Il aura fallu attendre plusieurs mois pour voir la direction du groupe Sainte-Marguerite venir expliquer en détail son projet d’hôpital privé sur le site de l’ancien collège Louis Armand dans le quartier Saint-Barnabé à Marseille. Après le désaveu du commissaire enquêteur en novembre dernier et les multiples actions des collectifs de riverains, le docteur Bruno Thiré, directeur du groupe de santé privé a finalement reçu la presse jeudi 28 mars en fin de journée à l’hôpital Beauregard. Entouré d’une dizaine de responsables syndicaux et de médecins acquis à sa cause, il est venu défendre la nouvelle mouture de son projet censé répondre aux critiques des habitants.
Un bâtiment moins haut et sans hélicoptère
« On a écouté la population et on a rabaissé le projet », commence le médecin dirigeant. Dans la plaquette présentée aux journalistes, la maquette ne semble pas avoir beaucoup changé. Pourtant, un bâtiment entier de 10 000 mètres carrés a été supprimé de la carte. « Il devait accueillir les services administratifs. Mais tant pis, on peut toujours les délocaliser », explique Bruno Thiré. Résultat, la passerelle aérienne qui devait relier cet édifice au reste de l’hôpital par dessus le boulevard a elle aussi disparu. Ensuite, le bâtiment principal a reculé de quelques mètres par rapport à la voie de circulation. Puis la fameuse hélistation prévue sur le toit pour accueillir des hélicoptères a également été abandonnée, « ce qui est dommage mais bon… », regrette Patrick Muller, le président de SOS Médecin Marseille venu défendre ce projet qu’il trouve « fabuleux ! ».
Enfin, la hauteur du bâtiment a été également réduite de 3 à 5 mètres tout en conservant les six étages prévus initialement. Cette révision doit lui permettre de convaincre le nouveau commissaire enquêteur qui travaille sur la nouvelle enquête publique en cours sur le plan local d’urbanisme Intercommunal de Marseille-Provence. Les résultats sont attendus pour le moins de juin prochain mais Bruno Thiré semble confiant : « On les a rencontré et ils ont dit qu’ils ne comprenaient pas les réserves de la première enquête », affirme le patron du groupe Sainte-Marguerite.
Un investissement estimé à 110 millions d’euros
Outre les menus changements opérés, le projet conserve sa vocation initiale avec 600 lits prévus, soit l’addition de ceux de Vert Coteau et Beauregard, les deux hôpitaux marseillais détenus par Sainte-Marguerite. « Il ne s’agit ni plus, ni moins que la fusion des deux hôpitaux. Les structures existantes sont anciennes et coûtent très chères chaque année en travaux de rénovation. En plus, nous sommes locataires des terrains et les loyers sont très élevés », explique Bruno Thiré. Ils comptent à terme réaliser des économies grâce au regroupement de Vert Coteau et Beauregard à Saint-Barnabé. Cette fois-ci- il achètera le terrain qui appartient à la mairie. « C’est d’ailleurs la mairie de secteur qui nous a proposé ce site en 2015 », se souvient Bruno Thiré. Pour le coût du terrain, il faudra attendre l’estimation des domaines. Par contre, Sainte-Marguerite estime le montant de l’investissement nécessaire à la réalisation de son nouvel hôpital à 110 millions d’euros. « On le financera essentiellement par de la dette bancaire », précise le patron.
Près de 300 embauches grâce au projet
Argument supplémentaire en faveur du projet, il ne va pas se contenter d’assurer l’avenir des 1 200 salariés de Beauregard et Vert Coteau : « Comme la surface sera plus importante, il faudra augmenter les effectifs de 15 % environ », promet Bruno Thiré. Soit 300 embauches prévues pour couvrir les 55 000 mètres carrés de surface de plancher du projet. « Il y a un vrai déficit de l’offre médicale sur les 11e et 12e arrondissements », ajoute jean-Marc Velardocchio, médecin à Vert Coteau. Les défenseurs du projet assurent disposer de 7 000 signatures de soutien et veulent maintenant accélérer. L’objectif est de commencer les travaux en 2020 pour une ouverture deux ans plus tard.
Les opposants travaillent sur un projet alternatif
Malgré la pluie de critiques qu’il a dû essuyer, Bruno Thiré semble confiant quant à l’avenir du projet. Il peut compter en tous cas sur un soutien de poids, celui du maire, Jean-Claude Gaudin qui a appuyé le projet publiquement à l’occasion de ses vœux en janvier. Si la Métropole a tout d’abord indiqué qu’elle suivrait l’avis du commissaire enquêteur, elle se serait finalement rapprochée du groupe Sainte-Marguerite pour l’aider à réviser le projet : « Ils nous ont dit de nous manifester et d’écouter les opposants. C’est ce qu’on fait », raconte Bruno Thiré. Pourtant, pendant que la direction présente son projet a minima à la presse, les opposants au projet sont toujours mobilisés devant l’entrée de Beauregard. Ils tractent contre le projet et affirment travailler sur une alternative : « On est en train de préparer une proposition plus respectueuse de l’environnement et plus utile aux habitants avec des services à vocation sociale. On espère pouvoir le présenter officiellement en juin », annonce Cécile Vignes, représentante du collectif Nos Quartiers Demain. Soit à peu près en même temps que les conclusions de la nouvelle enquête publique. Rendez-vous dans un peu moins de trois mois pour connaître l’avenir du site de l’ancien collège Louis Armand.
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