Le « Sommet des deux rives, Forum de la Méditerranée » s’est clôturé lundi 24 juin en présence du président de la République Emmanuel Macron. A l’issue de deux journées d’échanges avec la société civile, dix Etats de la Méditerranée occidentale (l’Algérie, l’Espagne, la France, l’Italie, la Libye, Malte, le Maroc, la Mauritanie, le Portugal et la Tunisie) ont signé une déclaration commune publiée sur le site « France Diplomatie ». Sur une dizaine de pages, les ministres des Affaires étrangères présentent leurs « engagements pour une nouvelle ambition en Méditerranée ».
Les Etats présentent en préambule leur ambition générale et tirent comme constat : « nous avons pleine conscience de ce qui a été réalisé depuis un quart de siècle pour faire progresser la coopération et l’intégration en Méditerranée ». Ils déclarent ensuite : « nous avons aussi le sentiment que le moment est venu de donner à nos relations une nouvelle dynamique et impulsion en Méditerranée occidentale ». En conclusion ils affichent leur volonté d’apporter des réponses « qui doivent être communes et porter en elles, notamment, les nécessités de codéveloppement, de développement durable et de respect des droits de l’Homme ». Les engagements pris sont alors nombreux et divisés en cinq grands thèmes.
1. Jeunesse : une Méditerranée de la connaissance et de la mobilité
Les participants au Sommet souhaitent « permettre aux jeunes de devenir le moteur du changement dans la région ». Les pays veulent ainsi investir dans la formation initiale et tout au long de la vie. Des « parcours de classes méditerranéens » seront installés dans les écoles pour accorder une deuxième chance aux jeunes et favoriser l’égalité des chances. Un renforcement de l’apprentissage des langues et cultures va être instauré pour favoriser le respect, la compréhension, la solidarité et le sentiment d’appartenance à un espace commun. Les programmes d’échanges vont être renforcés en faveur d’une mobilité spatiale et sociale avec la mise en place de réseaux au sein des universités et de la société civile. « Nous souhaitons offrir les conditions nécessaires pour que la jeunesse des deux rives puisse se reconnaitre, se comprendre, se rapprocher et s’enrichir, dans le cadre d’un espace commun du savoir et de la connaissance » déclarent les ministres.
2. Une Méditerranée durable : un objectif zéro déchet et des faibles émissions carbones
En matière d’environnement les ministres mettent en avant deux objectifs : « zéro plastique en Méditerranée » et une diminution des émissions carbones. Ils déclarent : « nous nous engageons pour la protection de l’environnement et de la biodiversité ainsi que des écosystèmes terrestres et marins méditerranéens ». Les signataires s’engagent en faveur de l’utilisation d’énergies renouvelables vers une économie circulaire au travers d’un « pacte pour le développement durable ». Ce dernier passe aussi par un contrôle des émissions polluantes des navires en Méditerranée. Le tout se réalisera à partir d’une coopération régionale forte à travers notamment de la définition de critères pour une responsabilité sociale et environnementale méditerranéenne. Les engagements concernent aussi la création de « clusters maritimes », regroupement d’entreprises sur un territoire donné pour favoriser l’innovation.
3. Engagements pour une Méditerranée pluriculturelle
La déclaration commune des 10 Etats affirme sur le thème de la culture : « notre patrimoine doit être préservé, promu, servir de laboratoire de dynamisme régional ». Les Ministres s’engagent ainsi à promouvoir les instances de dialogue entre les pays du Nord et Sud de la Méditerranée comme les associations ou les plateformes d’échanges. Cela passe par un soutien aux différentes manifestations culturelles, sur le cinéma ou la musique par exemple, et sportives organisées en collaboration entre les deux rives. Plusieurs suggestions sont aussi émises comme l’instauration d’une journée mondiale de la Méditerranée et la « création d’un média de dimension méditerranéenne qui diffuserait des contenus culturels et de divertissement, élaborés collectivement ».
4. Une Méditerranée innovante, numérique et entrepreneuriale
Un autre domaine d’engagements pour les Etats signataires est l’innovation. Dans la déclaration commune ils expliquent : « nous voulons une Méditerranée inclusive et innovante favorisant le partage d’informations, de connaissances et de technologies entre les deux rives ». Parmi les propositions se trouve la volonté de rendre les administrations publiques totalement numériques et transparentes, de mettre en réseau les petites et moyennes entreprises des deux rives et la mise en place d’un « agenda méditerranéen du numérique » afin de faciliter les interactions entre les acteurs économiques. Les Ministres annoncent aussi rechercher à harmoniser les règles de commerce et de droit entre les Etats signataires grâce à des moyens modernes de paiement comme les technologies numériques.
5. Une Méditerranée des villes et ancrée dans ses territoires méditerranéens en collaboration
Le souhait du Sommet est de transformer à l’avenir les villes méditerranéennes en « laboratoires de la transition énergétique et de l’économie circulaire, verte et bleue ». Une plus grande coopération entre les collectivités locales et les ports est alors nécessaire. Un échange de bonnes pratiques va être développé grâce à des instituts de formation pour les élus locaux méditerranéens. Ces derniers vont être intégrés au dialogue 5+5 afin d’avoir une meilleure connaissance du territoire. Un réseau entre les maires et les responsables de collectivités va être développé.
L’ensemble de ces engagements s’accompagne à chaque fois de multiples projets que nous évoquerons dans le troisième volet de notre série.
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