Costume bleu-gris, sourire et décontraction, une chose est sûre, Christophe Castaner semble à l’aise. Au centre des tous les applaudissements, porté par la musique, le porte-parole d’Emmanuel Macron salue, avec enthousiasme, adhérents, militants, sympathisants et curieux venus l’écouter en nombre, ce samedi 28 avril, dans cette salle des Docks des Suds. Entre éveil des consciences, messages forts et notes d’humour, Christophe Castaner, que beaucoup estiment empreint de « bienveillance » a lancé « un cri d’alarme » dressant un constat sans appel : « Il est terrible que dans ce pays, on trouve banal que le Front National soit au second tour d’une présidentielle ».
Face à cette atonie générale, il s’est souvenu d’une époque. C’était en 2002. Un soulèvement général, lorsque des milliers de personnes avaient battu le pavé pour dire « non à Jean-Marie Le Pen », au second tour d’un même scrutin face à Jacques Chirac. Mais depuis… « Quelles fautes avons-nous commises ? » Jeu de partage de pouvoir, jeu de l’alternance « dans lequel nous nous sommes enfermés » dessinant le scénario du choc des titans entre Valls et Hidalgo en 2022. Et pendant ce temps ? « Nous oublions que le FN était en train de progresser », martèle celui qui pour faire barrage au parti d’extrême droite a fait le sacrifice de retirer sa liste des régionales en 2015. Aussi difficile cette décision a-t-elle été, il en est convaincu, sans cela « Marion Maréchal Le Pen serait présidente de la région Paca à l’heure qu’il est », parce que dit-il « il sait faire la différence entre ces adversaires et les ennemis de la République. » Il partage cela avec Emmanuel Macron qui avait refusé, le 12 juillet dernier à la Mutualité à Paris, l’idée que le Front national soit le premier parti de France le soir du premier tour de la présidentielle. « Il était le seul, personne n’y croyait et il l’a fait ».
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Le ralliement de Dupont-Aignan à Le Pen, les calculs de Mélenchon, l’engagement du PS…
« Voter pour quelqu’un qui promet le moins… »
Mais rien n’est gagné face au FN. Un parti qui quel que soit la question ou la problématique ne répond que par un seul coupable : l’immigration. « C’est comme un logiciel ». Et de se révolter lorsqu’il entend à une heure de grande écoute que « Marseille, ce n’est plus la France. Marseille, c’est la France et on va le démontrer ! » Ne pas avoir peur de cette diversité, être une terre ouverte, un terre d’humanité… C’est ce à quoi il aspire aux côtés de l’homme qui « s’est levé contre ces marchands de promesses ». Celui dans lequel lui-même a placé toute sa confiance parce qu’il incarne « l’envie, le positivisme, l’optimisme, on a besoin d’y croire à nouveau. Il y a un moment dans l’histoire des peuples où l’on a besoin de jeunesse ».
Comme un message du destin, il a fait référence avec humour à ce petit gâteau chinois servi à la fin de son repas dans la cité phocéenne ce même jour. Un message porteur de sens : « Voter pour quelqu’un qui promet le moins, vous serez ainsi moins déçu ». Pour Christophe Castaner « être raisonnable ce n’est pas être moins ambitieux ». Emmanuel Macron ne l’est pas. Son ambition c’est de « rassembler, réconcilier la France », mais plus encore lui redonner « confiance. Confiance face aux institutions, aux défis, confiance en nous et entre nous ».
Un discours du rassemblement au cours duquel le porte-parole n’a pas retenu ses coups face au parti bleu Marine, dont « la réalité du programme économique est suicidaire ». La sortie de l’Union européenne provoquant la fin de la Pac (politique agricole), la fermeture des frontières et la taxation des entreprises, « qui peut acheter que du Made in France ? L’avenir n’est pas dans le nationalisme et le repli sur soi »
Résistance !
Au-delà du combat éthique et moral qu’il mène avec « En Marche » le défi majeur réside dans le fait « de gouverner autrement, de réinventer la démocratie par les territoires et nous sommes ici à Marseille, notre région, un laboratoire d’innovation, d’invention, d’intelligence et c’est à cela aussi que je vous invite ». Puis d’annoncer avec douceur : « Si vous attendez l’homme providentiel, passez votre chemin. Si vous pensez que l’élection d’Emmanuel Macron règlera tout, vous vous trompez. Si par contre vous contribuez à son élection et que vous êtes ces semeurs de graines de démocratie, d’innovation, d’invention, d’intelligence… alors notre pays retrouvera le plein espoir » dans une France « qu’En Marche » veut avec « moins de privilèges et plus de mérite, où les échecs ne sont pas stigmatisés et les réussites ne sont pas suspectes… »
Il y croit. Adjurant le peuple de Provence-Alpes-Côte d’Azur, le peuple de Marseille à se lever, à refuser ce qui pourrait apparaître comme une condamnation définitive avec l’élection de Marine Le Pen à la présidence de la République. Pour éviter de se réveiller le 8 mai prochain avec la gueule de bois « faites en sorte que nous soyons fiers de nous être levés, dressés, d’avoir résisté ». Un dernier mot qui doit constituer le moteur de ces derniers jours de campagne parce que, le 7 mai 2017, « ce qui sera en cause ce sera notre cohésion nationale, les valeurs de la République… ». Christophe Castaner a invité sans détour « au combat », pour que dans cette région Paca où la vague bleu Marine s’est abattue au soir premier tour (avec 28,17% devant François Fillon 22,37%), tous soient « fiers d’avoir été un lieu de résistance. Ne baissez jamais, jamais, jamais les bras face au populisme. Armez-vous ! Battons-nous ! »
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