Madame, Monsieur,
Vous habitez Marseille, Aix-en-Provence, Aubagne, Salon, Martigues ou Istres ; peut-être quelque part entre ces villes. Vous vous déplacez sans cesse : pour aller travailler, pour faire vos achats, pour accompagner vos proches, aller au cinéma ou aux spectacles…en passant d’une commune à une autre sans le savoir. Il est probable que vos amis, vos enfants et vos petits-enfants n’habitent pas très loin de chez vous, dans une autre commune qui n’est pas pour vous un autre territoire.
Vous connaissez votre maire, même si pour vous ses pouvoirs ne sont pas très précis parce qu’en définitive, personne ne vous les a appris. A chaque échéance électorale, vous vous prononcez davantage en fonction de vos convictions politiques que sur des programmes qui vous promettent tous monts et merveilles. A ce jour, dans les journaux, le programme « non à la métropole » est le plus répandu.
[pullquote]Vous avez lu dans les journaux de fréquentes allusions à une loi au nom étrange : Mapam.[/pullquote] Vous avez entendu parler d’intercommunalité, sans bien savoir ce que ce mot veut dire. Vous observez de nouveaux noms – communauté urbaine de Marseille-Provence-Métropole, communautés d’agglomération du pays d’Aix, du pays d’Aubagne et de l’Etoile, du pays de Martigues, Agglopôle de Salon-Berre, Syndicat d’agglomération nouvelle sur les autobus ou les poubelles sans trop savoir l’utilité de ces structures ; là aussi parce que personne ne vous a expliqué à quoi servent ces regroupements de communes gérés par une administration au sigle barbare nommé établissement public de coopération intercommunale, EPCI, et qui ont plus de 10 ans. Ne les connaissant pas, vous pouvez avoir la tentation de les apprécier sur le seul coût de leur fonctionnement sans mesurer leur réelle utilité.
Vous avez lu dans les journaux de fréquentes allusions à une loi au nom étrange : Mapam. Le sigle de la loi du 28 janvier 2014 signifie loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles. Ce qui veut dire que la métropole a été votée et qu’elle sera opérationnelle en 2016. Vous allez vous habituer à ce nouveau territoire nommé Aix-Marseille-Provence qui recouvre 93 communes et la plupart des habitants des Bouches-du-Rhône.
Vous vous êtes probablement demandé pourquoi il y avait deux listes sur votre dernier bulletin de vote aux élections municipales ; d’autant plus que généralement, il s’agissait des mêmes noms. Peu informé de la chose publique, vous n’avez peut-être, tout simplement, pas voté.
La presse fait état d’une réforme des collectivités territoriales. Vous savez qu’une mission interministérielle a été donnée à un préfet que vous ne connaissez pas pour préparer ce nouveau territoire. Vous vous demandez pourquoi un deuxième préfet (vous savez qu’il y en a déjà un depuis Napoléon) viendrait vous dicter votre conduite. Là aussi, c’est par ce qu’on ne vous a jamais expliqué sa véritable mission.
[pullquote]Votre maire est certes légitime. Mais les limites de son autorité sont celles de votre commune.[/pullquote]
Votre maire est certes légitime. Mais les limites de son autorité sont celles de votre commune. Aujourd’hui, on vous parle de métropole ; plutôt d’ailleurs du refus de métropole en utilisant des arguments qui pourraient vous laisser croire que la commune où vous habitez, celle où vous travaillez, qui, le plus souvent, n’est pas la même, allaient disparaître, englouties par Marseille, devenue le symbole de la précarité, de l’endettement et du chômage ; et que finalement, vous allez payer pour les marseillais en situation précaire.
Ces arguments sont faux et la vérité doit être rétablie. Votre maire est certes légitime. Mais les limites de son autorité sont celles de votre commune. Ces limites ne sont pas des frontières. Au temps des déplacements incessants et quotidiens en voiture ou en transport collectif, d’Internet, des autoroutes et des voies rapides, vous ne savez jamais exactement dans quelle commune vous êtes. Vous n’y attachez d’ailleurs aucune importance.
Retrouvez la suite de la Lettre aux métropolitains de Philippe Langevin
demain dimanche 23 novembre