénès, elle est « liée à l’effet mixte de renouvellement de contrats existants ». Il évoque, par ailleurs, les effets négatifs d’un « marché difficile, notamment pour notre activité « subsea » ». La faiblesse du groupe sur ce segment contribue aussi à un repli significatif de l’EBITDA (CA diminué des coûts d’exploitation directs et des frais généraux administratifs) : -8,6 points à 20,7 %. Mais ce n’est pas tout, car, sur ce point, le groupe enregistre également « des coûts additionnels liés à [des] efforts de rationalisation, notamment sur les bases à terre de la division Mobility et au change défavorable », comme le précise son DG. A taux de change constat, la profitabilité opérationnelle de Bourbon s’élèverait à 26,2 % en 2018, contre 29,3 % en 2017, soit une diminution de 3,1 points. Gaël Bodénès met en avant une « gestion prudente de la trésorerie », qui permet à Bourbon de finir 2018 avec un flux de liquidités positif à 102 millions d’euros. Ce qui reste toutefois inférieur aux 128 millions d’euros enregistrés lors de l’exercice précédent.
« Propositions en cours d’évaluation » pour la restructuration de la dette
Le DG se félicite, par ailleurs, d’enregistrer des « premiers succès liés aux offres de services intégrés ». Des contrats commencent à être signés, dans le cadre du déploiement du nouveau plan d’action stratégique baptisé #BourbonInMotion. Ces signaux positifs s’ajoutent à une réduction de la perte nette de Bourbon qui passe à 458 millions d’euros en 2018, soit 118 millions d’euros de moins qu’en 2017. Mais, malgré cela, le groupe reste toujours largement endetté à hauteur de 2,5 milliards d’euros. A la recherche de solutions, il bénéficierait toujours de la « confiance de [ses] partenaires financiers » avec qui il poursuit actuellement « des négociations pour adapter le remboursement de la dette à la capacité effective de l’entreprise », explique Gaël Bodénès. Concrètement, Bourbon aurait reçu plusieurs propositions qui prévoiraient de nouvelles voies de financement. Parmi elles, certaines pourraient aboutir sur une conversion partielle de la dette en capital. « Ces propositions sont actuellement en cours d’évaluation », précise le DG. Le groupe espère pouvoir aboutir sur ce point d’ici à l’été 2019.
Repère
Procès reportéOutre la baisse de son chiffre d’affaires et de ses bénéfices en 2018 ainsi que son lourd endettement, Bourbon essuie aussi des déboires d’ordre judiciaire actuellement. Le groupe et huit de ses cadres doivent comparaître devant le tribunal correctionnel de Marseille pour des faits de « corruption » d’agents du Trésor public à l’étranger, notamment en Afrique, selon l’AFP. Marc Cherqui, directeur financier de Bourbon de retour d’un déplacement d’affaires au Nigéria, avait déclaré la perte d’une valise en octobre 2012 à l’aéroport de Marignane. Le bagage avait finalement été retrouvé et confié aux service de la douane. Ces derniers y avaient trouvé plusieurs liasses de billets de 100 dollars US, pour un total d’environ 250 000 dollars. Le procès devait débuter lundi 19 et se poursuivre jusqu’au 27 mars 2019. Mais, à peine ouvert, il a finalement été repoussé pour un vice de procédure, selon l’AFP. Le juge d’instruction disposait de huit mois pour renvoyer les prévenus devant la justice. Un délai qu’il n’aurait visiblement pas respecté. Ce qui a conduit la présidente du tribunal a demandé à ce que l’ordonnance notifiant leur comparution devant le tribunal correctionnel de Marseille soit retournée au ministère public pour sa régularisation.
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