L’Histoire pour les nuls
Maryse Joissains a été une nouvelle fois « très colère » en fin de semaine. Réunissant « sa » communauté du Pays d’Aix, elle a trouvé saumâtre que le personnel chargé de mettre en place la salle du conseil, ait barré le sigle CPA qui figurait à côté du nom de chaque élu. Elle veut retrouver les coupables de cette abjection qui signifiait en clair que la CPA n’existait plus, depuis le début de l’année puisqu’a priori elle est remplacée par la Métropole Aix-Marseille-Provence. Et l’élue aixoise d’estimer que les fonctionnaires avaient montré un peu plus d’esprit de résistance en 1940. Une relecture de l’Histoire aussi singulière qu’audacieuse.
Justice pour un mécène
Jean Chorro, ex-premier adjoint de Maryse Joissains et ex-conseiller régional, vient de prendre sa revanche sur l’UMP. Le tribunal de grande instance de Paris a annulé son éviction du parti pour dissidence. Un vice de forme a été retenu puisque ce gaulliste affirmé avait été exclu de l’UMP avant le délai légal. Il est vrai que le parti qui est devenu depuis Les Républicains avait manqué ainsi singulièrement de reconnaissance, en écartant celui qui, dans le département et au national, a toujours été un très généreux donateur pour l’UDR, le RPR et l’UMP. Patrick Ollier député-maire de Rueil-Malmaison et l’ancienne ministre Michèle Alliot-Marie pourraient en témoigner. Autant que certains élus du Pays d’Aix.
Au pied de la lettre
Dans une belle envolée Christian Estrosi nouveau président de la région Paca a déclaré « nous sommes la plus belle carte postale de France ». C’est bien là que le bât blesse ! Une carte postale c’est beau pour ceux qui la reçoivent et y croient, mais cela ne dit pas forcément tout de l’envers du décor. Un chômage endémique, une insécurité chronique, le succès grandissant de l’extrême-droite… liste non exhaustive. Il faudrait justement en finir de s’auto-satisfaire des images de carte postale et prendre la réalité au pied de la lettre. De A à Z et loin des clichés.
Petit journal et petit reportage
Philippe Pujol, prix Albert Londres 2014, était l’invité de Yann Barthès et du Petit Journal. Il vient de publier aux éditions des Arènes une plongée socio-politique dans les quartiers de Marseille qu’il connait bien et où prospèrent désormais la drogue, les nouveaux caïds, et, toujours, le clientélisme. Le Petit Journal de Canal+, pour illustrer la présentation du livre de Pujol, a livré un reportage de deux minutes qui n’a pas évité le piège des images rabâchées depuis trois décennies. Les jeunes téléspectateurs de Canal ignorent sans doute tout du fameux Carnet de route de Christine Ockrent qui, au début des années 90, s’était vautrée dans la caricature la plus grossière sur la ville et ses plaies. Pujol raconte, lui, dix ans d’expérience au contact d’une réalité complexe (La fabrique du monstre). C’est vrai qu’il y a aujourd’hui peu de rédactions capables de publier un reportage au si long cours.
La kippa et le voile
Haim Korsia, le grand rabbin de France a défendu avec humour et force, le droit à la différence pour les juifs. Ses interventions faisaient suite à la terrible agression à la machette dont a été victime à Marseille le professeur d’une école privée. Korsia estime que « ne pas porter la kippa c’est renoncer» et il dit par ailleurs, avec un joli jeu de mots, « Pour vivre heureux, vivons casher… » C’est évidemment du second ou du troisième degré. Cela nous ramène a un peu plus d’un an, à Sciences po Aix, où un prof d’histoire militaire s’en était pris à une étudiante portant un foulard dans un amphithéâtre, en l’accusant d’être « le cheval de Troie du Salafisme ». Alain Juppé dans une rencontre où il débat avec le philosophe Alain Finkielkraut (Le Point) estime que des personnes majeures sont tout à fait capables de mesurer les conséquences du port d’un voile… (ou d’une kippa). Ce qui doit nous inquiéter à Marseille, c’est d’abord l’absence de solidarité (ou de fraternité) à l’égard des victimes des agressions. France Info annonçait cette semaine une émission où il serait question « d’interroger la réalité du vivre ensemble… » C’est le mot ensemble qu’il faut d’abord traduire.
A consommer avec modération
Un établissement, au demeurant fort sympathique de la Corniche Kennedy, promet sur la carte de son menu un « baba au rhum au limoncello ». Certes à Marseille l’audace culinaire est parfois renversante. On a déjà vu des crêpes bretonnes aux merguez ou des tartes tropéziennes sans la crème inventée par Mika. Mais annoncer sans sourciller que l’on a associé le rhum avec le limoncello c’est faire ce que Jerry Lewis avait osé commettre au Majestic de Cannes il y a déjà fort longtemps : mélanger du Coca-Cola avec un Gevrey Chambertin des années cinquante. Le cuistre avait alors reçu un volée de bois vert de la part de la directrice du cinq étoiles. On n’en viendra pas là, mais rectifions : un baba au limoncello pourquoi pas ? Pour le reste tant de chemins mènent au rhum.