Mardi 25 octobre au matin, le premier bus de migrants de Calais est arrivé à Marseille, dans un nouveau CAO géré par l’association Sara. Cette dernière nous a exceptionnellement permis d’assister à cette arrivée.
« Le bus est à Cavaillon, il arrive dans une heure ». « J’ai reçu un mail, dans 30 minutes ils sont là ». « Cinq minutes! ». Dans le nouveau Centre d’Accueil et d’Orientation (CAO) du 13ème arrondissement de Marseille, l’attente se fait longue avant l’arrivée du premier bus de migrants de Calais. Ici, l’association Sara s’apprête à accueillir 30 personnes dans les 15 studios qu’elle met à disposition. Vers 10h30, sous une pluie fine, le bus se gare en bas du chemin qui mène au bâtiment. Par grappes, sa cinquantaine d’occupants, que des hommes Afghans, Pakistanais et Soudanais, descendent et rejoignent le hall au sol vert criard ou les attend un petit déjeuner.
Ils avancent hagards, le visage fatigué, sans savoir vraiment où ils sont. Les premiers instants sont cruciaux. Ils permettent d’instaurer un climat de confiance avec les membres de l’association présents. Ceux-ci craignent que la présence de deux policiers ne perturbe les migrants. Il n’en sera rien, ces derniers n’interviennent d’aucune façon. Alors, ils échangent quelques mots, quelques sourires, des tapes sur l’épaule, des « welcome » et des « ça va » pour briser la glace.
Une installation un peu confuse
Pendant que les migrants avalent café, thé, fruits et pains au chocolat, on leur explique que certains devront remonter dans le bus et prendre la direction de Toulon. Les traductions en anglais et en arabe ralentissent la communication. Un migrant, bonnet gris vissé sur la tête, se fait à la fois porte parole et traducteur en pachtoune, la langue des Afghans et des Pakisanais.
Après l’appel destiné à désigner ceux qui restent, une certaine confusion s’installe. Quelques-uns demandent à rester, d’autres à partir à Toulon avec leurs amis. Yves Rousset, le préfet à l’égalité des chances présent sur place, explique que c’est impossible, les listes nominatives étant faites, mais que ça le sera dans quelques jours. L’opération dure une demi-heure.
Une fois les neo-toulonais repartis, ceux qui restent sont invités à rejoindre leurs studios, aux troisième et quatrième étage. Chacun est équipé de deux lits simples, d’un coin cuisine avec frigos individuels et d’une salle de bain. Les sourires apparaissent sur les visages fatigués. On leur explique que deux médecins vont venir les examiner dans l’après-midi. Ils disposent d’une heure pour s’installer et se doucher avant le repas, pour ceux qui le veulent.
Wifi et Ofpra
Certains se précipitent sur les prises pour charger leurs téléphones, demandent le wifi pour pouvoir communiquer avec leurs proches. Deux d’entre eux commencent déjà à s’inquiéter de leurs situations administratives. Ils racontent qu’ils se sont fait enregistrer en Italie. D’après les accords de Dublin, qui régissent le droit européen en matière de demande d’asile, ils y sont donc éligibles. La déléguée de l’association en charge des « récits de vies » explique que tous auront un entretien plus tard pour en parler. Ces récits de vies sont une pièce constituante du dossier de demande d’asile déposé à l’Ofpra (Office Francais de Protection des Réfugiés et Apatrides) nous explique le juriste de l’association, nouvellement recruté.
Préparer les prochains jours
La dizaine de membres de l’association se retrouve ensuite dans le hall pour parler de l’organisation des jours suivants. « On commence à avoir l’habitude des accueils en urgence comme celui-là » glisse l’un d’eux. Il va falloir faire des courses pour le soir, mettre en place des activités, des sorties pour découvrir les environs et des cours de français. La pression retombe, quelques blagues fusent autour d’un café bien mérité. L’arrivée d’un nouveau bus est prévue dans un autre centre dans la semaine. En attendant, la première s’est bien déroulée.
Entre le 25 et le 28 octobre 2016, près de 500 migrants de la « jungle » de Calais seront accueillis dans 19 centres d’accueil et d’orientation (CAO) répartis dans l’ensemble de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
Pour les Bouches-du-Rhône, 168 migrants seront accueillis cette semaine dans 7 CAO (à Marseille, Port-de-Bouc et Istres).