Le Nobel dit d’économie a été décerné lundi 9 octobre 2023, à l’Américaine Claudia Goldin, professeure à Harvard et spécialiste du travail et de l’histoire économique, a annoncé l’Académie royale suédoise des sciences.
Créé par la Banque de Suède, le prix d’économie « à la mémoire d’Alfred Nobel » a été ajouté en 1969 aux cinq prix traditionnels désignés par le testament d’Alfred Nobel. L’industriel et chimiste suédois, ayant prospéré notamment dans la dynamite et les détonateurs au XIXe siècle, avait souhaité léguer la quasi-intégralité de sa fortune à la création d’un fonds, dont les intérêts devaient être redistribués à ceux qui au cours de l’année écoulée auraient rendu les plus grands services à l’humanité dans cinq domaines : physique, chimie, médecine, littérature et paix.
Claudia Goldin est la troisième femme à décrocher la prestigieuse récompense en sciences économiques, après l’Américaine Elinor Ostrom en 2009 (en économie des organisations, en particulier les communs) et la Franco-Américaine Esther Duflo en 2019 (en économie du développement). Agée de 77 ans, celle qui se définit comme une « détective » toujours en quête de trouver la solution, est la première femme à recevoir ce prix seule, en unique lauréat.
200 ans de données sur les Etats-Unis
Le prix de cette année lui a été attribué pour « avoir fait progresser (la) compréhension de la place des femmes sur le marché de l’emploi.»
« Les recherches de Claudia Goldin nous ont donné un aperçu nouveau et souvent surprenant du rôle historique et contemporain des femmes sur le marché du travail », a précisé le jury. « Claudia Goldin a fouillé dans les archives et recueilli plus de 200 ans de données sur les Etats-Unis, ce qui lui a permis de montrer comment et pourquoi les différences de revenus et de taux d’emploi entre les hommes et les femmes ont évolué au fil du temps », a noté Randi Hjalmarsson, membre du jury Nobel.
Un niveau d’éducation qui monte mais pas le salaire ni la hiérarchie
« C’est un prix important, pas seulement pour moi, mais pour beaucoup de personnes qui travaillent sur ce thème et qui essayent de comprendre pourquoi il reste de grandes inégalités, malgré d’importantes évolutions », a réagi auprès de l’AFP Claudia Goldin. « Le niveau d’éducation des femmes a augmenté mais souvent, leur paye et leur grade hiérarchique n’a pas progressé », a-t-elle détaillé.
Par exemple, historiquement, une large part de l’écart de revenus entre les femmes et les hommes pouvait s’expliquer par des différences d’études et d’orientation professionnelle ; toutefois, la lauréate du prix cette année a montré qu’une large part de cette inégalité de revenus est désormais entre des hommes et des femmes de mêmes situations, et qu’elle émerge largement à l’arrivée du premier enfant.
Le site officiel du prix Nobel (nobelprize.org) publie une parlante, mais tristement amusante, illustration de cette analyse, intitulée “Parenthood effect” (l’effet de la parentalité), sans doute ici devrait-on dire de la maternité, que nous partageons avec vous.