Cette remise des Lauriers 2017 était placée sous le signe de l’innovation et de la solidarité. « Nous, humains, on est une seule et même chose, a introduit Macha Makeïeff, directrice du théâtre de La Criée qui accueillait l’évènement et marraine de la soirée. On ne peut pas vivre les uns sans les autres ». C’est sur ces mots que la cérémonie a pu commencer, avec comme premier invité Philippe Pujol, prix Albert-Londres du grand reportage de presse écrite en 2014. Dans un témoignage inspirant, l’écrivain et journaliste marseillais nous a livré sa démarche de déconstruction des préjugés, sa volonté de briser ses propres clichés en approfondissant les sujets et en se confrontant à leur réalité.
Les représentants de chaque projet se sont ensuite relayés sur scène pour recevoir leur prix. Ils étaient 31 à être présélectionnés par la Fondation de France Méditerranée, 12 ont reçu des Lauriers. Parmi eux, quatre initiatives marseillaises. On vous les présente !
La Ruche : « La Ruche qui bourdonne »
Fondée en 2012 par Alessandra Morandi, une jeune mère entrepreneuse (photo une crédit AD), la Ruche était à l’origine un lieu de travail qui proposait un espace de coworking et une petite crèche. Deux ans plus tard, l’association se scinde en deux parties, l’une consacrée aux crèches, l’autre au coworking. « La Ruche accueille des initiatives d’innovation sociale mais aussi des entreprises classiques, explique Alessandra Morandi. Ce qu’on aime, c’est la contamination d’idées ». En 2015, la Fondation de France accompagne un projet de bureaux « suspendus » pour soutenir les nouveaux entrepreneurs à fort potentiel, qui n’ont pas les moyens financiers d’avoir un bureau. Leur slogan : « libre mais pas seul, autonome mais pas isolé ». En fin de cérémonie Alessandra Morandi s’est vu remettre l’un des deux prix régionaux, faisant d’elle une candidate au prix national de la Fondation de France.
Radio Grenouille / Euphonia : « Quelle en est la raison ? »
En 2015, le projet « Quelle en est la raison ? » est porté par l’association Euphonia, associée à Radio Grenouille. L’objectif : donner la parole aux acteurs et aux usagers de la psychiatrie, afin de faire bouger les représentations liées aux troubles psychiques. Un atelier régulier a notamment vu le jour, où chroniques, prises de sons et récits d’expériences ont été réalisés puis diffusés. En juin 2016, le projet, baptisé « Radio-Là », s’est invité pendant trois jours dans l’espace public. Ensemble, des usagers de la psychiatrie, des soignants, des journalistes, des techniciens, des militants, et tout simplement des personnes intéressées, ont interrogé « la folie, la place dans la cité des uns et des autres, la psychiatrie, la santé mentale, l’amour, l’écriture, le fait d’avoir un toit à soi, la relation aux autres, les thérapies alternatives, l’affection… mais pas que ». Après le succès rencontré par « Radio-là », l’initiative est reconduite à travers les ateliers hebdomadaires et un rendez-vous saisonnier. « Ça m’a permis de rompre un isolement personnel, témoigne Aïcha, qui a participé au projet. Y’a vraiment de la place pour que chaque personnalité s’exprime ».
Habitat Alternatif Social : « Un centre parental alternatif »
Depuis 2014, Habitat Alternatif Social a mis en place ce dispositif permettant d’accueillir des jeunes couples avec leurs enfants. Si l’accueil de femmes isolées ou de familles monoparentales existait déjà, l’accueil de couples est, en revanche, une exception parmi les possibilités de logement pour personnes fragilisées. « Ensemble, on construit ou reconstruit les liens intra-familiaux, explique un éducateur. Il faut les consolider pour éviter une rupture familiale ». Le projet s’articule à la fois autour du travail de groupe et de l’accueil des personnes isolées. Dans un immeuble du 15e arrondissement, quatre appartements sont ainsi destinés aux couples, et six autres sont mis à disposition des autres pôles de l’association.
Adpei : « Un emploi pour tous »
Mené par l’Association départementale pour l’emploi intermédiaire, l’initiative a pour objectif d’accompagner vers l’emploi les personnes souffrant de handicap psychique. Grâce à des missions de travail, des ateliers collectifs et des entretiens individuels, l’accès à l’emploi se déroule de manière progressive et adaptée à chacun. Les premiers jours, il n’est pas rare que les personnes accompagnées le soient jusqu’à leur lieu de travail, pour apaiser leurs appréhensions. Lassad a bénéficié de cet accompagnement, il témoigne : « Je suis dans un rythme dynamique de travail. Maintenant je suis en formation dans un Centre de Rééducation Professionnelle, grâce à eux j’ai enfin trouvé des portes ouvertes ». Le projet sensibilise également le monde de l’entreprise aux maladies psychiques.
En 2016, la Fondation de France a soutenu 823 projets comme ceux-ci, dans les domaines de l’emploi, de l’habitat, des personnes handicapées et des maladies psychiques, mais aussi de l’humanisation des soins, de l’enfance, de l’environnement ou de la culture. « Toutes ces personnes qui portent ces projets nous délivrent un formidable message d’espoir », a conclu Cécile Malo, déléguée générale de la Fondation de France Méditerranée. À l’année prochaine..!