Depuis sa naissance en 1947, la petite entreprise de terrassement de Tarascon a bien grandi. La PME, dont le nom signifie Nouvelle Génération d’Entrepreneurs, fait désormais jeu égal avec les majors du BTP comme Eiffage, Bouygues ou encore Vinci. Elle a publié en avril ces résultats 2018 avec un carnet de commandes record de plus de 4 milliards d’euros et un chiffre d’affaires qui dépasse désormais les 2 milliards d’euros, en hausse de 8 % par rapport à 2017. « Nous avons dépassé la barre symbolique des 1,9 milliards d’euros qui était notre objectif initial », se réjouit Antoine Metzger, le président du groupe. NGE a su développer toute une gamme de nouveaux métiers qui portent sa croissance et lui permettent d’aller concurrencer les géants du BTP sur les grands projets d’aménagement.
Le filon en or de la fibre optique
« En 2020, plus du tiers de notre chiffre sera réalisé sur des métiers qui n’existaient pas dans le groupe il y a quatre ans », explique Antoine Metzger. NGE est par exemple devenu un acteur incontournable de la fibre optique dans les territoires français. En 2017, cette activité ne pesait que 35 millions. Elle est passée à 90 millions l’an dernier et le groupe annonce plus de 160 millions pour 2019. Avec ses filiales, NGE Infranet et NGE Concessions, il est parvenu à remporter de très gros contrats dans le cadre du plan « France très haut débit ». En 2017, la région Grand Est lui a notamment confié le raccordement de près d’un million de prises d’ici 2023, un plan d’investissement à un milliard d’euros. L’an dernier, il a poursuivi sa conquête sur le secteur avec de nouveaux succès dans l’Hérault, la Gironde et la Charente-Maritime. La montée en puissance de la fibre optique s’est accompagnée d’une forte politique de recrutement de nouveaux profils. Le métier de la fibre est passé de 40 à 450 collaborateurs dans le groupe dont 80 % ont été formés chez NGE. La fibre optique représente aujourd’hui la moitié des grands projets décrochés par le groupe. Le reste concerne essentiellement les chantiers liés à la mobilité. NGE a notamment acquis une nouvelle compétence de tunnelier qui lui a permis de s’imposer dans la course aux contrats du Grand Paris Express.
En creusant, NGE devient tunnelier
En 2015, NGE a commencé à s’allier avec des partenaires étrangers comme l’italien Salini et le suisse Implenia au sein de consortium pour remporter des contrats de travaux de tunnelier face aux habitués du circuit que sont Bouygues et Vinci. En octobre dernier, il les a par exemple battu sur le lot 2 de la future ligne 16 au Nord-Est de l’Île-de-France, reliant Aulnay à Chelles, avec Salini Impregilo. Ce projet, d’un montant de 719 millions d’euros et d’une durée de 63 mois, représente l’un des cinq plus importants lots de travaux du Grand Paris Express. Avec l’excavation de plus de 11 km, ce chantier contribuera à la progression de NGE dans le domaine des tunnels. Le groupe veut monter en puissance sur les grands chantiers de métro à venir. Avec sa filiale ferroviaire STO, il compte répondre à l’ensemble des appels d’offres du Grand Paris Express qui prévoit environ 200 kilomètres de tunnels. Mais il n’oublie pas pour autant la province avec des collectivités qui semble relancer les investissements. « Elles ont retrouvé de belles marges de manœuvre, remarque Antoine Metzger. Selon nos chiffres, elles sont plus à l’aise qu’en 2012 et 2013 », avance le patron. Ainsi, il compte se positionner, comme chef de file, sur l’appel d’offres pour la réalisation de la troisième ligne de métro que Toulouse va lancer d’ici à 2022. Et NGE n’oublie pas son territoire d’origine. La région Provence-Alpes Côte d’Azur représente toujours 10 % de son chiffre d’affaires et emploie 1 000 salariés sur les 11 000 collaborateurs que comptent le groupe au total.
Un acteur de premier plan du transport local
« Depuis trois à quatre ans, on sent un redémarrage des investissements dans la région », affirme Antoine Metzger. Son entreprise profite notamment des grands chantiers sur les transports. NGE est en train d’achever le tramway d’Avignon et travaille également sur le bus à haut niveau de service (BHNS) d’Aix-en-Provence qui doit être livré en septembre. Le montant de ce chantier s’élève à 99,2 millions d’euros, dont 66,2 millions d’euros avancé par la métropole Aix-Marseille-Provence. « L’agenda de la mobilité de la Métropole donne une vraie feuille de route et j’ai l’impression qu’elle est tenue, ce qui nous permet d’avoir de la visibilité sur les prochains appels d’offres », estime le dirigeant. Ainsi, il attend avec impatience le lancement de l’extension du tramway marseillais vers les Catalans, la Rouvière et Capitaine Gèze prévue pour 2023. « On se positionnera systématiquement sur ces appels d’offres », prévient-il.
NGE compte faire valoir son ancrage régional et son savoir-faire dans le domaine sachant qu’il travaille déjà sur les tramway d’Annemasse et de Caen en plus d’Avignon. Le groupe a également développé une forte activité sur le ferroviaire notamment avec SNCF Réseau, son principal client. « On est le numéro un français sur les caténaires et à la troisième place derrière Vinci et Bouygues pour les travaux ferroviaires », indique Antoine Metzger. Le secteur pèse désormais 22 % de son chiffre d’affaires, soit environ 450 millions d’euros. Localement, il intervient sur la rénovation de la ligne entre Toulon et Aubagne mais sa compétence est reconnue à travers le monde.
Une croissance soutenue à l’international
La filiale de NGE, TSO, spécialiste des travaux ferroviaires, s’est fait une belle réputation dans le milieu des transports notamment grâce à sa participation au chantier de la nouvelle Elizabeth Line de Londres, un projet à plus de 15 milliards de livres censé relier à terme Heathrow à la City. Le Royaume-Uni pèse désormais pour 40 % du chiffre d’affaires à l’international du groupe et le Brexit n’inquiète en rien le patron du groupe : « Ce n’est pas un sujet pour nous. Nous travaillons sur place pour des clients anglais et en livre sterling donc ça ne changera rien », assure-t-il. De l’autre côte de l’Atlantique, NGE compte aussi sur quelques belles réussites en Amérique latine, au Mexique ou encore au Panama où il vient de livrer la deuxième ligne de métro de la capitale Panama City. Le groupe vient également de terminer le premier projet ferroviaire multi-métiers à l’international avec la livraison du tramway de Cuenca, en Équateur.
Enfin, avec une filiale au Maroc, au Sénégal et en Côte d’Ivoire, NGE reste très présent en Afrique francophone. Il va bientôt démarrer le chantier d’un des plus gros barrage hydroélectrique du continent, à Nachtigal au Cameroun, pour un montant de 400 millions d’euros. L’an dernier, le pôle international a bondi de 22 % pour atteindre 280 millions d’euros. Nul doute qu’il continuera à alimenter la progression du groupe cette année. Pour le prochain exercice, la direction de NGE table sur une croissance de 5 % pour un objectif de 2,13 milliards d’euros.