Le Parti communiste français des Bouches-du-Rhône présente ses vœux ce lundi 29 janvier, à la Maison des communistes. Si 2018 rime avec riposte à la politique gouvernementale, l’année permettra également de préparer les élections européennes et le chantier des municipales de 2020, amorçant une transformation du parti. Sur le territoire, le Parti communiste et la France insoumise ont des convergences communes qui peuvent devenir une force.
En 2018, le Parti communiste français des Bouches-du-Rhône n’entend pas rester sur la touche. Idem pour les municipales de 2020. « Le Parti communiste français est ancré sur le territoire depuis 1920 », rappelle Jérémy Bacchi, secrétaire départemental, qui a affirmé, vendredi 26 janvier, que Jean-Claude Gaudin n’avait pas fait deux mais « trois mandats de trop ». « Les communistes ont et vont jouer un rôle dans la perspective des municipales dans cette ville ». Pour cette échéance, il faudra compter sur des personnalités du parti, tels que Jean-Marc Coppola, élu à la Région, Marc Poggiale, président de l’entité départementale, Valérie Diamanti, conseillère municipale des quartiers nords… Quelques noms cités par le jeune secrétaire départemental. Quels rôles joueront-ils ? Chef de file, tête de liste, animateur dans la campagne… « La question des individus se pose, mais elle vient autour d’un projet », estime Jérémy Bacchi. D’autant que celui-ci veut s’appuyer sur un certain nombre de nouveaux adhérents, des intellectuels, syndicalistes, médecins qui ont rejoint le parti ces dernières semaines « et qui auront un rôle à jouer dans la construction de ces municipales ainsi que dans l’élargissement, car il ne s’agit pas d’avoir une conception rabougrie du parti ». Un parti qui compte aujourd’hui 6 000 adhérents.
Les convergences entre PCF et France insoumise
Lui-même, militant communiste depuis l’âge 15 ans, résidant dans les quartiers Nord, ne se ferme aucune porte. « En tant que Marseillais et secrétaire départemental, j’ai un regard particulier sur cette ville. On a besoin de tout le monde et de travailler en bonne intelligence avec les camarades cités, pour qu’une nouvelle génération d’élus puissent transformer cette ville, en rapport avec les besoins de la population ». Il voit donc au-delà de ses propres rangs, mise sur des compagnons de route qui ont été proches fut un temps, ou plus éloignés désormais. La France insoumise se présente comme la meilleure alliée, et entre les deux mouvements le dialogue existe. Une délégation du PCF s’est d’ailleurs rendue aux vœux de Jean-Luc Mélenchon, vendredi 19 janvier. Une présence appréciée, visiblement. Et si le leader de LFI n’assistera pas aux vœux du PC ce lundi 29 janvier, il sera représenté.
Les deux formations disposent d’un « point d’appui intéressant » : l’Assemblée nationale. « Les deux groupes fonctionnent de manière autonome mais en étroite relation sur un certain nombre de sujets. On vote souvent de la même façon ». Si les comités de liaisons mis en place au sein des groupes permettent d’avoir des échanges constructifs, l’enjeu sur le territoire reste le fond. « La forme, elle, arrivera lorsque les uns et les autres auront fait un certain nombre de propositions sur leur vision. On va se rendre très rapidement compte qu’il existe des points de convergences, sur de nombreux sujets. Les discussions vont sûrement s’accélérer à partir de ce moment-là, parce que je ne peux pas imaginer un seul instant, alors que la droite s’écharpe la succession de Jean-Claude Gaudin et où l’on observe des jeux de casting permanents, que la gauche soit assez stupide pour jouer le jeu des chapelles et de la division et ne pas travailler sur un contenu de transformation pour Marseille et le territoire. En tout cas, les communistes ne joueront pas ce jeu-là ».
De nouvelles pratiques militantes
Des relations entretenues au niveau local, mais « inexistantes sur le plan national », affirmait Pierre Laurent, dans L’Humanité le 19 janvier. Le secrétaire national a néanmoins indiqué avoir écrit à la LFI, Génération.s (parti de Benoît Hamon), Ensemble !, République et socialisme, et Europe Ecologie-les Verts afin les rencontrer début février. Une manière de faire un tour d’horizon de la situation huit mois après les élections présidentielles et législatives et échanger sur les prochaines échéances politiques, au premier rang desquelles les européennes. « J’ai l’espoir que l’on arrivera à créer les conditions d’un large rassemblement des forces dite de progrès, espère Jérémy Bacchi. Dans le cas contraire, il ne faut pas faire de ces élections un point d’achoppement qui pénaliserait l’ensemble des échéances à venir. L’intelligence politique, c’est reconnaître que sur des sujets précis on peut être en accord, mais si ce n’est pas le cas, cela ne doit pas altérer la capacité à se rassembler sur d’autres sujets. »
L’année en cours va servir de socle pour ériger un projet, mesurer les degrés de rapprochement avec LFI notamment, mais 2018 sonne, avant tout, comme l’année de la riposte sur le volet social. La tenue de plusieurs états généraux dans l’année va servir à faire « entendre la voix » du PCF. Le premier de ces rendez-vous, auquel une vingtaine de militants du département participera, concerne le progrès social qui aura lieu le 3 février à Paris. Un premier coup pour contrer la politique gouvernementale. Loi travail, réforme de l’assurance chômage, formation professionnelle ou encore retraites constitueront le cœur des débats. Le secteur de la santé n’est pas oublié, avec les états généraux dédiés, le 8 février à Marseille, où seront débattus l’égalité des soins, le 100% sécu, le développement de l’hôpital public et, bien sûr, la situation de l’AP-HM, pour laquelle Jérémy Bacchi parle de « marchandisation de la santé. Qu’on ne me fasse pas croire qu’on va régler cette problématique avec 900 postes de moins. Il faut des moyens supplémentaires ». Tout ça, sur fond de transformation de la formation politique. « Quand on est le parti révolutionnaire, on ne peut se contenter de défendre l’existant, il faut transformer l’existant de manière radicale ».
Jérémy Bacchi ne nie pas que le PCF a besoin de se renouveler, y compris dans sa réflexion et dans sa manière de fonctionner. Le congrès prévu au mois de novembre 2018 posera d’ailleurs la question : « Quelle transformation pour le parti communiste français ? » Pour le secrétaire départemental, la réponse inclut des pratiques militantes nouvelles qu’il faudra imaginer, « pour être plus audibles », souligne Jérémy Bacchi, « à l’image du communisme de nouvelle génération. Je pense que notre parti a la capacité à moyen terme de devenir la force motrice de la gauche. »