Lors d’une conférence de presse tenue le 24 septembre, Delphine Couzi, directrice régionale de SNCF Voyageurs TER pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et Karim Touati, directeur territorial de SNCF Réseau, ont abordé la situation des trains régionaux, notamment leur ponctualité en 2023 et les mesures prises pour améliorer leur régularité.
En effet, les résultats de 2023 ne sont guère reluisants. Selon une étude de l’UFC-Que Choisir, 9,6% des trains ont été annulés ou déprogrammés, et parmi ceux qui ont circulé, 11,2% sont arrivés avec un retard supérieur à cinq minutes. Interrogée sur les raisons de cette baisse de ponctualité, Delphine Couzi a reconnu que l’année 2023 a été particulièrement difficile : « Ça a été une année hors norme. On a été très surpris par le post-rebond du Covid avec une augmentation massive de voyageurs. Entre 2019 et 2023, la fréquentation a augmenté de 19%, et entre 2023 et 2024, nous sommes déjà à +19%. » Ce contexte a mis à rude épreuve l’infrastructure ferroviaire et les systèmes d’organisation de la SNCF qui reconnaît avoir été recadrée par la Région sud.
Malveillance, météo, travaux, hausse de la demande
Les causes des retards sont multiples et souvent imprévisibles. Delphine Couzi évoque des facteurs externes comme les intempéries, les incendies, les altercations, ou encore les actes de malveillance. « Nous avons eu un exemple très récent, une tentative d’effraction cette nuit sur une guérite, qui aurait pu bloquer tout un secteur », explique-t-elle. Ces événements, bien que ponctuels, peuvent avoir des répercussions sur plusieurs jours, comme après une collision avec un animal : « Ce n’est pas anecdotique. Il faut parfois immobiliser le matériel plusieurs mois pour des vérifications de sécurité. »
Le changement climatique rend aussi la situation plus complexe. « Les événements météorologiques, comme les orages ou les incendies, sont de plus en plus fréquents et ont des impacts directs sur nos infrastructures », souligne Karim Touati. À cela s’ajoutent les travaux nécessaires pour moderniser le réseau, qui nécessitent des limitations temporaires de vitesse et ralentissent la circulation : « Ce sont des travaux indispensables qui permettent de retrouver des infrastructures renouvelées », précise-t-il, en ajoutant que « plus on fait de travaux plus on a ces risques.»
Par ailleurs, l’organisation des Jeux Olympiques a représenté un défi de taille pour la SNCF, particulièrement après l’attaque de sabotage le jour de l’ouverture des jeux, qui a touché trois des quatre lignes TGV majeures. Karim Touati y voit toutefois une réussite : « C’est là où une entreprise publique comme la SNCF montre ce qu’elle sait faire. Au-delà de ce choc, ces JO ont été un succès pour la mobilité. » Ce succès est le fruit de plusieurs années de préparation, avec notamment des dispositifs de maintenance préventive et des trains supplémentaires.
La SNCF prévoit un budget entre 150 et 180 millions d‘euros par an sur 2025-2030
Face à cette situation, un plan d’actions ambitieux a été mis en place pour améliorer la régularité des trains régionaux. Karim Touati annonce un plan articulé autour de quatre axes : « supervision et gestion des circulations, robustesse des horaires, résilience des infrastructures, et gestion des travaux et des limitations de vitesse ». L’objectif est de faire face aux défis climatiques et d’assurer une meilleure qualité de service.
Delphine Couzi rappelle aussi que des investissements importants sont prévus pour moderniser le réseau régional. « En 2024, nous aurons investi 350 millions d’euros, un montant en constante augmentation », déclare-t-elle. Parmi ces projets, la modernisation de la signalisation et l’acquisition de nouvelles rames, dont deux arriveront en 2026, devraient contribuer à une meilleure fluidité du trafic. « Nous louons aussi deux rames supplémentaires pour la Côte d’Azur, pour répondre à l’augmentation de la demande », précise-t-elle.
Concrètement les actions à venir sur 2025-2030 sont :
- Télésurveillance : des centres de signalisation et passage à niveau télésurveillés pour faciliter les diagnostics sur Marseille – Lyon et Marseille – Vintimille
- Faune : la pose de clôture dans le Var pour protéger la faune sauvage (passage sous la voie)
- Modernisation du réseau : la régénération de la ligne Miramas – Avignon par Cavaillon, la fiabilisation des installations de signalisation, la régénération des tunnels de St Laurent et des parois rocheuses de l’Estérel et suite rapide caténaire
- Modernisation de la signalisation et postes : la modernisation de la ligne Nice – Breil, projet haute performance Marseille-Vintimille, CCR (commande centralisée du réseau
Le budget pour ces actions s‘élèvent entre 150 et 180 millions, ce à quoi s‘ajoutent 11 millions pour le traitement préventif de la végétation pour les incendies et pour la maintenance, « un investissement de SNCF réseaux avec ses partenaires financiers notamment la Région Sud », affirme Mr Touati.
Delphine Couzi se veut optimiste quant aux premiers résultats : « Nous avons progressé de plus de deux points par rapport à 2023. En 2024, nous commençons à tirer les fruits de ce plan ». Sur la Côte Bleue, un axe particulièrement touché par les retards, la régularité est passée de 79% à 89%. L’enjeu, selon elle, est désormais de maintenir ces progrès : « Il faut qu’on soit au rendez-vous après cette année 2023. »
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