Il vient et repart moins d’une heure plus tard. Michel Vauzelle, le président de la Région Paca mais aussi de la Villa Méditerranée, est pressé. Il doit aller convaincre les conseillers régionaux du Front de Gauche de voter le budget. Et s’excuse auprès du public devant qui il vient de faire un plaidoyer politique : « On ne peut pas séparer politique intérieure et politique étrangère », débute-t-il, entouré de ceux qui ont contribué au deuxième numéro de la Revue, éditée par l’institution publique. « Ce n’est pas seulement une crise économique et financière que traversent la France et la Grèce, c’est un problème politique. C’est l’argent qui conduit le monde et pas les élus du peuple », pointe-t-il.
Cette revue, Michel Vauzelle y tient beaucoup. Elle incarne bien cette politique méditerranéenne à laquelle il tente de rallier les autres pays, du Maghreb jusqu’à l’Italie, en passant par Israël et la Syrie. Il veut en faire le “lieu de rencontre” entre culture et politique. Bref, un moyen de “soft power” destiné à faire de la politique autrement. Et justement ce deuxième numéro, – qui a mis un an à sortir depuis le premier, édité à l’occasion de la Capitale européenne de la culture -, donne à voir « l’éparpillement des revendications en Méditerranée », selon sa conceptrice éditoriale Nathalie Abou Isaac : « On a construit ce numéro autour de l’idée du coup de sirocco, comme un mélange de textes littéraires, de photos, de reportages, orientés vers la jeunesse ».
Michel Vauzelle l’interrompt, poursuit son discours politique, feignant d’être tracassé que l’auditoire le juge « ennuyeux » : « Quand on insiste sur l’identité, on dit qu’on fait monter le Front National. Mais il faut prendre en main ce sujet. Surtout à l’heure où le FN accroît son emprise et peut espérer donner un successeur à ma propre personne », prévient-il, alors que Jean-Marie Le Pen lorgne sur la tête de liste en région Paca et caresse de sérieux espoirs d’être élu président de région en 2015.
Dialogues
Pas si loin de ces considérations, la journaliste et productrice de France Culture Aurélie Charon raconte alors les conditions de la discussion qu’elle a mené pour la revue. Un dialogue entre jeunes de Sarajevo, Damas, Beyrouth, Istanbul, Ramallah ou encore Alger, via Skype. « C’est un dialogue virtuel qui passe ensuite dans le réel », dit-elle puisqu’Inès, de Sarajevo, a invité les deux syriens dans la vraie vie. Elle vante Facebook, pour donner la parole à cette jeunesse oubliée : « On ne doit pas se faire confisquer ces outils par ceux qui s’en servent pour recruter pour le djihad ».
Et cette injonction rejoint les espérances de Michel Vauzelle, qui sourit quand Charon pointe du doigt les politiques âgés que l’on retrouve à tous les postes de direction : « Il faut trouver des jeunes pour faire de la politique, en effet, plaisante-t-il. Et les réseaux sociaux font dégager ceux qui ont plus de quarante ans ! ». Reste à savoir si les jeunes, eux, voudront bien les remplacer.
(Crédit photo : Jean-François Eyraud)