Par Narjasse Kerboua – Visuel: Géral Geronimi –
Le 10 décembre 2018, le conseil municipal de la Ville de Marseille devait se prononcer sur le lancement d’une nouvelle délégation de service public (DSP) pour l’exploitation du parc des expositions Chanot, situé au rond-point du Prado. Depuis 1985, le parc Chanot est géré par la Safim, filiale de Veolia, dans le cadre d’une convention qui arrive à terme à la fin de l’année. La première procédure de renouvellement de la DSP a été déclarée sans suite, à l’automne 2018, en raison d’une fragilité juridique sur la comparabilité des offres. Certains proposant un projet avec la salle de spectacles, d’autres sans, la Ville a jugé que la concurrence n’était pas équitable. Dans le cadre de la nouvelle DSP, la création d’une grande salle événementielle (GSE) est donc imposée, remettant les curseurs à zéro pour les candidats.
Reconfigurer un équipement des années 1960
Avec la nouvelle convention, la Ville prévoit de reconfigurer l’équipement. L’objectif est de « renforcer Marseille dans la concurrence des métropoles du bassin méditerranéen sur le volet événementiel, touristiques et de congrès », peut-on lire dans la délibération, grâce à un équipement redimensionné « au niveau de standards internationaux ».
Les installations datent de la fin des année 1960. Depuis, peu de transformations sont intervenues, à part une campagne d’investissement de 2011 à 2014. En partie vétuste, le lieu offre actuellement une surface de 15 000 m2 de surface d’exposition aux standards actuels. Comparativement, la ville de Metz en offre 18 800 m2 et Rouen 22 000 m2. Face au vieillissement de l’infrastructure, Marseille court un risque de réel déclassement par rapport aux autres métropoles qui réinvestissent et modernisent leurs sites de congrès et d’exposition.
Par ailleurs, le parc Chanot s’intègre dans un secteur urbain en plein évolution à proximité du stade Vélodrome, du nouveau centre commercial Prado Klepierre… impliquant pour la Ville de repenser son rôle dans son environnement immédiat.
Le projet pour atteindre les standards internationaux
Pour renforcer les fonctions actuelles de congrès et d’exposition, le projet prévoit la démolition du Grand Palais (sauf sa façade), du Palais de la Méditerranée et du Palais Phocéen ; la création de 40 000 m2 de nouveaux halls aux standards internationaux et la création d’une grande salle événementielle de 6000 à 9000 places (selon la configuration assis/debout).
Pour permettre au site de devenir un lieu de vie, ouvert à la population, la reconfiguration comprend également l’aménagement d’une grande allée plantée publique réservée aux piétons et transports doux (marche, vélo, trotinettes, rollers…) depuis le rond-pond du Prado jusqu’au parvis du stade Orange Vélodrome ; la création d’une grande esplanade paysagère centrale et le développement de la végétalisation du site, avec la valorisation de la présence de l’eau, et l’aménagement d’espaces de détentes.
Le contrat de 25 à 30 ans – comprenant la phase de travaux – prévoit pour le futur concessionnaire la prise en charge de la conception, la construction et le financement partiel des nouveaux équipements et des aménagements du parc Chanot. Il s’engage à assurer l’exploitation, la maintenance et le gros entretien pendant toute la durée de la concession. Enfin, il s’engage au développement de toutes les activités événementielles et économiques (foires, salons, congrès…). Le concessionnaire, maître d’ouvrage, agira donc pour son compte et se rémunérera principalement au moyen de redevances perçues sur les usagers.
Focus sur la grande salle événementielle (GSE)
La grande salle événementielle (GSE) a été imaginée comme un équipement capable d’accueillir jusqu’à 6000 personnes à l’occasion de grandes réunions de congressistes et des conventions. Elle devra être dotée d’un espace de 5000 m2 destiné aux salons et expositions. Dans sa configuration spectacles (concerts, comédies musicales, cirques…), elle devra pouvoir contenir jusqu’à 9 200 places assis/debout.
Autre fonctionnalité : le sport événementiel. Une option possible mais sans équipe sportive résidente. « Il n’y a pas de raison de conserver un dispositif d’Arena, avec des spectateurs tout autour de l’aire centrale. Le dispositif scénographique, en amphithéâtre, se révèle beaucoup plus polyvalent », nous explique un proche du dossier. Avec cette nouvelle GSE, l’ambition est de permettre l’accueil de concerts internationaux de grande jauge, dont les grandes tournées évitaient Marseille jusqu’à présent.
La Ville mise aussi sur la polyvalence et la proximité immédiate du parc des expositions pour drainer davantage d’événements et optimiser sa fréquentation. « Elle renforcera encore le projet de parc des congrès et des expositions qui permettra à la Ville de postuler à des événements de plus grande ampleur, à une échelle élargie au plan international ». La GSE a été imaginée afin de repenser l’organisation et la répartition des événements à l’échelle de la ville. « Ce nouvel équipement permettra d’accroître significativement l’attractivité nationale et internationale du territoire ».
Qui sont les prétendants ?
Plusieurs opérateurs sont déjà dans les starting-blocks. Le groupe Vinci, la Banque des territoires Provence-Alpes-Côte d’Azur et le groupe lyonnais GL Events, l’un des leaders mondiaux du secteur de l’événementiel, sont alliés pour une candidature de poids. De son côté, la Safim, l’exploitant sortant n’a pas dit son dernier mot. Elle devrait emmener avec elle la Chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence, le Crédit Agricole et le groupe Fimalac, avec à sa tête Marc Ladreit de Lacharrière. L’homme d’affaires a bâti en quelques années, via Fimalac Entertainement, un pôle de divertissement, remportant des délégations de service public de nombreuses salles de type Zénith en province. Autre candidat en lice et non des moindres : Franc McCourt, propriétaire de l’Olympique de Marseille qui aimerait étendre son influence dans le périmètre après avoir déjà récupéré l’exploitation de l’Orange Vélodrome. La bataille s’annonce féroce…
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