La ville n’a pas toutes ses facultés
Il y a plus de vingt ans un étudiant en Sciences Economique était renversé par un bus dans le quartier Belsunce. Il était tué pour avoir essayé de poursuivre un garnement qui venait de lui voler son cartable. A l’époque les autorités universitaires s’étaient insurgées contre les commentaires de la presse qui avait parlé d’insécurité d’autant que plusieurs professeurs avaient alerté sur les dangers qu’ils couraient en rejoignant tous les jours la faculté des sciences économiques et de gestion située rue Puvis de Chavannes. Cette semaine c’est une étudiante en anthropologie, Marie Bélen, résidant dans une cité universitaire près de la Timone qui a été assassinée pour son portable acheté d’occasion. On a une fois de plus entendu, « plus jamais ça », après avoir écouté la maman dévastée de l’étudiante. On devra aussi se poser de vraies questions alors qu’Aix-Marseille s’enorgueillit d’être la première université de France par le nombre de ses étudiants. Les villes et plus particulièrement Marseille ont-elles sérieusement pensé la place de cette population dans la ville. Peut-on vivre en toute sécurité dans des quartiers fantômes à la nuit tombée. On parle de la Timone bien sûr, de Belsunce, de Saint Charles, de la Canebière sans oublier Luminy où il est prudent de regagner tôt sa chambre ou son appartement la nuit venue. Certaines villes – Montpellier, Toulouse, Strasbourg, Bordeaux, Aix-en-Provence – se distinguent le soir par une vie nocturne intense dominée par la présence des étudiants. On parle même parfois de movida. Il reste beaucoup à étudier dans la cité phocéenne pour proposer à ces jeunes publics une vie après les études.
Améliorer la perception
Selon l’Ifop 30% des habitants de la région Paca ou Sud selon le vœu de Renaud Muselier considèrent que le périmètre où ils vivent, souffre d’un retard économique. C’est plutôt encourageant même si des voisins comme Rhône-Alpes peuvent se targuer d’un chiffre de 12%. Comment convaincre ce tiers d’habitants que les perspectives et les orientations sont bonnes ? « En gagnant la bataille de l’emploi » répond un grand patron marseillais qui estime qu’il s’agit là de la mère des batailles. Il est sans doute aussi primordial de faire un sort à tout ce qui brouille un message positif. Les caricatures avec des fonctionnements publics montrés régulièrement du doigt que ce soit les hôpitaux, les structures territoriales ou encore d’autres services publics. Les communications ronflantes aussi qui ne trompent que ceux qui les croient et cachent la réalité de faillites économiques comme à Marseille un pan entier du commerce du centre-ville. Les politiques enfin prompts à s’arroger des dynamiques pour lesquelles leur rôle était dans la portion congrue. Il y a par contre tout à gagner à mettre en avant des domaines où la ville et la métropole excellent. C’est souvent connu au national et paradoxalement aussi souvent méconnu au local. Les collectivités territoriales seraient bien inspirées de mettre des projecteurs sur cette foule d’initiatives, d’innovations, de créations qui construisent l’avenir sans avoir l’air d’y toucher. « Le véritable voyage ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, disait Marcel Proust, mais à avoir de nouveaux yeux. ». Il faut aider les Marseillais à les ouvrir en grand.
Et si Marseille était visée
La tuerie de Christchurch en Nouvelle Zélande peut-elle avoir lieu à Marseille. Les autorités ont la réponse depuis 2017. Ils avaient arrêté un certain Logan Nisin qui projetait de s’en prendre à des lieux de culte, au marché aux puces et aux commerces de kebabs. Comme Brenton Tarrant, le suprématiste Anders Behring Breivik qui a tué 77 personnes en juillet 2011 en Norvège, était pour lui une référence et un modèle. On aurait tort de négliger ce danger. Il y a des officines qui ont pignon sur rue à Marseille et à Aix et qui nourrissent une haine sans borne envers les immigrés et les musulmans tout particulièrement. Nisin appartenait à une organisation appelait OAS. Au début des années 60 elle a sévi avec des attentats en Algérie bien sûr mais aussi en métropole. Pour la contrer certains gaullistes avaient créé le SAC (Service d’Action Civique). Certains de ses membres se sont entretués dans la région, à Auriol, n’épargnant ni femme ni enfant. Il y a ici et maintenant des individus qui ne cessent de bégayer les pages les plus sombres de notre histoire.
