Mobilités Innov’ (AIT) fait étape à Marseille pour réinventer la mobilité

« Dans le cadre des Jeux Olympiques, on s’est dit que nous allions intervenir sur les villes qui accueillent des épreuves », confie Hervé Philippe, chef de pôle innovation ouverte à l’AIT (Agence de l’innovation pour les transports) lors de l’étape marseillaise du tour Les Mobilités Innov’ le 18 juillet dernier. « Ces moments d’échanges sont indispensables et sont au cœur des besoins des innovants » poursuit-il.

Co-organisé avec la French Tech Aix-Marseille et et animé par Béatrice Leduby, co-fondatrice de la start-up Deki, par ailleurs lauréate de l’appel à projet « Propulse » lancé par l’AIT, l’événement a rassemblé un large éventail d’acteurs du secteur. Et le lieu n’a pas été choisi au hasard, puisque le salon s’est déroulé au cœur du 574 Sud, la maison de l’innovation numérique de la SNCF.

L’objectif ? « Accélérer les bonnes innovations » déclare Hervé Philippe. Ainsi, mobiliser les nouvelles technologies pour adapter les offres de mobilité aux impératifs de la transition écologique et de l’inclusion. Ce défi est au cœur des missions de l’Agence de l’innovation pour les transports, créée en novembre 2021 pour répondre aux enjeux du dérèglement climatique.

Le report modal, un levier crucial

Avec 31% des émissions de gaz à effet de serre en France provenant du secteur des transports, principalement du routier et des voitures particulières, le report modal s’impose comme une priorité. Bastien Lauras, directeur des trains régionaux et de l’intermodalité à la Région Sud, souligne l’importance de faciliter l’accès aux transports en commun pour convaincre les usagers de délaisser leur voiture. « En facilitant l’accès aux transports collectifs, nous pouvons inciter les voyageurs à rester sur le réseau de transports en commun (TC) jusqu’à leur destination finale, réduisant ainsi leur impact environnemental », explique-t-il.

« Il faut empêcher le voyageur de prendre le taxi et faire en sorte qu’il reste sur le réseau de TC pendant le dernier kilomètre en lui suggérant un chemin », précise David Brottet, en charge des relations avec les collectivités au sein de SNCF Connect & Tech. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : « D’une année sur l’autre, ce qu’on voit aujourd’hui c’est une forte augmentation du trafic, soit 10 %. Rien qu’en 2024, nous sommes déjà à +17 % d’abonnés », ajoute Bastien Lauras.

Jean-Baptiste David, responsable des infrastructures et des grands équipements à la Région Sud, affirme qu’il est nécessaire de promouvoir les innovations dans tous les modes de transport. Il mentionne ainsi l’appel à projets Mobi’Lab, qui invite les entreprises, associations, start-ups, etc… à répondre à un ou plusieurs objectifs de la politique régionale visant la transition écologique et énergétique des transports..

Innover pour densifier l’offre

Pour relever les défis de surfréquentation, notamment dans le secteur niçois et entre Toulon et Marseille, des solutions technologiques sont mises en œuvre. L’innovation servicielle devient essentielle pour « densifier l’offre » et mieux gérer les flux de personnes. Le développement de portails locaux intégrant toutes les informations nécessaires aux voyageurs, tels que les billetteries et les horaires, contribue à décloisonner les réseaux de transport. « Depuis le lancement d’un nouveau titre de transport sur la Métropole Nice Côte d’Azur, nous avons observé une hausse de fréquentation de 30% », indique Bastien Lauras, insistant sur l’importance de la facilité d’usage.

Des solutions numériques pour tous

Parmi les innovations présentées, le projet GUIDE de la start-up Ezymob a retenu l’attention. Cette application, en collaboration avec la SNCF, aide les personnes en situation de handicap visuel ou cognitif à se repérer dans les trains : « avoir de nouveaux trains, de nouvelles rames ça prend du temps et ça coûte cher », explique Camille Maldjian, co-fondatrice d’Ezymob, l’idée est donc de proposer « des technologies dans le ferroviaire pour rendre certains handicapés autonomes ». Testée à Châlons-en-Champagne, cette solution vise à offrir plus d’autonomie aux usagers en difficulté. Pour « trouver un siège disponible, la bonne voiture, se repérer dans les toilettes… », argumente Camille.

