« C’est la plus grosse opération de géothermie marine en France », s’est félicité Patrick Berardi, directeur général de Thassalia, lors de la visite, mercredi 13 juillet, de l’installation tout fraîchement construite. Bâtie en à peine un an par Engie Cofely et Climespace (deux filiales du groupe Engie) sur le port de Marseille, la centrale alimentera en chaud et en froid près de 500 000 mètres carrés de bâtiments sur le périmètre d’Euromed 1.
Sa particularité : elle transforme en chaleur ou en froid l’énergie puisée dans l’eau de mer – la plupart des 600 réseaux construits en France ne produisent que du chaud ou du froid-, pour la distribuer aux bâtiments qui lui seront raccordés à travers une boucle de 3,1 kilomètres. Pour l’heure, 1,5 km a été construit, et plusieurs immeubles sont déjà « branchés » parmi lesquels les Docks, la tour Constructa la Marseillaise et Euromed Center. Bientôt, ce sera au tour du “parc habité” d’Arenc.
Engie a investi 35 millions d’euros pour construire cet équipement, auxquels s’ajoutent 5,5 millions d’euros de fonds apportés par l’Ademe et le Feder, le département, la Région et la Ville de Marseille. Une dizaine d’années suffiront à amortir cet élément important de la “smart city” phocéenne.
A partir de l’eau de mer puisée sur place, la centrale fabrique du chaud et du froid. Cette énergie sert à chauffer ou refroidir un réseau d’eau de ville qui est ensuite diffusée vers les immeubles. Le réseau permet de les chauffer ou rafraîchir, comme le ferait un système de chauffage central ou de climatisation centralisée. Les températures livrées varient de 45 ° à 60° pour le chaud, de 5° à 14° pour le froid.
Un intérêt environnemental et économique
Le premier intérêt de cette source d’énergie renouvelable est de limiter la production de gaz à effet de serre et la formation d’îlots de chaleur dus aux climatisations individuelles, et souvent constatés dans les villes. Pour ses clients, Engie estime que le recours à Thassalia permettra de réduire de 40% la consommation électrique et de 65% à 100% la consommation d’eau par rapport à un parc d’installations individuelles. « Le coût de l’électricité va augmenter entre 4% et 7% par an dans les prochaines années, bien davantage que le prix du froid produit par Thassalia. Nos contrats à 10 ans prévoient une formule d’indexation », précise Patrick Bérardi. De plus, l’énergie d’origine renouvelable bénéficiant d’un agrément du Ministère de l’Ecologie, la TVA est réduite à 5,5%. Globalement, le kilowatt heure de Thassalia est à peu près équivalent au prix du gaz, et 10% moins cher que l’électricité pour le froid.
De plus, sur le plan architectural, le recours au réseau de Thassalia permet de se passer de tours de refroidissement rarement esthétiques au sommet des bâtiments. La centrale a elle-même été dessinée par l’architecte Roland Carta, avec une « harpe » masquant les cheminées de ses chaudières.
Enfin, aucun traitement chimique n’intervient sur l’eau de mer pompée et rejetée – l’impact du rejet thermique est surveillé-, hormis deux fois par an une électro-chloration à partir de l’eau de mer pour éviter la prolifération des moules dans les machines.
Un atout supplémentaire pour Smartseille
Dès à présent, sur les 500 000 mètres carrés alimentés à terme, 100 000 sont déjà en fonctionnement et 300 000 en contractualisation sur des bâtiments pas encore livrés. Ultérieurement, il sera possible d’étendre encore le réseau desservi par Thassalia.
Un autre projet sur ce secteur : le réseau d’eau douce tempérée par une boucle d’eau de mer porté par EDF pour alimenter le nouvel écoquartier Smartseille implanté sur l’ilôt Allar au coeur d’Euroméditérranée 2.