Article: Richard Michel.
Devant le tribunal de commerce, la direction de La Marseillaise a annoncé lʼarrivée dʼun nouvel actionnaire, Quartus, et une recapitalisation totale de 1 million dʼeuros. Le plan de continuation semble avoir convaincu le procureur qui a demandé la poursuite de la période dʼobservation jusquʼen mai.
En redressement judiciaire depuis une quinzaine de mois, La Marseillaise a présenté mardi 7 mars son plan de continuation devant le tribunal de commerce. Une étape cruciale dans sa course à la survie. Si le délibéré officiel est attendu le 15 mars, le procureur a demandé la poursuite de la période dʼobservation jusquʼau 28 mai 2018 afin de laisser le temps au journal de poursuivre son plan de redressement. Une nouvelle audience devrait donc intervenir dans un peu plus de deux mois.
Des vues sur le patrimoine immobilier
Parmi les nouveautés présentées par Audrey Garino, la directrice générale du journal, le promoteur immobilier Quartus fait son entrée au capital du quotidien. Le groupe parisien injecte 300 000 euros dans la société et propose de racheter le crédit-bail du bâtiment du cours dʼEstienne dʼOrves pour un montant de 1,7 million dʼeuros. Cette cession permettra à La Marseillaise dʼéconomiser 160 000 euros par trimestre jusquʼici versés aux banques propriétaires de lʼédifice.
Pour ne pas pénaliser le travail des salariés, une solution est en pourparler avec Quartus pour réserver une plus petite partie des locaux à lʼactivité : « Si nous nous félicitons de la perspective de voir lever le poids du crédit-bail, nous serons très attentifs aux garanties données pour nous permettre de continuer à travailler dans des conditions dignes », prévient la journaliste Emilie Parente au nom du syndicat CGT des personnels et de la Filpac-CGT La Marseillaise. Les représentants des salariés souhaitent notamment préserver lʼagora des galériens qui organise des événements culturels dans lʼancienne salle des rotatives.
L’Urssaf accepte d’annuler la moitié de sa dette
Aux côtés de Quartus, le groupe Média et publicités rajoute 400 000 euros en plus des 300 000 euros déjà apportés en décembre dernier portant la recapitalisation du journal à plus de 1 million dʼeuros.
La société des Amis de la Marseillaise apporte également 60 000 euros au tour de table.
Mais la dette qui sʼélève toujours à 7 millions dʼeuros continue de peser sur le bilan du quotidien. La direction a présenté au tribunal un plan dʼapurement du passif qui pourrait déboucher sur un abandon de créances de 1 million dʼeuros. Le mois dernier, le préfet Pierre Dartout a organisé une table ronde avec les principaux créanciers que sont lʼUrssaf, lʼassociation pour la gestion du régime de garanties des salaires (AGS) et les banques. LʼUrssaf a déjà fait savoir par courrier quʼelle serait prête à renoncer à la moitié de la créance. « LʼAGS a affirmé quʼelle regardait le dossier avec bienveillance, ce qui est un progrès », avance Emilie Parente. En contrepartie de lʼabandon de 50% des créances, la direction propose de rembourser ses dettes sur cinq ans contre dix ans prévus auparavant.
La moitié des salariés toujours menacée
Reste la question du plan de sauvegarde de lʼemploi (PSE) qui prévoit toujours la suppression de 44 postes sur un total de 85 personnes. « Ce nʼest toujours pas satisfaisant, prévient la représentante des salariés, on veut que les économies réalisés soient mises en priorité au service du maintien de lʼemploi ». Les discussions avec la direction se poursuivent mais le PSE présenté au tribunal mardi maintenait les licenciements.
Le projet rédactionnel prévoit le maintien des éditions du quotidien sur les Bouches-du-Rhône et le passage à une édition hebdomadaire sur les départements de lʼHérault et du Gard. Les salariés militent également pour la création dʼun hebdomadaire sur le Var « qui présente de belles opportunités de développement », affirment les syndicats.
Les collectivités locales (Région et Département), qui ne peuvent plus apporter dʼaides exceptionnelles depuis la loi Notre, ont promis de soutenir le journal en maintenant le même volume dʼachat dʼespaces publicitaires. La direction est également à la recherche de subsides auprès du fonds Google et de la direction régionale des affaires culturelles (Drac) pour financer son projet de développement numérique.
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