Le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin a réuni jeudi 19 novembre, à l’Hotel des Ville, les représentants des communautés religieuses de Marseille et membres fondateurs de Marseille Espérance.
Les membres fondateurs de Marseille Espérance étaient présents ce matin à l’Hotel de Ville de Marseille, à l’appel de son maire, Jean-Claude Gaudin. Marseille Espérance est une instance créée en 1990 et qui permet au maire de la ville de réunir les représentants des principales religions (bouddhistes, chrétiens, arméniens, catholiques, orthodoxes, protestants, juifs et musulmans) dans le but de dialoguer au sein de la “Maison Commune” dans le respect de la laïcité des citoyens, mais aussi de conserver une cohésion et une paix sociale.
Ce rassemblement n’est pas le fruit du hasard. Il fait suite aux attentats meurtriers de Paris survenus le vendredi 13 novembre et dont le bilan fait état de 129 morts et plus de 350 blessés. Le hasard, en revanche, c’est que la veille de cette réunion entre les membres de Marseille Espérance et le maire mais aussi différents élus, Marseille a connu deux agressions racistes. Mercredi 18 octobre dans la soirée, un professeur d’histoire d’une école juive du 13ème arrondissement a été agressé par deux jeunes hommes et blessé à la jambe et au bras. Les deux hommes ont proféré des insultes avant de montrer un tee-shirt à l’effigie de Daech ainsi qu’une photo de Mohamed Merah sur leur téléphone. Plus tôt dans la journée, c’est une femme musulmane qui est agressée à la sortie du métro Castellane par un jeune homme faisant l’amalgame entre les attentats de Paris et le port du voile. Elle aurait reçu un coup de poing et un coup de cutter au thorax.
La réaction de Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille :
« Nous voulons garder le cap de l’espérance »
Après ces horribles attentats, ces agressions racistes et les intimidations en tout genre, les membres de Marseille Espérance sont venus délivrer ensemble un message de paix, de solidarité et de fraternité. Monseigneur Georges Pontier a notamment pris la parole au nom de tous : « Tous ensemble face à l’horreur qui a frappé notre pays, en particulier notre jeunesse, nous souhaitons témoigner aux victimes, aux blessés, à leurs familles, leurs proches, notre compassion, notre solidarité […] Dans cette tempête, nous Marseillais de toutes cultures, de toutes confessions, de toutes origines, voulons garder le cap de l’espérance. Nous dénonçons toutes sortes de violences exercées de manière irresponsable à l’égard de quiconque à cause de son appartenance, réelle ou supposée, à telle communauté ou telle religion. »
L’imam Bachir Dahmani, membre fondateur de Marseille Espérance a prôné l’importance de l’amour et la fraternité. Concernant les agressions racistes, il a déclaré : « Ce n’est pas bien, particulièrement pour une femme mais aussi un homme ou un enfant. La femme, normalement dans notre religion, est très respectée et a beaucoup de droits. » Salah Bariki, membre fondateur et délégué de l’Imam Dahmani a quant à lui parlé de « crainte, de trouille, et d’angoisse » face à ces événements. Il a affirmé faire confiance à la justice, à la police et aux institutions malgré les inquiétudes.
Extrait de l’interview de Salah Bariki :
Enfin c’est le rabbin Lionel Dray, adjoint du grand Rabbin de Marseille qui a pris la parole pour dénoncer « des agressions gratuites, tragiques et inquiétantes. » Néanmoins il pense qu’affirmer que les différentes religions pourraient en venir à s’entredéchirer serait mal connaitre les Marseillais(es). Pour lui, « les réunions de Marseille Espérance sont très importantes et permettent de véhiculer un message de paix, de tolérance pour éloigner l’ignorance et la méconnaissance de l’autre, tout cela au sein de la cité mais aussi de la communauté nationale. »
Extrait de la déclaration de Lionel Dray concernant l’agression d’un enseignant :
Les maitres mots de cette réunion étaient l’espérance, la tolérance et surtout la paix entre les communautés. Une image illustre particulièrement ce message, il s’agit du rabbin Lionel Dray saluant respectueusemment l’imam Bachir Dahmani et lui tenant la main.
(Illustration : Au pupitre Jean-Claude Gaudin, puis l’imam Bachir Dahmani (portant le couvre-chef blanc), à ses côtés Monseigneur Georges Pontier puis le rabbin Lionel Dray. Crédit photo Andréa Dubois)