Pétanque : les femmes gagnent du terrain (2/3)

La pétanque, un sport masculin, oui mais pas que. Les femmes, depuis maintenant de nombreuses décennies, ont su gagner du terrain et des concours dans cette discipline. Rémy Beltrando, joueur invétéré, s’est penché sur ce phénomène à l’occasion du concours de datajournalisme lancé par Gomet’.

Dans le Comité Bouliste 13, on constate l’écart qu’il existe entre le nombre de licenciés hommes et femmes. Une différence évidente qui met en relief un sport encore principalement masculin.

Pourtant, la relève se prépare, puisque, si le nombre de licenciées adultes n’augmente pas, les petites filles, elles, s’inscrivent en masse.

Au club de Saint Julien, Sylvette Innocenti encourage largement les jeunes femmes à intégrer ce milieu. Avec un palmarès incroyable à son actif, elle s’occupe des petits et petites de la « boule des amis ». Cette grande championne de la pétanque perçoit l’arrivée des femmes sur les boulodromes comme une merveilleuse évolution, elle qui a du affronter les hommes, à une époque où la présence des femmes sur les terrains de boules n’était pas démocratisée. Elle se confie :

Votre première fois dans ce sport c’était comment ?

Sylvette Innocenti : Magique, quand j’ai commencé à l’âge de sept ans, j’ai tout de suite accroché à la pétanque. Ce sport de précision m’a attiré et cela fait maintenant plus de 50 ans que j’y joue.

A l’époque, les concours femmes existaient ?

S.I. : Non, les premiers sont apparus dans les années 70, nous n’avions pas les mêmes moyens et il y avait moins de femmes qui jouaient, beaucoup moins.

Les jeunettes de St julien ont un bel avenir ?

S.I. : Oui très certainement, elles ont déjà de l’avance dans les conditions, les terrains aménagés, des entraîneurs et beaucoup de monde qui les encadre tout au long des journées.

Une chance qu’elles vous dépassent un jour ?

S.I. : Sans doute que oui mais je me rends compte que toutes ces nouvelles aides empêchent une réelle progression comme nous auparavant. Quand je jouais avec des amis dans l’herbe nous ne pouvions pas tirer devant ce qui nous a amélioré grandement au tir.

Et qui dit augmentation du nombre de femmes dans les clubs boulistes dit nécessité de les intégrer aux concours de boules. Les premiers concours féminins sont apparus dans les annnes 70. Aujourd’hui pour imposer des femmes dans les équipes, on retrouve les concours mixtes : 1 homme – 1 femme, et les concours 2 hommes – 1 femme, et bien sûr les concours exclusivement dédiés aux femmes, assez nombreux comme en témoigne le graphique ci dessous.

Ceci dit, sauf si le concours spécifie que seuls les hommes sont admis, les femmes peuvent participer à tous les concours. Et lorsque les femmes se mettent aux boules, elle ne le font pas à moitié, Michèle Deledda, « La Nine » de l’ancien restaurant « les deux sœurs » de la Belle de Mai témoigne sa passion :

Quand avez-vous été licenciée la première fois et à quel endroit ?

Michèle Deledda : J’ai commencé en 94, ma première licence c’était à la boule Florian qui était à l’époque le plus grand club de France.

Aviez-vous des idoles là-bas ?

M.D. : Oui, c’est dans ce club que j’ai découvert les grands champions, de Lovino à Massoni mon idole.

Vous avez participé à la Marseillaise féminine ? Avec qui aviez-vous l’habitude de jouer ?

M.D. : Pendant 8 ans, j’ai joué avec Cécile Masse et Séverine Roche. Ces deux championnes des Bouches-du-Rhône, ensemble on a fait sept quarts de finale et une demi finale perdue 12 à 13.

Et maintenant ?

M.D. : Et bien je suis partie de la boule Saint André car nous étions seulement trois femmes ce qui était compliqué pour les concours, alors actuellement je suis licenciée à la boules des amis de Saint Julien.

Une grande personnalité de Marseille qui nous livre même son petit rituel d’avant concours…

M.D. : Ma première des choses, je prépare mon rechange, mon sac à main avec ma trousse de maquillage, mon rouge à lèvres et mon disque La Nine que je chante sur les terrains de boule.