Autre initiative notable présentée, l’application TradSNCF promet de faciliter l’accueil des touristes internationaux en gare, en offrant des services de traduction dans 130 langues différentes. Une solution précieuse pour les grands événements comme les Jeux Olympiques 2024.

Tandis que la France s’apprête à accueillir près de 15 millions de touristes en provenance de 200 pays différents, cette innovation doit contribuer à améliorer l’hospitalité à la française. Questionnée sur la différence entre ce nouveau dispositif et ceux déjà existants, Laurie Espinosa, accompagnatrice de projets numériques au sein du groupe SNCF, affirme qu’il est « plus performant et plus sécurisé que les solutions grand public ». « Plus sécurisé car on est en capacité de garantir la protection des données personnelles de l’agent et du client, on enregistre pas les conversations, et tout le traitement des données se fait au sein de l’Union Européenne », poursuit-elle.

Les start-ups à l’honneur

Onze start-ups ont pu proposer des solutions pour transformer la mobilité :

1. Wever : Spécialisée dans les solutions de mobilité intelligente, cette start-up propose des services permettant aux entreprises de mieux organiser les trajets domicile-travail de leurs salariés.
2. 1km à pied : Fondée par Laure Wagner, cette start-up développe un logiciel aidant les entreprises à réduire les trajets domicile-travail de leurs employés. « Dans les années 1960, les trajets domicile-travail s’élevaient à 3 km en moyenne, contre 13,3 km aujourd’hui. Le gain serait, en moyenne, de 10,2 km par salarié, matin et soir », précise Wagner.
3. Neptech : Cette entreprise se concentre sur la décarbonation des trajets urbains en proposant des solutions logistiques écologiques.
4. Fareco : Spécialisée dans l’optimisation des infrastructures de transport, Fareco utilise des technologies avancées pour améliorer la gestion des flux de personnes et de véhicules. Elle a créé le dispositif HOVY, une solution innovante de détection des occupants dans les véhicules.
5. CitiProfile : Créée par Arnaud Trousset, cette technologie permet aux entreprises et collectivités de mesurer les comportements de déplacement pour adapter les aménagements urbains et optimiser la couverture d’équipements.
6. WePost : Permet aux voyageurs de rentabiliser leurs trajets en jouant les livreurs de colis.
7. Greendbadge :  Propose une solution d’identification nouvelle génération qui prouve l’identité d’un utilisateur pour un usage physique ou digital.
8. Andyamo : Création d’une carte avec tous les détails de l’accessibilité de la voirie (inclinaisons, trottoir, rue, dimensions) afin d’informer les personnes en fauteuil
9. Teed up : Réseau de rencontre pour les sportifs pour lutter contre l’isolement et la sédentarité

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« La transition écologique est partout dans nos projets », Jean-Pierre Serrus

Jean-Pierre Serrus, vice-président du Conseil régional Sud Provence Côte d’Azur en charge des Transports et de la mobilité durable, a conclu la matinée par une prise de parole sur l’importance de l’innovation. « Nous sommes confrontés à une situation sans précédent, et le changement climatique justifie à lui seul ce besoin d’innovation », affirme-t-il. Selon lui, le Plan climat de la Région, en place depuis 2015, est la boussole des politiques publiques. « La transition écologique est partout dans nos projets », ajoute-t-il.

Insistant sur l’importance de la qualité de vie liée à la mobilité, le vice-président du Conseil régional martèle que « la mobilité a un poids énorme dans le ressenti de la qualité de vie. Pour cela, il nous faut un choc d’infrastructures, des services et des comportements. Ce dernier aspect est, d’ailleurs, le plus compliqué. Pour l’heure, la population n’est pas assez armée, informée, pour passer du tout-voiture aux transports collectifs ».

Il évoque aussi les défis à relever pour pousser les innovations dans tous les modes de transport : « Il faut pousser les innovations pour tous les modes de transports », tout en mentionnant l’appel à projets Mobi’Lab, visant à encourager les entreprises, associations et start-ups à proposer des solutions pour la transition écologique et énergétique des transports. Les projets peuvent être déposés jusqu’en juin 2025.

À la fin de la conférence, le responsable de l’AIT, Hervé, donne un nouveau rendez-vous le 9 septembre : « Là c’était sur la mobilité, mais on prévoit une autre intervention en septembre sur la logistique ».

Rendez-vous pour les 3e Rencontres du vélo et des mobilités douces
le 9 octobre à Aubagne