C’est une start-up locale discrète que l’OM a récompensé le 10 décembre en lui décernant son trophée « premier contrat pro » accompagné d’un chèque de 25 000 euros, lors de la première édition de l’OM Innovation Cup. Pourtant, la promesse technologique faite par Moarty et sa plateforme Non.li est tout sauf anodine : « permettre à une marque de diffuser le bon contenu au bon moment grâce à des algorithmes ». De quoi séduire de grandes marques, dont la dernière en date est le groupe Dassault qui vient de confier ses contenus Web à Non.li.
Moarty est une toute jeune société, créée début 2014 au sein de Marseille Innovation, à Château-Gombert. A sa tête, Moise Morard, un entrepreneur au parcours original: « J’ai un passé de musicien professionnel sur Paris. A côté, j’avais un hobby, je programmais depuis l’âge de huit ans. En 2008, j’en ai eu assez de trop mal vivre de la musique, je me suis demandé ce que je pouvais faire de ma vie. Je me suis alors enfermé huit mois à la maison pour passer la certification PHP [un langage de programmation aujourd’hui très populaire, ndlr], qu’on était peu à avoir en France à l’époque ». S’en sont suivies plusieurs expériences professionnelles, mêlant technique et business, jusqu’à la création de Moarty.
Une carte d’identité numérique de l’internaute
La plateforme Non.li de la start-up repose sur un système de tag, à poser sur son site par la marque ou le média. Ce marqueur va alors capter l’ensemble des interactions avec la marque : est-ce que l’internaute vient d’un post Facebook, et si oui duquel ? Quel type d’article consulte-t-il ? … La plateforme va alors analyser ces informations et créer une carte d’identité numérique de cet internaute. Une société qui le souhaite peut aussi décider de coupler Non.li avec sa propre base de données client, pour créer un profil encore plus précis.
L’ensemble de ces informations permettra alors de pouvoir publier sur internet un contenu bien adapté à chaque internaute. Un club de football serait ainsi en mesure de savoir que telle personne s’intéresse de préférence à tel joueur et lui afficher des articles et des produits liés à ce joueur.
Le tout en garantissant un bon contrôle des données. Non.li est en effet un outil dit « first party », c’est-à-dire dont les informations collectées restent la propriété de la marque et ne vont pas circuler, hors de contrôle, sur le web. Un enjeu crucial en 2018, quand entrera en vigueur la RGPD (règlement général sur la protection des données), un nouveau règlement européen exigeant des entreprises la protection des données personnelles récupérées en ligne.
Lancement commercial en février
Dès ses débuts, Moarty a bénéficié de soutiens forts. « Nous avons eu deux early adopters, avec La Provence et Le Parisien. Ils nous ont permis de tester l’idée de base, et de la faire évoluer, poursuit Moise Morard. Le véritable lancement commercial se fera en février. On proposera alors trois plans, allant de 0 à 100 dollars par mois, permettant d’analyser les interactions. Plus tard dans l’année, sans doute en juillet, nous lancerons notre offre grand compte, qui démarrera à 5 000 dollars.»
Une des particularités de Non.li, c’est aussi de disposer, avant même son lancement commercial de clients de poids. Le groupe Dassault vient ainsi de choisir la solution pour optimiser ses contenus Web, pour l’ensemble de ses marques. Auparavant, ce sont les équipes Web de La République En Marche qui se sont saisies de l’outil pour analyser finement leurs interactions numériques. Des premières prises qui facilitent grandement le financement de la start-up.
En cours de levée de fonds
Moarty est actuellement en cours de levée de fonds, aidée par les spécialistes du financement high-tech Apparius Corporate Finance. « Nous voulons d’abord lever entre 300 000 et 500 000 euros, précise Moïse Morard. L’idée est de démontrer une traction forte avant d’embrayer sur une série A en fin d’année prochaine.»
Même si les 25 000 euros reçus peuvent sembler modestes par rapport à ces chiffres, la récompense obtenue à l’OM Innovation Cup aura été un coup de pouce très appréciable pour Moarty. « Je suis très content de l’OM, si j’avais des gens à remercier, ce serait bien eux, ce concours était vraiment passionnant. Et 25 000 euros, ça représente beaucoup pour nous, ne serait-ce qu’en matière de trésorerie. C’est un vrai gain, accompagné d’un apport business potentiel grâce à la mise en relation avec l’OM.»
Lien utile.
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Phot : Moise Morard, CEO de Non.li, tenant le chèque gagné lors de l’OM Innovation Cup (crédits LN)