Il est arrivé discrètement au Parti Socialiste il y a plus de 20 ans, en franchissant la porte de la rue Montgrand (ancien siège du PS dans les Bouches-du-Rhône). Après plusieurs tentatives infructueuses pour adhérer à la section du 10e arrondissement de Marseille (son lieu de résidence à l’époque), Benoît Payan se rend à une réunion directement à la fédération socialiste. Il y prend la parole devant ceux qui étaient à cette époque les ténors du parti pour demander pourquoi il est si difficile d’adhérer, pourquoi il n’a toujours pas reçu “sa carte”. Marie-Arlette Carlotti lui répond et lui propose d’adhérer dans sa section, celle du cinquième arrondissement de Marseille, “la 305”, son nom de code au sein du PS. Benoît Payan accepte, il a la vingtaine et cet événement sera décisif pour la suite de sa vie politique.
(1) Les années MJS
Benoît Payan adhère au PS et au MJS, Mouvement des Jeunes Socialistes. Cette association mêle des militants âgés de 16 à 30 ans. Ils ont été très actifs politiquement jusqu’en 2012, dans la rue contre le CPE ou une énième réforme des retraites, ou en soutien aux candidats PS présentés à chaque élection. Benoît Payan fut l’un des cadres de ce mouvement. Discret, il n’occupa jamais la fonction d’animateur fédéral, titre réservé au dirigeant du MJS dans les Bouches-du-Rhône. Mais il y noue de solides amitiés politiques qui perdurent encore aujourd’hui. Il y côtoie notamment Yannick Ohanessian, aujourd’hui adjoint à la sécurité à Marseille. Mais aussi Anthony Krehmeier, maire du 2e secteur (2e et 3e arrondissements). Sophie Roques, présentée comme une figure de la société civile au Printemps Marseillais, et elle aussi adjointe au maire de Marseille, a été animatrice fédérale du MJS 13 de 2003 à 2005. C’est à ce moment qu’il rencontre aussi Arnaud Drouot, un de ses amis politiques. Egalement membre du PS, Arnaud Drouot devient collaborateur du groupe en 2014 et adjoint au maire de Marseille en 2020.
(2) 2008 : le premier mandat
En 2008, il est élu pour la première fois sur les listes d’union de la gauche menées alors par Jean-Noël Guérini, battu par Jean-Claude Gaudin. Le très puissant président du Conseil Général a réussi à faire l’union totale, de Lutte Ouvrière au Modem. Benoît Payan devient lors de ce scrutin adjoint au maire des 13e et 14e arrondissements, en charge de la jeunesse et conseiller communautaire de Marseille Provence Métropole. Jeune, il l’est encore. C’est l’année de ses 30 ans. Il occupe professionnellement des fonctions très politiques : membre du cabinet de Michel Vauzelle, président de région, salarié à “13D”, entreprise parapublique qui chapeaute l’aménagement du territoire (sous la houlette du Conseil Général de M. Guérini).
Mais ces deux premiers mandats ne lui suffisent pas, et il tente sa chance en 2011 lors des élections cantonales. A 33 ans, il se présente dans le canton de Marseille-Mazargues (entre les 8e et 9e arrondissements), acquis à la droite. L’outsider du Parti Socialiste ne récolte que 19,99% des suffrages exprimés au premier tour et ne se qualifie pas pour le second.
(3) 2012 : retour dans l’ombre
En 2012, l’élu passe momentanément dans l’ombre d’une femme, Marie-Arlette Carlotti. Celle qui l’accueillit au Parti Socialiste est devenue ministre déléguée aux Handicapés dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Il rejoint son cabinet en tant que “conseiller spécial”. Ce poste, éminemment stratégique, désigne le collaborateur qui ne rend compte qu’au ministre directement. Il traite alors des dossiers dits réservés, et il est placé hors organigramme dans le cabinet.
En 2014, il est deuxième de la liste PS-EELV du 3e secteur (4ème et 5ème arrondissements) de Marseille, toujours derrière Marie-Arlette Carlotti. Celle qui a renversé en 2012 Renaud Muselier, député sortant, sur ses terres, revient en conquête face à Bruno Gilles. Mais la campagne prend une autre tournure et le Parti Socialiste perd ce secteur assez largement, tout comme la ville avec un Patrick Mennucci en leader socialiste défait. Benoît Payan est à peine élu conseiller municipal, il ne siègera même pas à MPM comme ce fut le cas lors du précédent mandat. La PS des Bouches-du-Rhône, n’est plus qu’un champ de ruines, après une primaire dévastatrice à Marseille et une campagne ratée. A cette défaite politique, s’ajoute la perte de son emploi, Marie-Arlette Carlotti n’étant plus ministre dans le gouvernement Valls.