Le musée d’Histoire de Marseille propose aux visiteurs, jusqu’au vendredi 19 mai, d’assister au travail précieux des restaurateurs d’épaves qui interviennent actuellement sur place auprès de six de ses magnifiques vestiges. L’occasion exceptionnelle de mieux comprendre, non seulement, l’importance et le défi que représente la conservation du patrimoine, mais également de voir ces hommes et femmes de l’ombre à l’action.
Ils ont traversé les mers pendant des années, « environ une cinquantaine d’années, précise Laurent Védrine, conservateur en chef du musée d’Histoire de Marseille, et puis un jour, on les a menés ici, ce qui était à l’époque un cimetière à bateaux. C’est la raison pour laquelle on les a trouvés vides ». Ces six navires antiques, datant du VIe siècle avant JC jusqu’au IIIe siècle de notre ère, découverts non loin de leur place actuelle dans le musée d’Histoire de Marseille, ont droit cette semaine à toutes les attentions. « Leur dernier entretien remonte à 2013, nous devons faire cela tous les cinq ans environ car la poussière s’accumule et c’est un facteur aggravant pour leur conservation. D’autre part, nous avons remarqué que depuis la précédente restauration, les fers attaquaient désormais le bois. » Alors l’équipe de restauration du musée s’affaire à leur chevet pour stabiliser les bois de ces “squelettes” ô combien précieux, aspirateur en main et nacelle à l’appui notamment pour le plus grand d’entre eux « un navire romain de la fin du IIe siècle, de 23 mètres de long et 8 de large en chêne vert et en pin. La plus grande pièce maritime de la région ».
Hasard du calendrier ou pas, ce chantier de restauration in sitù n’est pas sans rappeler qu’il y a tout juste 50 ans débutaient les fouilles de la Bourse. Le maire de Marseille de l’époque, Gaston Defferre, lançait son programme d’urbanisme, dans le 1er arrondissement, comprenant les toutes nouvelles tours Labourdette, lorsque les équipes tombèrent sur une pierre, ou plutôt de gros murs. S’en suivirent « quinze années de fouilles qui représentent également les premières grandes fouilles archéologiques urbaines en France, à l’origine de la prise de conscience de la nécessité de faire des fouilles préventives avant de nouvelles construction » explique Laurent Védrine. « Ce n’était pas évident d’accepter un tel chantier archéologique car il fallait absolument construire. C’était les Trente glorieuses ! ». Gaston Defferre le fit. Ce qui permit de découvrir le site du port antique de la ville. Suivra l’aménagement du jardin des vestiges puis celui du musée d’Histoire au cœur du centre Bourse qui « a d’ailleurs cette particularité unique en France d’être intégré à un centre commercial. Preuve de la volonté d’avoir un grand musée populaire ».
À cette occasion de nombreux rendez-vous seront proposés au public, dans ce lieu agrandi et modernisé en 2013, notamment lors des Journées nationales de l’archéologie (JNA) ou des Journées européennes du patrimoine (JEP), sans oublier, d’ici là, la Nuit des musées, samedi prochain.
PRATIQUE
> Musée d’Histoire de Marseille – 2, rue Henri Barbusse – Marseille 1er – Tel 04 91 55 36 00
> Site : http://musee-histoire-marseille-voie-historique.fr
> Entrée gratuite à l’occasion de la Nuit des musées, samedi 20 mai.