Que d’eau, que d’eau
Stéphane Mari et Nathalie Pigamo siègent dans l’opposition à Jean-Claude Gaudin à Aix-Marseille Provence. Ils ont provoqué l’ire froide du « vieux renard argenté », comme on appelait naguère en Corse un autre sénateur Jean-Paul de Rocca Serra, en raison de la couleur de sa toison. Le président de la métropole n’a pas aimé, lors du débat sur le budget 2017, que ces deux insolents viennent lui chercher des poux à propos du parking Longchamp. « Il n’y a pas de débat » a-t-il tranché, à la manière d’un Manuel Valls interrogé sur l’aéroport de Notre-Dame des Landes en Loire Atlantique. C’est peu faire cas des opposants au projet qui affrontent régulièrement, au moins verbalement, le maire de secteur (4-5) Bruno Gilles. Mais Gaudin a peut-être dans la manche un atout maître. La société des eaux de Marseille (SEM) vient d’enregistrer pour son dernier exercice un bénéfice net de 14,2 millions d’euros, au lieu des 4,8 prévisibles. De quoi aider à l’édification du parking estimé à 8 millions d’euros. Ce serait justice pour au moins deux raisons. Primo les Marseillais en payant leurs factures d’eau participent à la bonne santé de la SEM. Secundo, le très napoléonien (troisième du nom) palais Longchamp, a été inauguré en 1869, pour célébrer l’arrivée de l’eau de la Durance à Marseille. Une eau courante qui a fait le bonheur de ceux qui ont à la gérer, en espèces sonnantes et trébuchantes.
La réalité de l’après-présidentielle… déjà
On l’a compris, lors du premier débat des primaires de la Droite républicaine, un des dossiers lourds à faire passer – comme à digérer – sera la suppression massive de fonctionnaires qui grèvent, depuis trop longtemps selon les candidats à la magistrature suprême, le budget de l’Etat. On sait d’ores et déjà qu’aucun d’entre eux ne touchera – tenant compte des erreurs passées – aux effectifs consacrés au maintien de l’ordre, à l’armée ou encore à l’éducation. On regarde donc en toute logique vers les collectivités territoriales qui, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, sont dans le rouge depuis plusieurs décennies dans le domaine. Lors de la récente assemblée d’Aix-Marseille Provence, on a assisté à un pas de tango qui mériterait une participation à Danse avec les stars de la part du sénateur maire de Marseille. On avait imprudemment avancé le chiffre de 267 suppressions d’emplois dans la logique des regroupements de services provoqués par l’avènement de la métropole. Gaudin a corrigé. Ce ne sera que 80 car, a-t-il éclairé l’assistance, « on n’avait pas pris en compte les compétences gérées par les communes pour le compte de la métropole ». Et vous allez voir qu’il y a des sites d’investigation qui vont encore aller vérifier tout ça. A moins que ce ne soit la cour régionale des comptes ? Misère.
Vous aimez l’extrême
Quelques naïfs découvrent, avec effarement, les comportements pour le moins brutaux de l’extrême droite aux affaires. A Béziers les délires de Robert Ménard commencent sérieusement à incommoder , si l’on en croit la presse locale – bien évidemment stipendiée par le maire qui a oublié qu’il a fait carrière à la défendre avec Reporters sans frontières – qui rapporte chacune de ses lubies anti-immigration. A Cogolin, le maire FN est plutôt dans le registre des affaires entre amis en s’en prenant à des biens publics qu’il cède au privé comme la maison Cellier qui a longtemps abrité un joli petit musée. Il veut en faire un hôtel. Enfin à Marseille, Stéphane Ravier manifeste son pouvoir absolu en rabrouant toute opposition poussant ses ennemis de l’intérieur à la démission comme récemment deux adjoints. Partout les mêmes méthodes et les mêmes passages en force. Circulez y a rien à voir. Les gars de la Marine adorent faire des vagues et qu’importe si la démocratie reste sur le sable…
Saint-Charles grimpe les marches
La gare mythique de Marseille connait une belle renaissance. On y trouve un piano pour les amateurs qui veulent par exemple jouer au piano « j’entends siffler le train ». Une drôle de machine qui permet de recharger en pédalant son portable. Un joli restaurant aussi ouvert par Charlotte Bensoussan après celui du Dock des suds. Un concept du reste puisqu’elle propose des conserves mettant en valeur les produits régionaux et des formules qui permettent à des prix raisonnables de les déguster. Tout cela va dans le bon sens puisqu’on nous annonce pour les années 20 une super-gare avec le doublement de la capacité actuelle dans les entrailles de Saint Charles. Bon, il reste encore à caler deux ou trois choses en surface comme les mœurs commerciales des taxis qui ne s’améliorent pas. Une saynète nous a amusés cette semaine où des voyageurs tentaient de trouver la voiture qui daignerait les prendre. Ils la trouvèrent en troisième position mais durent attendre que celui qui était en tête de file trouve des clients à sa convenance. C’est sûr qu’on peut mieux faire…
Jean-Paul choque les laïques
Nos élus ont inauguré en grandes pompes l’esplanade magnifique qui prolonge le parvis de la Major. Un site d’information s’insurge de la publicité ainsi faite à l’église dans une république laïque en baptisant l’espace Jean-Paul II. Une longue expérience d’observateur à Marseille nous amène à rappeler que de gauche comme de droite les élus n’ont jamais boudé leurs devoirs de bons chrétiens, les autres religions n’étant pas boudé pour autant puisqu’une association les rassemble dans un bel œcuménisme. Ainsi va notre bonne ville. Il est malvenu par exemple de manquer la bénédiction des fameuses navettes de Saint Victor. Et du marxiste le plus convaincu au libéral le plus militant, ils sont nombreux à avoir au cours des décennies participé à cette cérémonie. Il en est un autre événement local du reste qu’il est habile de soutenir, le Mondial de la Marseillaise. Son pape se nomme Michel Montana et même s’il agit d’une autre chapelle, on voit mal comment on résisterait à son charisme. Cela permet à un quotidien communiste de survivre malgré des ventes en perdition et à une tradition unanimement partagée de se perpétuer. Pas de quoi avoir les boules !
Le bon tour de Marseille
La grande boucle aura une drôle de forme cette année. Le nord et l’ouest de la France y seront totalement absents malgré une tradition cycliste avérée dans ces belles régions. Les puristes font la gueule, mais Marseille n’a pas à se plaindre. Le tour de France fera escale à quelques heures de l’arrivée à Paris pour un contre la montre qui peut s’avérer décisif. Lorsque l’on sait que les images que diffusent les jours d’étapes France 2 frôlent la perfection, on ne peut que se réjouir de ce bon tour. La ville sera survolée pour la bonne cause et si sa télégénie peut faire oublier pendant quelques heures la mauvaise réputation qui colle à sa peau dans le sillage des faits divers sanglants personne ne viendra contester les milliers d’euros que la municipalité aura investi pour répondre favorablement aux organisateurs du plus populaire événement sportif de France. Ce 22 juillet 2017 sera a marqué d’une pierre blanche car de Biarritz à Calais et de Strasbourg à Perpignan ce sont des millions de paires d’yeux qui auront un regard tendre pour la ville et ses habitants.