Quels enseignements tirer de votre activité en 2016 ?
Pierre Villefranque : 2016 est une année de consolidation pour nos activités en région Provence Alpes côte d’Azur.. Au total, nous avons soutenu au cours de l’année 6300 entreprises à hauteur de 1,4 milliard d’euros (contre 1,45 milliard en 2015), ce qui a permis un apport global de plus de trois milliards de financements publics et privés dans l’économie locale. Il y a donc une très légère variation de nos engagements mais nous nous situons à un niveau très élevé. Il faut rappeler que la hausse avait été de 25% en 2015 par rapport à 2014. Ce qui a un peu marqué le pas, ce sont nos financements directs à moyen long terme. En revanche, ce qui a progressé, c’est notre activité d’aide à l’innovation et également en garantie des prêts bancaires. L’année 2016 aura été marquée aussi pour nous par l’ouverture d’un troisième site à Avignon, aux côtés de ceux de Marseille et Nice, dirigé par Stéphane Lo Piccolo.
L’activité de Bpifrance progresse pourtant beaucoup plus vite au niveau national (croissance à deux chiffres). Pourquoi une telle différence ?
P.V : En 2016, il ne vous aura pas échappé que les banquiers ont retrouvé une agilité nouvelle. Le phénomène qui s’ est amorcé en 2014 et 2015 s’est encore amplifié en 2016 à la faveur de taux historiquement bas. Il faut bien reconnaitre que les banquiers en 2016 ont eu moins besoin de l’appui de Bpifrance pour soutenir les entreprises. Tant mieux, notre positionnement est d’être disponible en fonction du degrés de risque des banquiers. Peut-être avons-nous observé ce phénomène un peu plus fortement en Paca où le niveau d’investissement s’est bien tenu. Et encore une fois, je tiens à souligner que nous maintenons un niveau très élevé d’engagement.
Quelles sont les évolutions sectorielles que vous constatez dans les investissements ?
P.V : On a eu un peu moins d’investissements dans les énergies renouvelables. Tout ce qui concerne l’éolien, le photovoltaïque… Ce sont des gros investissements très capitalistiques. Il y a eu un peu moins de demande sur ce créneau-là en 2016 qu’en 2015. Hormis ce segment, tous les autres progressent. L’hôtellerie, l’immobilier en général du tertiaire au logement, le secteur de la santé, l’agroalimentaire. Notre activité auprès des PMI est plus faible mais elles sont peu représentées dans la région.
Pouvez-vous citer quelques dossiers dans lesquels vous êtes entrés en fonds propres en 2016 ?
P . V. : Des PME locales comme Villas Prisme, constructeur de maison individuelles basé en Provence ou Airflow (logistique du gaz). Nous sommes entrés également dans Crosscall qui produit des smartphones à usages extrêmes. On a aussi soutenu la société de Franky Zapata avec son Flyboard Air. Il y a également de belles histoires dans la santé et les biotech comme Provepharm.
Quel regard portez-vous sur la conjoncture économique du territoire de Provence Alpes Côte d’Azur ? Quelles sont les spécificités de chaque zone ?
P.V. : Je trouve que c’est quand même assez équilibré. Je vous mentirai si je disais que l’on est très présent dans les deux départements des Alpes. Nous n’y sommes pas assez à mon goût. Mais après, je trouve que tous les départements avancent au même rythme. Il n’y pas d’hégémonie marseillaise ou niçoise. Aix tourne très fort bien sûr. Il n’y a pas de zones de Paca qui soient à la traîne. Tout le territoire est dans une spirale positive en ce moment. On peut en déduire que c’est bien l’heure de la reprise.
Quels sont vos objectifs pour 2017 ?
P.V. : On attend beaucoup du volet international sous la forme de nos crédits, de l’Assurance Export de Bpifrance, la garantie publique gérée précédemment par Coface, et de toute notre boite à outils. On espère une croissance de 30% dans cette activité. C’est beaucoup. Il s’agit de passer de 100 à 130 millions d’euros en 2016 à 140 millions d’euros en 2017. C’est vraiment le segment de croissance attendue pour 2017. Ces résultats seront obtenus grâce notamment à la convergence de nos outils historiques avec ceux que nous gérons pour le compte et au nom de l’Etat depuis janvier 2017. Nous avons également créé une équipe internationale en région Paca, rattachée à la direction régionale, nommée en 2016 et pleinement opérationnelle avec son équipe en 2017 (lire Le Digest hebdo n°3, la bio express de Tiny Doucende-Ramirez, NDLR). Il y a un autre segment qui va connaître une force croissance en 2017, c’est tout ce qui relève de nos métiers de l’accompagnement, du conseil et de la formation. Nous avons développé depuis deux ans un ensemble de programmes pour les entreprises que l’on déploie en synergie et en appui de nos soutiens financiers. En 2017, on va mettre le paquet. On a par exemple nourri l’Accélérateur Paca initié par la Région. L’an dernier, nous avions quatre entreprises accélérées. En 2017, on passe à huit entreprises. Et nous nous sommes fixés comme objectif de réaliser une cinquantaine de missions de conseil auprès de nos clients contre une vingtaine en 2016. Pour le reste, nous devrions être à l’identique.
En matière d’innovation, il y avait de nombreuses attentes, notamment sur les budgets consacrés aux bourses French tech. Il n’y aura pas d’évolution pas rapport à 2016 ?
PV : Nous sommes déjà très haut. Au total en 2016, Bpifrance a financé en Paca 554 projets innovants, représentant un total 315 millions d’euros de programmes financés à hauteur de 102 millions d’euros par Bpifrance. Cela représente 10% des investissements innovation nationaux gérés par Bpifrance, comme en 2015. C’est au-dessus du poids de Paca dans l’activité nationale qui se situe à 7%. Nous sommes donc l’une des régions les plus dynamiques dans ce domaine et nous avons l’objectif de maintenir le niveau actuel. En matière d’innovation, nous menons également des initiatives avec la Région Paca. Sur les 102 millions consacrés à l’innovation, une vingtaine sont consacrés à des cofinancements avec la Région Paca au sein en particulier des PRI, les partenariats régionaux pour l’innovation mis en place dans le cadre du programme des investissements d’avenir. 83 entreprises en ont bénéficié et cinq projets d’innovation sociale. Concernant la Région, des discussions sont en cours pour amplifier notre partenariat. Nous sommes en phase d’échanges intense pour mettre à disposition nos outils afin d’intensifier la politique économique régionale. Pas seulement sur l’innovation d’ailleurs mais aussi sur les sujets concernant le soutien aux TPE dans le sillage du guichet unique lancé par la Région.