« Annus horribilis ! 2015 aura été une année horrible à tous les niveaux. Une année qui a commencé par des attentats terroristes dramatiques et qui s’est terminée par d’autres bien pire encore ! » Le maire PS de Fos-sur-Mer, René Raimondi digère mal cette année 2015. Et il le fait savoir à ses administrés vendredi 15 janvier soir dès l’introduction de son discours des voeux. Et très vite il ne se contente pas, comme la plupart des édiles à en appeler à une concorde nationale convenue. Il prend le temps de revenir sur les grands faits d’actualité et en tire des leçons de morale républicaine sinon d’humanité tout court…
« Quelle horreur cette année 2015 ! Année de l’indifférence aux drames humains »
René Raimondi commente ainsi la crise des réfugiés. « En 2015, quel accueil avons-nous su réserver aux nouveaux arrivants qui ont fui la guerre … et le terrorisme ? Combien de familles entières a-t-il fallu voir couler au fond de la Méditerranée pour qu’enfin nous réagissions ? Quelle horreur cette année 2015 ! Année de l’indifférence aux drames humains qui est parvenue à immobiliser nos élans de générosité, à enfouir nos réflexes d’humanité, sous des prétextes nauséabonds d’intégrité territoriale, de sécurité économique et sociale. » Et d’appuyer là ou cela fait mal : « Mais est-ce là, la France de 1789 ? Cette France des libertés conquises une à une depuis deux siècles ? cette France plus proche de nous, celle de la Libération qui était pétrie des idéaux humanistes de la Résistance ? Nous nous sommes comportés en 2015 comme des enfants gâtés, en faisant fi des sacrifices accumulés par nos parents et toutes les générations précédentes pour construire notre bonheur. »
« La machine à fabriquer de la paranoïa se déchaine »
Le maire de Fos-sur-Mer se fait ensuite encore plus accusateur : « Et qu’en avons-nous fait de notre bonheur ? Un monde égoïste où rien, plus rien d’humain, n’a de place sauf l’égo, mon petit intérêt personnel, mon petit confort matériel ! Sommes-nous à ce point englués dans une telle indifférence face au malheur de l’autre ? L’autre est forcément mauvais : il nous menace, il nous prend ce à quoi nous avons droit, il veut notre place, il veut nous nuire, il … il … il … Et voilà la machine à fabriquer de la paranoïa se déchaine ! »
« Elle a bon dos cette crise »
René Raimondi en vient donc au vote Front national qui a atteint quelque 52% dans sa commune lors des dernières élections régionales. Un choc. « 2015 a révélé toute l’horreur d’une opinion française déboussolée, prête à s’en remettre à celui ou celle qui crie le plus fort, à ceux qui éructent des contrevérités et jettent des anathèmes. Pour l’expliquer, que n’avons-nous pas entendu sur la persistance d’une crise économique dont la France ne sort pas ! Mais elle a bon dos cette crise. Elle n’explique pas que certains se soient laissés contaminer, gangréner par un discours fascisant, nationaliste et identitaire. »
Se référant aux dernières élections, le président de l’ex-San Ouest Provence souligne que « L’idéologie extrémiste a ainsi pénétré l’opinion publique dans des proportions jusque-là inégalées. 2015 a subi une telle flambée de nationalisme identitaire qu’elle a failli emporter plusieurs régions de France, dont notamment la nôtre. Cette dangereuse flambée n’a pas épargné notre ville de Fos-sur-Mer, comme malheureusement bien d’autres communes tranquilles des Bouches-du-Rhône. Si les fascistes tirent profit des peurs de certains face à la situation économique, sociale et sécuritaire du pays, franchement, croyez-vous qu’à Fos-sur-Mer nous soyons particulièrement concernés, voire exposés à ces craintes purement fantasmagoriques. (…) Voilà 20 ans que je suis élu de cette ville et presque 12 ans que je suis votre maire. Je pensais pendant cette période vous avoir convaincus que la fraternité et la solidarité étaient la meilleure manière de bien vivre ensemble. »
« Je vous demande de vous engager dans une réflexion »
Après avoir rappelé ses valeurs de gauche et critiqué les actions du gouvernement qui «ne va pas de le bon sens » René Raimondi égrène ses engagements pour la suite de son mandat et le prochain (car il sera bien candidat annonce-t-il déjà). Enfin il formule un voeu à l’adresse de ses administrés: « Je vous demande de vous engager dans une réflexion qui vous amène à penser que la solution à toutes les difficultés de la vie ne se trouve pas dans le repli identitaire mais dans la vraie fraternité et dans la solidarité. C’est cet engagement collectif qui fera que 2016 sera, je le souhaite à toutes et à tous, l’annus mirabilis. L’année merveilleuse ! » Go !
L’intégralité du discours de René Raimondi