Alors que dans les derniers sondages* François Fillon est au pied du podium, dans le carré présidentiel final, le candidat de la droite et du centre est venu, mardi 11 avril, (re)conquérir les voix sur les terres de Provence, foulées quelques jours auparavant par Jean-Luc Mélenchon. Ce n’est pas sur le Vieux-Port, mais au palais des événements du parc Chanot, devant quelque 5000 personnes (lire notre précédent article) agitant pour la plupart des drapeaux aux couleurs de la France, que Fillon s’est placé en seul héritier du gaullisme, pour « réconcilier le pays avec le progrès et lui dire que le redressement national est possible. » Sa ligne, sa philosophie.« Le goût du progrès, c’est un état d’esprit »
Avec ses partisans, ceux qui croient en son programme, il entend poursuivre une « histoire millénaire. Une histoire de courage, de travail, d’audace, une histoire de combattants, de résistants, une histoire étonnante où nous avons rayonné comme aucune autre nation. » Parler de progrès en reprenant une page de l’histoire : « 1958, la Guerre d’Algérie » et citer De Gaulle, sa référence : « Dès la premier semaine de son mandat, le général De Gaulle prend partie pour une remise en ordre sans laquelle et ce sont ses mots : « nous resterons un pays à la traîne, oscillant perpétuellement entre le drame et la médiocrité. »
Macron, Mélenchon, Le Pen… Fillon lâche ses coups
Revivre un âge d’or de l’industrie française ? Pour François Fillon qui balaye les élans nostalgiques du passé « le progrès français est parfaitement possible » et insiste sur « les atouts » du pays : jeunesse, productivité des salariés, éducation, formation, recherche, leaders économiques, souveraineté nationale, agriculture, énergie nucléaire, beauté de la France… Un progrès qui ne peut être mis en œuvre sans « son carburant essentiel : la liberté. La liberté de travailler, d’innover, de construire sa vie et conquérir ses rêves. Je veux être le président d’une France qui respire à plein poumon, une France qui n’étouffe plus sous les règlements, les injonctions, les interdits idéologiques » Des propos qui ne sont pas sans rappeler ceux du candidat d’En Marche qui prône la liberté d’entreprendre. Emmanuel Macron qui n’est d’ailleurs pas épargné par son adversaire : « C’est facile de dire tout est son contraire ». Ni « l’insoumis » Mélenchon et la candidate du Front National : « Ce n’est pas avec le programme communiste de Mélenchon, et ses 175 milliards d’euros de dépenses nouvelles, et le retour au franc de madame Le Pen que l’économie française va redémarrer. Ces gens-là mon cher Jean-Claude (Gaudin) veulent nous faire croire que c’est la sardine qui a bouché le port de Marseille. C’est pas sérieux ».
Un discours sécuritaire qui fait écho aux Marseillais
Suppression des 35 heures, simplification du code du travail, suppression de toutes les normes françaises qui ont été ajoutées à celles européennes pour les agriculteurs et les pêcheurs ou encore la suppression de l’ISF… François Fillon a égrené quelques unes de ses mesures phares pour tenter de ramener dans son sillage un électorat qui peut (encore) basculer vers le parti de la flamme. Eux qui attendent un discours de fermeté reposant sur un socle : la sécurité. Et en la matière François Fillon veut « rétablir l’autorité de l’Etat », déroulant certaines de ses propositions majeures :une loi de programmation et de modernisation de la sécurité et de la justice, un milliard d’euro supplémentaire consacré aux investissements destiné à accroitre l’efficacité des forces de l’ordre, plus de moyens techniques innovants, d’outils informatiques performants, le recrutement de 5000 agents des forces de l’ordre et 5000 policiers ou gendarmes « aujourd’hui occupés à des tâches administratives » réinvestiront le terrain, expulsion des trafiquants de drogue, rétablissement des peines plancher instaurées sous Nicolas Sarkozy ou encore immigration « réduite à son minimum »…
Aucune tolérance pour les délits « transformés en contravention pour lesquels sera exigé le paiement immédiat », ni pour la fraude dans les transports et l’usage de stupéfiants… Jusqu’au retour de l’uniforme dans les écoles « pour que les enfants se sentent tous égaux et solidaires ». Un chapitre qui a visiblement fait écho dans le public marseillais debout applaudissant et scandant « Fillon président ! » à mesure qu’il distillait ses mesures.
« Vous allez vous battre »
« Le rôle d’un président de la République, c’est de protéger la France, préserver la paix par la force si nécessaire ». Une introduction à l’ultime partie de ce meeting s’ouvrant sur la politique internationale forcément portée par l’actualité syrienne et égyptienne : « Je ne ferais pas de diplomatie avec des émotions, je ne ménagerais pas mes efforts pour la paix comme je vois poindre la guerre. Il est temps d’avoir à la tête de notre pays un gaulliste ». Dans cette dernière ligne droite, le candidat joue le tout pour le tout sans retenir ses coups : « Les jours qui viennent sont cruciaux pour l’avenir du pays. Il vous reste quelques jours pour terminer cette campagne à fond et passer devant ceux qui s’y croient déjà. » Pour devenir le nouveau locataire de l’Elysée, il compte sur ces femmes et ces hommes dont il entend « dans les voix le mot liberté » et dans leurs yeux « le regard fier de ceux qui aiment la France. Vous allez vous battre car sans l’enthousiasme des Marseillais, jamais le chant pour l’Armée du Rhin ne ce serait appelé La Marseillaise. »
Dépassé par Jean-Luc Mélenchon dans un dernier sondage
* Selon une enquête Kantar Sofres-Onepoint pour le Figaro, RTL et LCI, Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France insoumise dépassait ce lundi 9 avril, désormais François Fillon dans les intentions de vote avec 18% soit une hausse de six points en trois semaines. Il dépasse donc d’un point le candidat les Républicains qui stagne à 17%. Le sondage donne Emmanuel Macron et Marine Le Pen “toujours en tête du 1er tour et au coude-à-coude avec 24% des voix, tous deux en léger recul (-2 pts chacun)”.