Pierre Dartout, préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, était très attendu ce vendredi 3 mai, en préfecture, dans le 6ème arrondissement de Marseille pour sa conférence de presse sur la conjoncture économique du territoire. Autour de la table, des acteurs du monde économique : Jean-Charles Blanc, directeur territorial de Pôle emploi et son adjoint Didier Zielinski mais aussi Patrick Maddalone, directeur de la Direccte. Pour donner rapidement aux journalistes une idée sur les perspectives de croissance économique de la région, Pierre Dartout annonce que « la situation se traduit par une amélioration de la création de l’emploi ». Pour appuyer ses propos, il dévoile un taux de chômage de 10,2% pour l’année 2018 : « C’est le taux le plus bas depuis 8 ans ».
Selon l’Insee, le taux de chômage en France métropolitaine était de 8,6% en 2017. En 2018, il a baissé de 0,1% et a atteint 8,5%. Avec ses 10,2%, « le taux de chômage de la région est certes historiquement élevé par rapport à la moyenne nationale », relève Patrick Maddalone , « mais ce taux perd chaque année 0,2%, contre 0,1% au niveau national. Donc même si on est au-dessus de la moyenne, il baisse plus rapidement et ce, de manière homogène », ajoute-t-il. Une tendance baissière qui touche l’ensemble des territoires de la région et qui devrait continuer, selon l’Insee, sur l’année 2019.
Seul le département des Hautes-Alpes connaît une situation globalement plus favorable avec un taux de chômage constant et inférieur à la moyenne nationale : 8,4% sur les années 2017 et 2018. A l’inverse, le département du Vaucluse a un taux de chômage plus élevé puisque il touche 11,5% de la population active. Pour les Bouches-du-Rhône, l’Insee indique 10,6%. Il existe donc de fortes disparités selon les secteurs géographiques de la région. « L’emploi et le chômage, en Paca, sont en bonne voie mais sont inégaux selon les départements. Cela s’explique par la dynamique de certains territoires sur le plan économique. Il faut aussi prendre en compte la pyramide des âges, qui n’est pas la même partout », explique Pierre Dartout.
« Nous avons besoin d’une industrie forte »
« On continue à créer de l’emploi. En 2018, il y a eu une progression de 0,7% », souligne Patrick Maddalone. Parmi les secteurs qui recrutent, le préfet est ravi de constater que l’industrie affiche une hausse de 1,1%, soit l’équivalent de 1740 emplois. « Le secteur industriel représente une part bien moindre qu’il y a 40 ou 50 ans. Mais l’Allemagne et la Suède par exemple ont une économie qui résiste parce qu’ils ont une industrie forte. Il faut donc se réjouir de retrouver dans notre région, une progression de l’industrie. Nous avons besoin d’une industrie forte », indique Pierre Dartout.
13 190 emplois ont été créés en 2018, dont environ 7 000 pour le secteur tertiaire marchand, 2 000 pour le non marchand et 2000 dans le secteur de la construction. « Ce qui est important c’est que cette croissance de 2018 se poursuive sur le premier trimestre 2019 », indique le directeur de la Direccte. Le directeur territorial de Pôle emploi vient confirmer que cette tendance favorable : « Nous avons interrogé 34 800 établissements quant à leurs intentions d’embauche pour l’année 2019. 261 500 intentions d’embauche sont prévues, soit 5% de plus par rapport à 2018. Un chiffre inédit depuis 10 ans ».
30% des entreprises de la région ont donc un projet de recrutement en 2019. Parmi ces projets, 40% renvoient à des emplois saisonniers et deux tiers des recrutements se concentrent sur les services. Pôle emploi a relevé 93 610 intentions d’embauche dans les Bouches-du-Rhône, 60 000 dans les Alpes-Maritimes, 49 000 dans le var ou encore 35 000 dans le Vaucluse.
Bien que le taux de chômage semble baisser et que la création d’emploi soit en bonne voie, un point vient obscurcir le tableau. Le nombre de demandeurs d’emploi longue durée, soit inscrits depuis un an ou plus ne réduit pas. Pour le préfet, « c’est un mauvais signal auquel nous essayons de remédier grâce aux outils que proposent le gouvernement comme les emplois francs, l’apprentissage ou les parcours emplois compétences ».
Repères :
Trois dispositifs ciblés en faveur de l’emploi :
Les emplois francs : Mesure mise en place au cours de l’année 2018. Ce dispositif est désormais expérimenté sur les territoires des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse. Il s’agit de faire bénéficier aux entreprises d’une aide financière. Proposés par Pôle emploi et par le gouvernement, c’est un dispositif sans quota. Toute entreprise qui embaucherait un demandeur d’emploi résidant dans un quartier politique de la ville bénéficierait d’une aide de 5000 euros par an pendant trois ans pour un la signature d’un CDI ou d’une aide de 2500 par an pendant trois ans pour un CDD, quel que soit le poste occupé. En France, les Bouches-du-Rhône est le premier département à contribuer aux emplois francs, avant la Seine-Saint-Denis. Les emplois francs sont expérimentés sur un nombre limité de départements.
Parcours emploi compétences : Depuis janvier 2018, les contrats aidés sont transformés en parcours emploi compétences ou PEC. Il s’agit d’un dispositif d’insertion durant lequel, le demandeur d’emploi pourra bénéficier d’un accompagnement important de la part de Pôle emploi. Cet outil donne l’opportunité de rentrer de manière durable dans l’emploi. Le taux de prise en charge de ces emplois par l’Etat est maximum et donc intéressant pour tout type d’entreprise.
L’apprentissage : Cette voie permet à toute personne d’obtenir son diplôme par voie classique ou par une formation. La région Sud connaît une hausse de 6% sur le premier trimestre 2019 au regard du premier trimestre 2018 pour les contrats d’apprentissage. Depuis cette année, le dispositif est simplifié. L’organisme qui souhaite recruter un apprenti n’a plus besoin d’être inscrit dans un plan régional d’apprentissage. Le nombre de contrats d’apprentissage doit correspondre à la capacité des entreprises à accueillir des apprentis. Pour les entreprises de moins de 250 salariés, il existe une aide unique qui est déclenchée automatiquement dès lors que le contrat d’apprentissage est déposé. Par ailleurs, depuis février 2018, une aide de 500 euros est accordé aux apprentis afin qu’ils puissent financer leurs permis de conduire. Le salaire des apprentis a également été augmenté.