Pour une surprise…
On a appris cette semaine que Benjamin Cauchy, Gilet Jaune de Toulouse rejoignait la liste de Debout la France (Dupont Aignan) aux élections européennes. Il suit ainsi la trace du Vauclusien Chalençon candidat lui sur une liste estampillée GJ. Ce n’est une surprise que pour quelques naïfs qui estiment encore que le mouvement né en novembre a sa singularité et qu’il est indépendant des partis traditionnels. Cauchy sur une chaîne d’info continue a précisé qu’il avait des relais à Marseille et que sa mouvance allait faire tâche d’huile. Il a raison mais lui qui a voté Marine Le Pen à la présidentielle devrait préciser qu’il n’est pas tombé de la dernière pluie comme ceux qui le suivent en Provence ou ailleurs. Il est issu de l’UNI le syndicat classé très droite et particulièrement implanté dans les facultés de droit. Il est passé encore par la case UMP et a quitté ce parti qui ne lui a pas fait sans doute la place que son talent méritait. Il est peut-être temps d’en finir avec ces faux-nez qui se sont glissés dans le mouvement des Gilets Jaunes, les manipulent et se démasquent à la veille d’un scrutin électoral. En Afrique, sur les hauts plateaux cet animal existe. On l’appelle le pique-bœuf car il débarrasse les gnous ou les buffles des parasites qui les accablent. Dans nos bois, il y a une version plus chantante de cet oiseau : le coucou. Il se niche dans le nid des autres et les chasse après.
Guerre de position
Les colleurs d’affiche de Bruno Gilles (LR) ont abandonné leur fief traditionnel du 5ème arrondissement pour prendre d’assaut tout ce qui est panneaux d’affichage dans d’autres arrondissements. Ces espaces sont en principe mis en place pour les prochaines européennes mais il n’est visiblement plus temps d’attendre pour le sénateur des Bouches-du-Rhône candidat à la mairie de Marseille. On reste dubitatif sur une telle dépense. A moins que l’élu, après avoir enregistré avec satisfaction qu’un sondage le donnait favori dans la course au fauteuil municipal, n’ait pris conscience d’un sérieux déficit de notoriété. Il est vrai qu’arriver en tête d’une hypothèse où les concurrents ne sont pas encore clairement désignés reste sérieusement ténu pour construire une ambition. Bruno Gilles est connu dans les quartiers où il a labouré comme le disent les tenants d’une politique de serrage de main. Ailleurs il est à l’ombre de Gaudin, Muselier et Vassal. Autre écueil à franchir : à droite Martine Vassal continue pendant ce temps-là, comme son ami Renaud Muselier, à avancer masquée, derrière des perspectives métropolitaines, ou pour le président de Provence Alpes Côte d’Azur, régionales. Mme Vassal mobilise tout ce que Marseille compte d’entreprenant, de créatif, de disruptif pour faire le dessin d’un projet. Son dessein peut attendre. Son destin reste à venir. Celui de Bruno Gilles est-il encore d’actualité ?
Trop de deux roues tue…
Le chauffeur de taxi est excédé. « Ces trottinettes c’est une catastrophe ». Il fallait s’y attendre. Le succès de ces deux-roues électriques est phénoménal à Marseille particulièrement. En solitaire ou en amoureux ils filent sur les quais, les rues, les trottoirs. La règlementation étant marquée par un flou abyssal, les pratiquants ne respectent rien. Or ces engins vont assez vite pour provoquer des accidents. Dommage car bien maîtrisé le développement de ce moyen de transport ouvrirait des perspectives intéressantes dans une ville ultra polluée et où la place des véhicules non polluants reste à faire. C’est compliqué certes d’imposer, un casque et des protections pour les mains les coudes et les genoux sans prendre le risque de détourner les piétons de ces deux roues miraculeuses. A ceux qui ont la charge la circulation en ville, de plancher avant que les urgences ne passent au rouge… comme les trottinettes.