Dans la dernière ligne droite des élections municipales, Sébastien Barles, candidat tête de la liste Debout Marseille ! soutenue par EELV, évoque son projet municipal et métropolitain pour Gomet’ (*). Avec l’espoir de faire de la Métropole un levier pour mener à bien la transition écologique à l’échelle du territoire, il appelle à une véritable solidarité des territoires pour aller au-delà de l’intérêt particulier des communes.
Cette élection municipale est également une échéance métropolitaine. Êtes-vous candidat à la fois à la mairie de Marseille et à la présidence de la Métropole Aix-Marseille-Provence ?
Sébastien Barles : Dans tous les cas, les écologistes auront un candidat à la présidence de la Métropole. Nous sommes les seuls à porter un projet cohérent à l’échelle métropolitaine, nous porterons cette vision. Nous sommes pour une métropole de projets, donc l’idée c’est de faire ensuite des alliances avec tous ceux avec lesquels on se reconnaît dans cette vision métropolitaine partagée, en remettant l’intérêt général avant tout.
Le problème, c’est que la métropole est dans une logique clientéliste, dans une logique de saupoudrage. On voit bien que l’Etat ne s’engage pas sur ce territoire parce que malheureusement il n’y a pas de vision, de grands schémas de planification.
Sébastien Barles
Le problème, c’est que la Métropole est dans une logique clientéliste, dans une logique de saupoudrage. On voit bien que l’Etat ne s’engage pas sur ce territoire parce que malheureusement il n’y a pas de vision, de grands schémas de planification.
Vous avez tenu le 25 février un meeting métropolitain. Cette réflexion à l’échelle de la métropole est-elle un élément important de votre projet ?
S.B. : En effet, nous avons un vrai projet métropolitain en tant qu’écologistes. Notre vision d’une métropole n’est pas celle d’une collectivité d’obédience libérale avec mise en concurrence des territoires. Nous, nous défendons une éco-métropole, le territoire métropolitain en tant qu’espace à fort enjeu au niveau de la crise écologique, de l’urgence climatique et d’un nouvel espace économique à développer autour de la relocalisation et de la reconversion dé l’économie.
Ainsi pour vous, c’est l’urgence écologique qui définit le sens de l’action de la Métropole Aix-Marseille-Provence ?
S.B. : Il s’agit en effet d’un territoire qui est en prise à énormément de sujets liés à la crise écologique, avec la prédation des ressources et des terres fertiles liée notamment à l’économie globalisée, l’activité d’arrière-port et les plateformes logistiques. Or nous sommes sur un territoire fragile, extrêmement menacé, avec des espaces naturels et agricoles en péril comme en Camargue, la montée des eaux, la Méditerranée qui devient une mer de plastique, une érosion de notre biodiversité très forte. Nous considérons donc que c’est à cet échelon là qu’il faut commencer le chemin de la transition.
Le Collège du futur remplacerait le Conseil des maires, et gérerait le temps long plutôt que des petits intérêts de Clochemerle de maires qui défendent leur petit bout de gras contre l’intérêt général.
Quel action concrète entendez-vous mettre en place pour mener à bien cette transition écologique que vous appelez de vos vœux ?
S.B. : Nous souhaitons entamer cette transition sur la base d’un scénario Négawatt de sobriété énergétique. L’idée est de développer via l’Agence locale de l’énergie et du climat (ALEC) un scénario adapté à la métropole. Nous mettrions l’ALEC métropolitaine en pilote pour faire en sorte que cette planification soit exécutée, avec des grands schémas qui en découleraient, qui seraient élaborés par un Collège du futur que nous souhaitons mettre en place. Celui-ci remplacerait le Conseil des maires, et gérerait le temps long plutôt que des petits intérêts de Clochemerle de maires qui défendent leur petit bout de gras contre l’intérêt général. Nous voulons au contraire une solidarité entre les territoires.
Les transports sont précisément une compétence métropolitaine, que proposez-vous en la matière ?
S.B. : Il faut que notre territoire soit équipé de transports collectifs. C’est tout l’enjeu de développer un véritable RER métropolitain, pour lutter contre la politique du tout voiture et l’engorgement des grands axes de circulation entre Martigues, Vitrolles, Aix, Marseille et Aubagne. Il y a également un vrai enjeu à mettre en place très vite entre 7 et 9 heures et entre 17 et 19 heures la gratuité des transports collectifs – y compris les TER.
Le territoire métropolitain comporte de nombreuses industries polluantes. Comment vous positionnez-vous face à ces activités dans l’optique d’une transition écologique à venir ?
Nous voulons entamer un grand plan de reconversion écologique de l’économie, que ce soit au niveau du Golfe de Fos ou des entreprises pétrochimiques de l’étang de Berre
Sébastien Barles
S.B. : Pour lutter contre la pollution industrielle, nous voulons entamer un grand plan de reconversion écologique de l’économie, que ce soit au niveau du Golfe de Fos ou des entreprises pétrochimiques de l’étang de Berre – où nous souhaitons d’ailleurs développer un pôle de chimie verte. Pour former les salariés, nous entendons mettre en place le revenu de transition écologique, en s’aidant de fonds européens et de fondations qui financent ces projets là. L’idée ensuite est de mettre en place également la Cité de la transition écologique, qui serait au cœur des quartiers Nord de Marseille, qui permettrait de lier innovation, formation et recherche autour de nouvelles filières à développer pour les métiers de demain.
En prônant la transition écologique de l’économie, n’avez-vous pas peur de fédérer un mécontentement dans les communes industrielles de la Métropole ?
S.B. : Je ne suis pas sûr. En effet, les maires n’aiment pas quand nous sommes alarmistes, quand nous créons du tumulte. Là, en l’occurrence nous amenons des solutions, car nous voulons aujourd’hui des vrais contrats de transition et garantir l’emploi. Jusqu’à maintenant, il y avait ce chantage à l’emploi, mais nous amenons une solution qui peut s’entendre pour les salariés. En tout cas, les syndicalistes que nous avons rencontré acceptent cela. Dès qu’on aura le temps de pouvoir faire de la pédagogie autour de ces contrats de transition écologique sur chaque industrie, il y aura un accompagnement des salariés. L’idée est de créer de nouvelles filières qui permettent de garantir de l’emploi non délocalisable, des emplois durables sur le territoire métropolitain, et non pas d’être sous perfusion perpétuelle. Cela, les salariés l’entendent très bien.
Vous plaidez pour un renouvellement des pratiques en politique. Quelle sera votre gouvernance si vous êtes élu maire de Marseille ?
S.B. : Je veux ouvrir de nouveaux espaces de respiration démocratique. Toutes les personnes qui portent une vision pour le territoire pourront participer au Collège du futur, des urbanistes, des architectes, des chercheurs. On a plein de ressources précieuses aujourd’hui, simplement aujourd’hui elles sont étouffées, car on manque de vision de cap, il n’y a pas de boussole sur ce territoire. Notre démarche est de faire confiance à ces acteurs, on va leur laisser un espace. Ce n’est pas que nous ne faisons pas confiance au Conseil des maires, mais aujourd’hui la logique des maires est de défendre l’intérêt particulier de leur commune. Or la pire des instances que l’on puisse créer sur le territoire métropolitain.
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(*) Nous avons sollicité chaque tête de liste candidate aux élections municipales à Marseille pour une interview accordée à la rédaction de Gomet’. Nous publions, au fil de l’eau, les entretiens réalisés en fonction des accords (ou pas) des candidats à notre demande d’interview.